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Boucles RFID UHF, une solution pour suivre la fréquentation individuelle de zones d'intérêt

Identification électronique des bovins

Publié le par Sébastien Duroy (Institut de l'Elevage), Uranie Jean-Louis (Institut de l'Elevage), Jérémy Douhay (Institut de l'Elevage - Ferme Expérimentale de Jalogny), Manuel Tourtier (AGESEM), Charlotte Bagnard
L’identification électronique UHF (RFID UHF) déjà utilisée dans de nombreux domaines d’activité est en cours de normalisation auprès de l’ISO pour l’identification des animaux. Bientôt elle offrira une nouvelle option pour identifier électroniquement les animaux de rente. De plus en plus utilisée ces dernières années pour des projets bovins, cet article présente pourquoi et comment la RFID UHF a permis de suivre la fréquentation à l’abreuvoir des vaches au pâturage, l’accès des veaux de boucherie à l’extérieur ou encore l’utilisation des brosses par les vaches laitières.

Pourquoi utiliser la technologie RFID Ultra Haute Fréquence ?

  • Distance de lecture : jusqu’à 6 mètres
  • Pas de contrainte de contention : la distance de lecture est suffisament importante pour détecter l’animal et capter son n° de boucle sans le contraindre à passer dans un couloir ou une cage individuelle. Son usage est compatible avec une lecture en stabulation libre et au pâturage.
  • Facilité et souplesse d’installation : avec une lecture possible à plusieurs mètres, les antennes peuvent être installées hors d’atteinte des animaux sans protection particulière.
  • Coût limité : la boucle auriculaire UHF n’est pas un capteur. C’est une étiquette passive (sans batterie et peu coûteuse) qui n’émet un signal que si elle est (télé)alimentée par le champ de l’antenne. Il est donc possible d’équiper beaucoup d’animaux, voire le troupeau entier si nécessaire.

Les dispositifs de lecture RFID UHF utilisés sont connectés à internet (réseau filaire ou 4G). Ils envoient les données en temps réel vers une base déportée.

Toutes ces caractéristiques permettent de répondre à de multiples cas d’usage.

Vaches allaitantes

Fréquentation de l’abreuvoir au pâturage

9 vaches ont été équipées de boucles UHF à la ferme expérimentale de Jalogny (71) dans le cadre du projet Go Meat. Elles ont été suivies au pâturage de mai à juillet 2022.

Le champ de l’antenne UHF positionnée en hauteur couvre entièrement la zone abreuvoir. Elle permet de détecter la présence des animaux et de mesurer le temps passé à proximité de l’abreuvoir.
 

3 passages quotidiens à l’abreuvoir

3 pics de fréquentation assez marqués ont été mis en évidence autour de 7h00, 13h00 et 19h00 sur l’ensemble de la période (graphique ci-contre). L’analyse des données a montré également que les animaux ne fréquentent généralement pas pas l’abreuvoir en pleine nuit (très peu de détections de 22h à 5h).

Surveillance et alertes automatiques

Les animaux étant lus à l’abreuvoir plusieurs fois par jour, la base de données est en mesure d’avertir automatiquement l’éleveur au cas où un animal n’aurait pas été détecté au cours des N dernières heures (N = nombre d’heures paramétrables par l’utilisateur). 
A défaut de remplacer une observation visuelle des animaux, ce dispositif apporte une information minimale de surveillance du troupeau, en confirmant régulièrement la présence de chaque animal dans la zone d’abreuvement.

Fréquentation de l'abreuvoir et conditions météos

Le suivi en continu sur 3 mois a permis d’analyser la relation entre les durées cumulées de présence dans la zone abreuvoir et les données de température et de pluviométrie.

Sans surprise, le temps passé par les animaux est significativement supérieur les jours sans pluie. De même, les durées de fréquentation cumulées suivent une évolution comparable à celle des températures maximales sur la période de suivi (graphique ci-contre).

Veaux de boucherie

Accès à une courette et mesure du temps passé à l’extérieur

Dans le cadre du projet CASDAR Renouveau, un essai visant à tester l’accès libre à l’extérieur des animaux a été mené au Rheu à la station de l’AGESEM entre 2020 et 2022.

4 lots de 25 veaux élevés en salle collective ont ainsi été suivis pendant toute la durée de l’engraissement. Les veaux avaient accès 24h/24h à une courette extérieure directement accessible depuis l’intérieur du bâtiment.
 

Choisies pour leurs grandes distances de lecture et la facilité d’installation, des antennes RFID UHF ont été positionnées au-dessus la porte de sortie.

Deux champs de lecture distincts ont permis de couvrir entièrement la zone d’accès, côté intérieur et côté extérieur. 

Sur les 4 lots suivis au cours du projet, les observations ont montré que  :

  • plus les veaux grandissent et plus ils passent de temps dehors,
  • en début d’engraissement, les veaux ont tendance à sortir de manière individuelle, et de façon plutôt groupée à mesure que l’engraissement avance,
  • en période hivernale, les veaux ont passé environ 1/4 de leur temps dehors, tandis qu’en période estivale le temps passé à l’extérieur augmente pour atteindre environ 1/3 du temps,
  • enfin, la qualité de la litière a joué nettement sur la sortie des veaux. Ces derniers passaient plus de temps à l’intérieur après le renouvellement de la litière. A l’inverse, le temps passé à l’extérieur augmentait à mesure de la dégradation de la litière. 

Vaches laitières

Utilisation des brosses, un indicateur de bien-être animal ?

C’est l’objet du projet FAM B&B « Brosses et Bien-être » conduit actuellement par IDELE en collaboration avec la ferme expérimentale de Derval. La première étape a consisté à mettre en place un dispositif permettant d’objectiver individuellement l’utilisation des brosses par les vaches.

Un accéléromètre a été positionné sur la brosse pour détecter son déclenchement et enregistrer ses mouvements. Des antennes RFID UHF ont été positionnées de manière à couvrir assez largement la zone autour de la brosse et capter le numéro de l’animal qui actionnait la brosse.
 

Malgré un positionnement des antennes assez éloigné, la lecture des boucles UHF est resté bonne.

En revanche, compte-tenu de la densité importante d’animaux potentiellement présents (et éventuellement en mouvement) à proximité de brosse, la difficulté a consisté à relier les séquences « accéléromètre » (fonctionnement de la brosse) avec le numéro des animaux ayant effectivement déclenché la brosse.
Pour cela, les données de lecture ont dû être filtrées de manière à pouvoir analyser des événements de brossage non-ambigüs et limiter le nombre de faux positifs. Le traitement est actuellement en cours.