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Prise en main des clôtures virtuelles pour la gestion du pâturage

Publié le par Amélie Fischer (Institut de l'Elevage), Adrien Lebreton (Institut de l'Elevage), Laurence Depuille (Institut de l'Elevage), Estelle Nicolas (Institut de l'Elevage)
Utiliser les nouvelles technologies et la capacité d'apprentissage des animaux au service du pâturage. Comment fonctionnent les clôtures virtuelles? Quels impacts sur les performances des élevages ?

Comment fonctionnent les clôtures virtuelles ?

Le principe général

L'objectif de la clôture virtuelle est identique à celui d'une clôture physique, il s'agit de contenir l'animal dans les limites d'une parcelle.

Dans le cas de la clôture virtuelle, les animaux sont équipés d’un collier gps relié au réseau satellitaire pour acquérir la géolocalisation de chaque animal équipé et de la limite du paddock. Une application smartphone communique avec les colliers et assure l'affichage des données de localisation et la gestion de la limite virtuelle.

Si un animal est proche de la limite virtuelle, il est prévenu par une mélodie ou une vibration diffusée par le collier. 

Si l’animal persiste à se rapprocher de la limite, la mélodie est complétée par un premier stimulus électrique qui doit l'inciter à rester dans le paddock. Malgré ces séquences avertissement - stimulus électrique (dépendant du constructeur), si l'animal franchit largement la limite virtuelle, alors le capteur se met en veille, continue à géolocaliser l'animal et avertit l’éleveur de la fuite de l’animal par notification ou SMS.

Dès que l’animal revient dans la zone délimitée, le collier se réactive.

D'abord un avertissement sonore ou vibreur, ensuite si l'animal continue de franchir la limite virtuelle, un stimulus électrique

    Le matériel à installer

    Le capteur porté par chaque animal

    Le collier est composé d'une sangle et d'un boîtier constitué :

    • d'une batterie
    • d'un récepteur GPS
    • et en complément selon les marques :
      • d'un récepteur Bluetooth : peut désactiver le GPS lorsque les animaux sont en bâtiment pour économiser la batterie.
      • de panneau solaire : alimente la batterie
      • d'un accéléromètre : propose des services complémentaires basés sur le comportement des animaux (détection des chaleurs, mises bas, problèmes de santé...)

    Ci-dessous l'exemple du capteur développé par l'entreprise NoFence (Norvège), qui a été utilisé dans le cadre des essais réalisés dans ce dossier.

    Et en complément (selon la marque) : une antenne GPS.

    Les capteurs qui n'utilisent pas le réseau GPS satellitaire requièrent l'installation d'une antenne qui fera office de réseau local pour la géolocalisation.

     

    Procédure pas à pas depuis l'installation à l'utilisation en routine

    En amont de l'installation sur les animaux

    • Etape 1 : Vérifier le niveau de chargement des batteries si elles sont rechargeables
    • Etape 2 : Tracer les paddocks sur l'application de gestion des clôtures virtuelles
    • Etape 3 : Vérifier que les capteurs sont inactifs

    Le jour de l'installation, 2-3 jours avant de sortir les animaux

    • Etape 4 : Equiper chaque animal d'un capteur en adaptant la longueur de la sangle au gabarit de l'animal
    • Etape 5 : Associer le numéro du capteur à celui de l'animal
    • Etape 6 : Activer les colliers en mode "géolocalisation" uniquement
    • Etape 7: Vérifier que les capteurs géolocalisent

    Le jour de mise au pâturage

    • Etape 8 : Associer à chaque paddock les animaux qui y pâtureront
    • Etape 9 : Amener les animaux équipés dans le paddock
    • Etape 10 : Libérer les animaux dans le paddock et activer les colliers

    Pour en savoir plus sur le fonctionnement de l'application : NoFence

    Les premiers jours : c'est la phase d'apprentissage des animaux

    Les animaux ont besoin de quelques heures voire quelques jours d'adaptation pour s'approprier le dispositif. A cet effet, chaque constructeur propose un protocole d'apprentissage pour aider les animaux à comprendre le dispositif. Vous trouverez ci-dessous le protocole que nous avons réalisé :

    Les tâches du quotidien

    • Surveiller les animaux depuis l'appli du téléphone : sont-ils bien localisés dans le bon paddock ?
    • Gérer les alertes "avertissement" et "électriques" de franchissement de limite virtuelle : y a-t-il eu des échappés ? si oui, les échappés sont-ils revenus dans le paddock ?
    • Surveiller le taux de charge des colliers

    Les cas particuliers :

    • Changement de paddock, comment s'y prendre ?

      Dans tous les cas, il est préférable de saisir et d'enregistrer l'ensemble des paddocks prévus pour la saison de pâturage sur l'application de gestion des clôtures virtuelles. Ensuite, plusieurs options sont possibles :

      1. Si le constructeur propose une gestion automatisée de changement de paddock : il suffit de valider le nouveau paddock et le moment de changement de paddock. L'outil gère le changement tout seul.

