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L'entretien mécanisé ou automatisé du couchage

LES TEMPS FORTS DE LA BIENNALE DES CBE – LE LIORAN – JUIN 2018

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Ce sujet a été traité lors de la biennale à l’occasion d’un atelier sur la mécanisation de l’entretien du couchage avec du matériel différent des pailleuses traditionnelles tractées. Il a été illustré par les visites de 3 élevages, complétées par une exposition avec des fournisseurs d’automate de paillage.

 

 

 

Mécanisation du paillage des aires paillées


Automoteurs sur roues : l’exemple du GAEC Reconnu Pelissier (voir encadré ci-dessous) a fait l’objet d’une discussion sur l’adaptation des bâtiments équipés de ce type d’automoteur. Dans ce cas, l’accès à chaque lot se fait depuis l’extérieur par des portes situées sur les longs pans à ouverture manuelle. Des portes à ouverture automatique seraient plus adaptées mais plus coûteuses. Avec ce type de matériel, il est nécessaire de bien réfléchir au circuit de l’automoteur. La conception avec des cases à veau à l’arrière semble plus adaptée pour passer sur les aires paillées des vaches dans la longueur du bâtiment à partir des portails des pignons déjà en place, pour les accès des animaux et du tracteur pour le curage. Dans ce cas, le paillage des cases à veaux se fait en longeant les aires paillées des vaches. De manière générale, les ouvertures et fermetures des barrières font perdre du temps.

 

 

GAEC RECONNU PELISSIER – La Védrine – 15100 COREN


L’élevage conduit 140 vaches allaitantes de race Aubrac, avec le renouvellement et la vente de broutards. Le nouveau bâtiment mis en service en 2016 est dimensionné pour 96 places en 4 lots de 28 VA sur aires paillées (8,5 m²/VA) + aire d’exercice sur caillebotis (3 m²/VA). Les cases à veaux paillées sont positionnées entre les lots (2,1 m²/veau) avec 4 boxes d’isolement (17,5 m²/box). Le paillage quotidien des 4 lots et des cases à veaux dure 30 minutes avec une automotrice CALVET pour bottes cubiques, d’un coût de l’ordre de 35 000 €.


Pailleuse suspendue sur rail pilotée soit en aérien ou télécommandée au sol : ces solutions sont très adaptées lorsque les barrières sont nombreuses, mais le coût est élevé, de l’ordre de 60 000 € voire plus. Les versions télécommandées au sol sont plus sécurisantes pour les éleveurs. La rentabilité de ce matériel est liée à la taille du troupeau.
 

Pailleuse suspendue télécommandée Pailleuse suspendue avec poste de pilotage

 

Il existe aussi des pailleuses suspendues sur pont roulant (déplacement latéral) multifonctions. La fonction initiale reste le paillage par éparpillement, sans poussières. Mais d’autres fonctions, initiées en ovins, puis en vaches allaitantes, comme tondre, déparasiter, traiter, inséminer… au cornadis pourraient se faire avec plus de sécurité par les éleveurs et intervenants. Affaire à suivre…

 

Mécanisation de l’entretien des logettes


Les vaches laitières doivent pouvoir trouver, en se couchant dans les logettes, une litière sèche, propre et confortable après la traite. Cela nécessite un entretien au moins 2 fois par jour et certains éleveurs le font plus souvent. Avec l’agrandissement des troupeaux, cette tâche peut devenir fastidieuse et pas toujours bien réalisée sur toutes les logettes. Par ailleurs, pour simplifier cette tâche, beaucoup d’éleveurs font des réglages trop serrés des logettes pour éviter que les vaches à petit gabarit ne bousent dans la logette. Cela n’est pas du tout favorable au confort de couchage des vaches à plus gros gabarit. Pour obtenir un entretien efficace et régulier jusqu’à la dernière logette, la mécanisation de cette tâche est à envisager et de nombreux matériels sont disponibles. Lors de l’atelier organisé à la biennale, une analyse des avantages et des limites de cette mécanisation a été discutée :

 

 

Avantages Limites

1- Diminution du temps de travail : le temps passé peut être réduit de plus de 75 % si la mécanisation concerne le nettoyage et l’apport des matériaux dans les logettes, aussi bien en conduite lisier qu’en conduite fumier.


2- Réduction de la pénibilité notamment en logettes paillées – même si d’autres solutions (comme la surélévation du couloir de paillage par rapport aux logettes) peuvent réduire la pénibilité.


3- Mécanisation =  tâche moins contraignante, moins salissante.


4- Mécanisation possible de plusieurs bâtiments proches.


