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Dossier annuel caprins, Année 2022 - Perspectives 2023 - (Dossier économie de l'élevage - Mars 2023)

Dossier économie de l'élevage n° 538 - Mars 2023

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Circuits commerciaux Coûts de production Marchés Lait et viande Produits laitiers fermiers Revenu des éleveurs Caprin
En 2022, la production française de lait de chèvre a mieux que résisté aux vents contraires. La collecte a progressé dans les différents bassins de production. La sécheresse a impacté la pousse de l’herbe mais les fourrages récoltés au printemps et à l’automne, plutôt corrects en qualité, ont concouru à une bonne réponse des troupeaux. Ces résultats ont été atteints au prix de réformes de chèvres sévères par les éleveurs, motivées par des impératifs de maîtrise des coûts.

Amorcées en 2021, les hausses de charges se sont notablement amplifiées en 2022. La guerre en Ukraine a exacerbé les hausses des prix des matières premières énergétiques et agricoles une grande partie de l’année. L’IPAMPA lait de chèvre, qui constate l’évolution des prix des achats des élevages a ainsi progressé ainsi de 20% par rapport à 2021.

Le prix du lait payé aux livreurs a progressé modérément et moins vite que les charges. Les revenus moyens des éleveurs caprins ont ainsi baissé pour tous les systèmes de production livreurs en 2022. Les spécialisés fermiers, un peu moins sensibles à la conjoncture, voient aussi leurs résultats se dégrader selon les régions. Toutefois l’évolution de leurs revenus dépend assez fortement des possibilités de revalorisation de leurs produits auprès de leurs clients.

La production industrielle de fromages (+1%) a progressé moins vite que la collecte nationale (+2%). Les laiteries ont toutefois quasi maintenu leurs importations de produits de report et ainsi étoffé leurs stocks au 2nd semestre.

Ce relatif dynamisme doit être pondéré à la vue des principaux indicateurs de marché qui ne suivent plus tout à fait ceux de la production. L’export de fromages reste très dynamique, tandis que le segment de la RHD a poursuivi son rétablissement post-pandémique. En revanche, les ventes aux ménages ont subi les premiers effets de l’inflation, en particulier pour les produits haut de gamme, AOP et bio, qui enregistrent de plus fortes baisses, tandis que les MDD tirent leur épingle du jeu. La hausse des prix au détail influe sur le comportement des consommateurs dans un contexte de réduction de leur pouvoir d’achat.

2023 semble somme toute incertaine, aussi bien du côté de l’offre que de la demande. Malgré la baisse de cheptel, la production se maintient en début d’année et pourrait être encouragée par l’actuelle détente des charges et la hausse du prix du lait. Et l’érosion de la demande des consommateurs, contrainte par l’inflation, pourrait être compensée par le maintien des flux à l’export. Les effets seront sans doute différenciés selon les systèmes de production et les gammes de produits.