      2. Si le constructeur ne propose pas cette option, vous créez un paddock dont les limites sont celles de la somme des 2 paddocks; vous activez ce paddock pour changer de paddock; vous surveillez l'avancée du troupeau vers le nouveau paddock, et dès que tous les animaux sont dans le nouveau paddock, vous activez le nouveau paddock.

    • Intervenir sur un animal en particulier : comment s'y prendre ?
      1. Créer un paddock spécifique pour isoler l'animal dans la zone de contention
      2. Activer ce paddock uniquement pour l'animal en question
      3. Une fois sur le terrain, amener l'animal à la zone de contention, réaliser l'intervention
      4. Libérer l'animal et l'amener jusqu'à son paddock
      5. Réassocier le bon paddock à cet animal-là

     

    Quels impacts sur les performances techniques et économiques de mon système ?

    Ce dispositif innovant a  été testé dans 4 fermes expérimentales (Les Etablières et Saint-Hilaire-En-Woëvre en bovins allaitants, Derval en bovins laitiers et le Mourier en ovins viande).

    Des animaux qui apprennent vite et s'adaptent bien

    Même s'il existe une forte variabilité individuelle de l'interaction avec les clôtures virtuelles, les génisses et brebis s'adaptent bien au pâturage tournant dans ces conditions. En effet, les animaux apprennent rapidement à respecter les limites virtuelles et pâturent convenablement . Cet apprentissage est durable.

     

    Des échappées du lot entier uniquement en cas d'évènements perturbateurs violents

    Sur les 4 années de tests dans le réseau des Digifermes, seulement 2 échappées du troupeau entier ont eu lieu. Dans les deux cas, il s'agissait d'orages violents.

     

    Aucun effet ni sur la croissance des animaux, ni sur la pousse de l'herbe ni sur le comportement des animaux

    Lorsqu'un lot conduit en clôture virtuelle est comparé avec un lot conduit en clôture physique, la croissance des animaux gérés en clôtures virtuelles est équivalente à celle d'un lot d'animaux conduit en clôtures physiques.

    La pousse de l'herbe ainsi que l'herbe valorisée est identique entre une conduite en clôtures physiques et une conduite en clôtures virtuelles.

    Aucune différence de comportement n'est observée entre les deux conduites, concernant la durée de pâturage, de rumination ou de repos, .

    A venir

    • Tester ce dispositif dans un contexte plus extensif : l'ensemble des essais réalisés dans le réseau Digifermes® étaient dans un contexte de pâturage intensif. Ceci augmente naturellement le nombre d'interactions entre les animaux et la limite virtuelle.
    • Tester l'impact sur le travail (organisation et temps de travail) et l'impact économique de l'utilisation de la clôture virtuelle dans le système agricole.

    Et l'investissement financier alors ?

    Pour l'instant, le schéma commercial de ces entreprises n'est pas défini du fait de leur déploiement récent. Cette solution n'est pas encore commercialisée en France. A ce jour, il faut compter entre 250 et 350€ à l'unité, auquel s'ajoute un abonnement de quelques dizaine d'euros par animal nécessaire pour assurer la communication entre les capteurs et l'application sur le téléphone. Certaines marques proposent de la location de matériel ou même des options pour équiper plusieurs fermes en même temps pour réduire l'investissement initial. La stratégie commerciale et les prix s'affineront avec le déploiement de ces solutions à grande échelle.

     

    Pour aller plus loin sur les résultats d'essais sur les impacts des clôtures virtuelles sur les performances techniques et économiques, cliquez ici.

    Qu'en pensent les utilisateurs ?

    Ci-dessous une interview de 4 Digifermes® concernant les essais sur les clôtures virtuelles : 

    • Ferme expérimentale des Etablières
    • Ferme expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre
    • Ferme expérimentale de Derval
    • Ferme expérimentale du Mourier

    Où se procurer le matériel nécessaire ?

    Cette technologie n'a pour le moment aucun revendeur en France. L'ensemble des solutions commercialisées ont été développées à l'étranger, avec une seule entreprise européenne. Pour se procurer le matériel, la seule option existante aujourd'hui est donc de contacter directement l'entreprise.

    Voici quelques exemples de fabricants de solutions pour clôtures virtuelles : 

    Les 5 points à retenir...

    • Un outil fiable
    • Une prise en main facile pour les éleveurs
    • Des animaux qui apprennent rapidement
    • Aucun impact ni sur la croissance et le comportement journalier des animaux, ni sur la pousse de l'herbe
    • Un coût qui reste prohibitif pour le moment: le modèle économique reste à définir

    Pour aller plus loin...

    Si vous souhaitez avoir plus de détails sur les résultats de la phase d'apprentissage, sur les effets sur la croissance des animaux, pousse de l'herbe, sur les différences de comportement entre animaux, venez consulter le deuxième article : Pour aller plus loin dans les essais menés sur les clôtures virtuelles