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Les pratiques de croisement laitier

Etude des troupeaux de 2002 à 2012

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Les bases de données enregistrées donnent une image des pratiques du croisement laitier. Longtemps peu répandu, il connaît aujourd'hui un intérêt croissant. Pour les éleveurs qui pratiquent le croisement de races de façon durable, les objectifs poursuivis et les pratiques ne sont pas uniformes.

 

 

 

 

La place du croisement laitier dans les accouplements

 

Le croisement laitier volontaire, dès l’IA première, est plus rare que le croisement laitier vu comme une solution pour pallier aux échecs de reproduction en race pure, lors des IA de retour. Très marginal et ponctuel au début de la décennie, il est devenu un peu moins rare, parfois majoritaire dans certains troupeaux. Il s’est diversifié et bénéficie d’une médiatisation appuyée sur des expériences locales d’éleveurs et sur des travaux scientifiques à l’étranger qui encourage son développement.

 

L’étude porte sur 20 000 troupeaux de plus de 30 vaches, en majorité prim’holstein à l’origine, qui pratiquent partiellement le croisement et pour lesquels des données et des performances sont enregistrées sur 10 ans, de 2002 à 2012. Ces troupeaux adhèrent au contrôle laitier et utilisent l’insémination (IA) comme mode principal de reproduction. La répartition des accouplements observée à partir des 29 millions d’IA enregistrées pour les 6 millions de vaches de ces troupeaux au cours de ces 10 années indique :

 
  • pour les IA premières (premier choix de l’éleveur) : 92,6% en race pure prim’holstein, 6,8 % en croisement avec des races à viande (croisement industriel), 0,6% en croisement avec une autre race laitière (croisement laitier).

 

 

  • pour l’ensemble des IA (avec changement d’option en cas d’échec aux premières IA) : 86,7% en race pure prim’holstein, 12,0 % en croisement avec des races à viande (croisement industriel), 1,3% en croisement avec une autre race laitière (croisement laitier).
 

 

 

Les stratégies suivies dans les troupeaux qui pratiquent le croisement laitier

 

Le croisement laitier des troupeaux à l’origine prim’holstein  qui consiste à « mélanger » les gènes d’individus de races différentes apparait en France comme un « mélange » de formules réunissant les différentes races laitières. Différentes chemins sont possibles pour bénéficier de l’hétérosis et pour réunir les atouts de races laitières de profils variés, tout en conservant un objectif plus ou moins affirmé de production. 

 

Afin d’identifier les élevages où se pratique le croisement laitier volontaire, une recherche des  troupeaux qui pratiquent au moins 10% de croisement laitier dès la première insémination sur au moins deux campagnes a permis de détecter seulement 305 exploitations. Elles regroupent sur les 10 années 41 000 vaches, parmi lesquelles 5 149 sont des croisées de première génération F1, et 2 155 des croisées de 2ème génération. A noter que 75% des femelles croisées nées dans ces troupeaux sont conservées pour reproduction.

Cinq groupes d’élevages attestant des stratégies différentes vis-à-vis du croisement laitier ont été distingués :
1. Croisement d’amélioration avec une autre race laitière (montbéliarde ou brune) en première génération, avec retour à la race prim’holstein. La complémentarité de la nouvelle race laitière (fertilité…) est recherchée ;
2. Croisement de transition ou d’absorption, en utilisant des taureaux d’une autre race laitière (montbéliarde, normande, brune) de haut niveau laitier. L’effet d’hétérosis est attendu, les atouts de la nouvelle race sont recherchés en portant attention à son niveau laitier ;

3. Croisement de transition pour les plus hautes productrices prim’holstein avec des taureaux d’une autre race laitière (montbéliarde, normande, brune, simmental). L’effet d’hétérosis est attendu, les atouts de la nouvelle race sont recherchées en préservant le niveau laitier du troupeau d’origine ;

4. Croisement trois voies : une autre race laitière est utilisée pour accoupler les vaches issues de la première étape de croisement. Cette stratégie apparait plus fréquente dans les dernières années de la décennie étudiée. Les races les plus souvent adoptées sont la montbéliarde, la brune et les rouges scandinaves et sont utilisées en alternance. Les études récentes sur l’intérêt du croisement, aux Etats-Unis, en Angleterre et en Irlande ont probablement encouragé cette voie. L’optimisation de l’effet d’hétérosis, mieux préservé par l’introduction d’une nouvelle race, est recherchée, ainsi que le cumul des atouts variés de races différentes ;

5. Croisement laitier sans schéma précis : cohabitent à la fois des croisements de vers une nouvelle race (en majorité) comme des retours à la prim’holstein. L’hypothèse est que dans ces troupeaux la perte de rendement laitier par vache a conduit à rééquilibrer le niveau de production avec des animaux plus marqués prim’holstein. Ces troupeaux travaillent le mélange à deux niveaux : ils sont composés d’animaux croisés et de profils raciaux différents.

 

 

 

 

Source : Charlotte Dezetter, Evaluation de l'intérêt du croisement entre races bovines laitières, 2015. Thèse de doctorat Oniris-Ecole nationale vétérinaire agroalimentaire et de l'alimentation Nantes-Atlantique. 225 pp.

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