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Un équilibre trouvé pour l'insémination en semence sexée

Le point sur la semence sexée en 2018

Publié le par Pascale Le Mezec (Institut de l'Elevage)
L'insémination en semence sexée est intégrée dans la conduite du renouvellement pour la moitié des troupeaux laitiers. Le recours est divers selon les races (41% en jersiaise, 4% en pie-rouge), la parité (34% sur génisses, 6% sur vaches), et les régions (23% en Bourgogne-Franche-Comté, 9% en Bretagne). En troupeau allaitant, l'insémination est minoritaire et l'utilisation de semence sexée ponctuelle, mais en croissance, sauf en race salers où elle est répandue pour les génisses.

 

 

La part d'IA sexées se maintient autour de 8% des inséminations alors que le nombre d'inséminations totales diminue

 

Après le pic atteint en 2015, l'activité insémination en semence sexée a diminué en même temps de le nombre de femelles inséminées. En 2018, on a enregistré 522 939 IA, soit 7,6% de l'activité IA totale. Le nombre d'IA sexées a baissé (-6,4% par rapport à 2017, -15% par rapport à 2015), en même temps que l'activité insémination (-1,9% par rapport à 2017 -5% par rapport à 2015).

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Pourtant, nombre de taureaux sont maintenant disponibles en semence sexée, ce n'est donc pas le facteur limitant. Souvent, dans les plans d'accouplements des troupeaux laitiers, l'utilisation de semence sexée est associée au croisement viande permis grâce à l'assurance d'obtenir assez de femelles de renouvellement. En 2014 et 2015, les éleveurs pouvaient compenser le surcoût des doses de semence sexée par la vente de veaux croisés, dont les cours étaient alors élevés, ce qui n'est plus le cas maintenant. Les éleveurs ont probablement trouvé un point d'équilibre technique et économique pour réaliser leur plan d'accouplement. 

 

522 939 IA sexées ont été enregistrées pour l'année 2018 en France, toutes races de taureaux d'IA confondues. 96% des femelles inséminées en semence sexée sont des femelles laitières

 

Parmi ces inséminations, 408 163 sont des IA premières en semence sexée (11% de l'ensemble des IAP). Presque toutes les EMP remontent maintenant l’information semence sexée, et les éleveurs inséminant dans leur troupeau (IPE) signalent 20 000 IAP sexées, soit 5% de leurs IAP enregistrées. Pour eux, c'est moins qu'en 2017 bien que leur activité globale soit croissante.


 

 

Des inséminations avec semence sexée sont enregistrées pour 2 452 taureaux d’IA appartenant à 33 races, dont 210 en ont réalisé plus de 1 000. En race prim’holstein, 80% des IA sexées sont réalisées par des taureaux de programmes français, et 20% par des taureaux provenant du marché étranger. Côté femelles, des IA sexées sont réalisées dans 28 races de vaches, et on note en particulier plus de 13 000 femelles croisées inséminées en semence sexée.

 

 

Selon les régions, les systèmes de production et les races, les situations différent

 

Toutes les races de vaches ne sont pas uniformément réparties dans les campagnes et cela influe sur le recours à la semence sexée. Dans une partie de la Franche-Comté, où la race montbéliarde domine et où le marché des femelles est toujours porteur, 40% de génisses et 30% des vaches sont inséminées en semence sexée. Dans le sud du Massif central, 40% des génisses montbéliardes inséminées en semence sexée assurent l'essentiel du renouvellement en race pure, tandis que la majorité des vaches sont inséminées en croisement viande pour faire naître des veaux à destination de l'Italie. Dans le Nord et dans l'ouest de la Normandie, 40 à 50% de génisses sont inséminées en semence sexée.


 

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34% des génisses laitières inséminées en semence sexée

 

L’utilisation de la semence sexée diffère selon les races et selon la parité. Elle cible davantage les génisses, plus du tiers d'entre elles dans certaines races. C’est variable pour les vaches selon les races : là où la fertilité des vaches est plus faible et leurs risques de vêlages difficiles peu élevés, comme en prim’holstein, moins de 3 % des vaches sont inséminées en semence sexée. Là où la fertilité est plutôt assurée, et où les vêlages sont moins faciles, comme en montbéliarde, près de 15% des vaches sont inséminées. En race jersiaise où la naissance d’un mâle n’est pas souhaitée, 56% des génisses et 40% des vaches sont inséminées avec de la semence sexée.

En races allaitantes, on constate en 2018 une petite croissance du recours à la semence sexée :2,8% des 527 000 femelles inséminées le sont avec de la semence sexée, et pour 19% d’entre elles avec de la semence sexée mâle. La salers se distingue avec plus de 20% des génisses inséminées en semence sexée femelle, dans une situation où la part du croisement est importante. La semence sexée apparaît dans ce cas comme un outil de gestion du renouvellement du troupeau.

 

 

Près de 50% des éleveurs laitiers utilisent la semence sexée

 

35 600 élevages inséminent au moins partiellement en semence sexée, et la plupart sont des élevages laitiers.

 

Les éleveurs laitiers adeptes de la semence sexée ont en moyenne des troupeaux de plus grande taille (73 IAP, contre 53 en moyenne pour l'ensemble des troupeaux).

Dans les grands troupeaux (plus de 100 femelles inséminées), la proportion d'IAP sexées est 14%, alors que dans les troupeaux modestes (moins de 40 femelles inséminées), elle est de 8% en moyenne.

 

 

91% de petites génisses (et 9% de veaux mâles) naissent après des IA sexées réussies

 

Globalement, les naissances suivant des IA fécondantes en semence sexée codée 2 () donnent 91% de femelles, dans toutes les races, et 221 500 veaux nés en 2018 étaient issus d’une IA déclarée sexée femelle (réalisée en 2017). En race charolaise, parmi les 2 053 veaux nés d’une IA sexée contenant des spermatozoïdes Y, 90% sont des mâles.

 

 

Les taux de non retour restent inférieurs de 10-15% en semence sexée

 

En 2018, l’écart de taux de non retour entre IA sexées et conventionnelles varie de -10 à -15% selon les races, même sur génisses. Cet écart est calculé ici seulement pour les taureaux diffusés à la fois en semence sexée et en semence conventionnelle.

Pour une meilleure chance de réussite, il faut préférer les génisses, plus fertiles, pour la mise en place de semence sexée, d'autant que les naissances de femelles présentent pour elles moins de risques de vêlages difficiles.