5 - Réglage des logettes pour un confort optimal des vaches à gros gabarits et non sur un réglage sur les petits gabarits pour éviter les bouses à l’arrière des logettes.


6- Efficacité et régularité de l’entretien : la dernière logette est aussi bien nettoyée que la première. Lors de la mise en route de la mécanisation, le sol et les tapis mettent une quinzaine de jours à se « décrasser ».

 

 

1- L’entretien manuel peut se faire avec les animaux présents, c’est un moment de surveillance et d’observation du troupeau. Cela est plus compliqué avec un entretien mécanisé en présence d’animaux et cela perturbe le repos des animaux. Il faut choisir le moment le moins perturbant, ce qui est plus difficile en traite robotisée.


2- L’entretien manuel peut se faire au moment de rassembler les VL pour la traite – 2 choses en même temps = moins de perte de temps… mais avec quelle efficacité ? et en présence de peu de bouses = quelles fréquences ?


3- L’investissement représente un coût non négligeable mais très variable selon les conduites et les options techniques.


4- Attention au manque de polyvalence de certains matériels qui ne peuvent étaler qu’un seul type de matériau de litière. Les pratiques de paillage peuvent changer au fil du temps, pour raison sanitaire ou d’approvisionnement. Le matériel doit pouvoir étaler plusieurs types de matériau de litière.


5 – Choisir un matériel qui fasse peu de poussière (si paille) : contre-exemple lors de la visite du GAEC des Aubépines (cf. encadré p. 5).


6- Matériel d’entretien des logettes peut être bruyant ou dangereux (risque d’inflammation de la paille avec gaz d’échappement).


7- Le système fumier nécessite 2 équipements : un pour nettoyer, un pour pailler comme au GAEC des Aubépines (cf. encadré p. 5).


Durant l’atelier, trois sujets complémentaires ont été abordés :

 

  • La nécessité de disposer d’un garage propre pour le matériel en lien avec les couloirs et d’une réserve du matériau de litière proche et facile d’accès pour le matériel.

 

  • Le franchissement des marches au niveau des passages entre les rangées de logettes est à considérer. Cela ne pose pas de problème avec les caillebotis, mais avec les sols pleins, plusieurs solutions sont possibles :
    • réduire la hauteur des marches au moins sur le passage le plus proche du début du raclage (faible hauteur de déjection dans le racleur), voire de tous les passages : en augmentant la double pente à la confection ou en bisotant les angles pour les aménagements ;
    • passer par l’extérieur du bâtiment… si possible ;
    • installer des systèmes pour les franchir, type petits pont-levis rabattables sur un passage ;
    • choisir du matériel qui peut facilement les franchir : argument de certains fournisseurs.

 

  • L’entretien des logettes creuses (type mélange paille/chaux humidifié) : c’est une excellente solution pour le confort de couchage. Les réglages des logettes doivent être bien adaptés (position des bat-flancs, de l’arrêtoir, de la barre de cou, de la longueur de la logette en tenant compte de la bordure du seuil…). Leur entretien de l’arrière des logettes est plus difficile mais il semble possible de le mécaniser, comme c’est le cas dans l’élevage de « 1 000 vaches » dans la Somme. Cette expérience reste à décrire.


Enfin, il a été noté que la liste du matériel disponible sur le marché, diffusée à la biennale 2012 et établie en 2011 par le groupe interrégional des Chambres d’agriculture du grand Ouest, l’Institut de l’Élevage et le CRB de Bretagne, devait être réactualisée et complétée. Dans cette perspective, cette liste pourrait être mise en ligne sur l’espace collaboratif. Les retours des salons d’automne pourraient y être capitalisés.

 

 

GAEC Calmejane-Puech – Les Ventoux – 63410 VITRAC


L’élevage conduit un troupeau de 150 VL (130 Prim’Holstein et 20 Brunes des Alpes). Le bâtiment mis en service début 2014 concerne 125 VL en production conduites en zéro pâturage avec 2 robots de traite. Les 147 logettes en 4 rangs sont conduites en fumier avec environ 2 kg de paille hachée/VL/j. L’entretien des logettes se fait en plusieurs étapes :

  • Apport de paille (balles cubiques) tous les 10 jours (1 heure) avec une pailleuse ALTEC avec tapis élévateur, à partir du couloir central et après avoir écarté les VL présentes vers les autres couloirs.
 
  • Entretien 2 fois par jour (20 minutes) :
    • Brossage de l’arrière des logettes 2 fois par jour, avec un mini-tracteur d’occasion adapté par les éleveurs avec apport d’un asséchant biologique en micro-granulés ;
    • Paillage manuel à partir du stock.
 

 

GAEC des Aubépines – Orcières – 15260 NEUVEGLISE


L’élevage conduit un troupeau de 70 VL Montbéliardes et la suite. Les vaches en production disposent de 60 logettes en 3 rangs en conduite lisier / fumier (raclage au tracteur) entretenues 2 fois par jour, en 2 étapes :

  • Entretien manuel des seuils de logettes (10 min) ;
  • Paillage avec un automoteur VALMETAL hâche litière (10 min).

 

Suite à un début d’incendie, une plaque métallique de protection a été ajoutée entre le moteur et le stock de paille.

 

 

La robotisation du paillage


Durant la biennale, l'exposition de matériel et la présence d'entreprises avaient été ciblées sur la robotisation du paillage, ainsi que sur les robots de raclage sur sols pleins. Un premier recensement a permis d’identifier 7 fournisseurs (voir liste non exhaustive en page 7) dont 3 étaient présents à la biennale (Tardif-Vassal, GEA France et ALTEC). D’autres équipementiers y réfléchissent. Les élevages équipés sont peu nombreux, d’où l’intérêt de découvrir dès maintenant ces nouvelles options.

A ce titre, deux élevages ont été enquêtés par Jérôme MARY de la Chambre d’agriculture 44 dans le cadre du programme Sm@rt Elevage (voir BF n° 47) et on fait l’objet de posters présentés à la biennale :

 

  • Elevage de 110 vaches laitières. Le bâtiment des vaches laitières en production (logettes) est équipé du robot de paillage GEA (photo ci-dessous). Coût : 70 000 €, portiques compris installés par l’entreprise. Les motivations des éleveurs :
    • Maintien du paillage important des logettes à 10 kg/logette/jour en paille longue (propreté, confort des VL, dimensionnement réduit de la fumière) ;
    • Temps et pénibilité du travail : suite à un accident de travail, un des associés ne pouvait plus assurer cette tâche difficile (2 paillages par jour avec 1 botte big-ball par paillage). Elle était alors assurée par une seule personne. Gain de temps estimé à 1h30/j.

 

  • Elevage de 80 vaches P’Ho + suite : Paillage avec automate Stromathic avec double circuit pour logettes et aire paillée (photo ci-dessous). Coût : 72 000 € installé par les éleveurs. Les arguments des éleveurs :
    • Paillage des logettes des vaches en production (lisier) et de l’aire paillée des génisses et des vaches taries ;
    • Économie de paille : 1/3 pour l’aire paillée, plus difficile à estimer pour les logettes  (évolution déjections) ;
    • Temps de travail (avant = 45 min./j, paillage au tracteur) ;
    • Nature de l’énergie : avant paillage au tracteur ;
    • Aire paillée : plus de curage pendant l’hiver (4 mois).


D’autres élevages récemment équipés seront visités l’hiver prochain en lien avec les entreprises afin d’avoir des retours d’expériences. Cela permettra au réseau des conseillers bâtiment de mieux intégrer ces robots dans les projets et d’en discuter avec les éleveurs.

Pailleuse automatique suspendue de GEA Pailleuse automatique Stromathic


Liste (non exhaustive) de fournisseurs de matériel de robotisation du paillage

 

Société et localisation Matériel concerné Exploitations équipées en France

Tardif-Vassal

Circuit fermé avec chaine à pastilles, Strohmatic marque Schauer (constructeur autrichien)

Une quarantaine, toutes productions.

 

GEA France

02405 Château-Thierry

Pailleuse suspendue ABS XL Une avec vaches laitières en logettes
ALTEC Pailleuse suspendue modèle ARIANE avec 4 versions, automatisation envisageable Pas d’installation 100% automatisée
KUHN - AUDUREAU S.A. Pailleuse suspendue KUHN TKS K2 Bedding Robot Un 1er élevage bovins lait en 2018
LUCAS G Projet de robot de paillage filoguidé pour caprins Un 1er élevage bovins lait en 2018
EUROMARK-SIMTEC élevage Ligne de paillage automatisée Agri 1500 – GPM SPREAD Un 1er élevage bovins lait en 2018
EHB Système de paillage automatisé EHB Le 1er élevage avec brebis laitières



Rapporteurs de l’atelier à la biennale :
> Evelyne LANDEMAINE (CA 61) et Lionel VIVENOT (ULM)

Pour en savoir plus :
> François GERVAIS
Institut de l’Élevage – 02 41 18 61 71