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[Covid-19] Préserver la santé des personnes intervenant sur l’élevage

Publié le par Emmanuel Béguin (Institut de l'Elevage), Alizée Chouteau (AFPF), Jocelyn Fagon (Institut de l'Elevage), Christine Guinamard (Institut de l'Elevage), Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage), Sophie Chauvat (Institut de l'Elevage)
Comme tout citoyen, il est important d’adopter de bons gestes pour lutter contre la propagation du Covid19. En tant que responsable d’exploitation, les éleveurs ont aussi la responsabilité de mettre en œuvre certaines pratiques et veiller à leur application au sein de leur structure. Les dimensions physique et mentale sont évoquées ici pour préserver la santé des travailleurs, avec plusieurs ressources pour s’adapter à la situation.

1) Agir pour préserver sa santé physique, celle de sa famille et des intervenants sur l’exploitation

Pour suivre et respecter les recommandations préconisées, il est essentiel de mettre en œuvre les "gestes barrières"

Chacun connaît les gestes barrières mais il n'est pas inutile de les rappeler et de mettre à disposition de tous les membres du collectif de travail des consignes claires. Les bases sont toujours les mêmes et font appel à trois grands principes :

  • Ce que je touche, d'autres l'ont touché et le toucheront. Il faut donc désinfecter ce qui peut sembler anodin, comme les poignées, les interrupteurs, les commandes des véhicules, les volants, les claviers, les surfaces des tablettes, etc.
  • Un outil pour un utilisateur. Si ce n'est pas le cas, il faut désinfecter avant et après emploi.
  • Une des meilleures protections reste la distanciation sociale. Il faut donc limiter la proximité et le face à face. Cela peut impliquer de repenser et réorganiser l'activité.

Pour éviter de se contaminer ou contaminer autrui, directement ou indirectement, il faut se laver fréquemment les mains avec du savon et de l'eau chaude, utiliser du papier à usage unique, tousser et éternuer dans son coude, éviter de se toucher le visage, se saluer à distance, respecter autant que possible une distance d'un mètre pour échanger. Cela demande de prévoir le matériel adéquat (savon, gel hydro-alcoolique, papier à usage unique...) à renouveler autant que nécessaire. Suivant les tâches, la distanciation sociale peut être difficile voire impossible à respecter. Dans ce cas, il est recommandé d'utiliser un masque de protection si vous en disposez (masque pour manipuler les produits phytosanitaires, masque de bricolage, masque en tissu dit "alternatif"...)

Il faut également prévoir une signalisation pour communiquer les gestes à adopter sur votre structure à toutes les personnes intervenant sur l’élevage (famille, salariés, fournisseurs, vétérinaires, inséminateurs, conseillers, membres de la Cuma…). Ces gestes seront à appliquer également lors de vos déplacements chez les partenaires ou les fournisseurs.

La situation impose de revoir certaines pratiques de travail

Des gestes de prévention à renforcer

De nombreux gestes d'hygiène, de protection et de prévention sont déjà réalisés au quotidien pour éviter la transmission de maladies entre élevages ou ateliers. On parle de "biosécurité". Les précautions habituellement prises, aussi bien par vous que par les intervenants extérieurs, sont d'autant plus importantes à respecter dans la situation présente. Il faut les renforcer par des mesures spécifiques liées aux transmissions entre personnes.

Organiser et répartir les activités

En interne à l'exploitation, la première étape est de réfléchir à l'organisation et à la répartition des tâches : qui intervient ? A quel moment ? Pour quelle activité ? Cela peut impliquer de redistribuer les tâches à réaliser ou de remanier les plannings de travail de chacun pour limiter le nombre de personnes au même endroit, au même moment : décalage des horaires d'embauche, report de certains travaux d'entretien le cas échéant, reprogrammation de travaux ou d'interventions moins essentiels au bon fonctionnement immédiat de l'élevage.

Concrètement

  • Si certaines tâches doivent se faire en binôme, privilégier le "côte à côte" plutôt que le "face à face"
  • Il faut limiter l’usage partagé d’outils : une seule personne pour manipuler un même outil, éviter les rotations sur les postes (exemple : poser et déposer les griffes et manchons trayeurs en salle de traite…). 
  • Dans le bureau, il faut réfléchir aux usages collectifs des différents objets (crayons, courriers, ordinateurs, machine à café…), aux espaces et distances d’échange.

Des interventions régulières et planifiées, des suivis encadrés

En cas d'intervention de routine et de suivi du troupeau, il faut bien entendu revalider le rendez-vous. Il s'agit simplement d'échanger en amont pour s'enquérir de la santé de chacun, de la volonté de chacun de venir  sur l'exploitation (ou de façon symétrique, de recevoir quelqu'un sur l'exploitation). Cela peut permettre de lister les risques potentiels et de réfléchir en amont à la meilleure façon de les gérer (modalités d'isolement et contention des animaux, lieux de l'intervention, présence de matériel désinfecté disponible sur place ou non...)

Certains intervenants sont amenés à venir régulièrement sur l'exploitation comme ce peut être le cas des chauffeurs de laiterie. Dans ce cas, des consignes spécifiques sont parfois définies et doivent être respectées. Dans cet exemple, il ne faut pas oublier de désinfecter les poignées de porte de la laiterie et du tank à lait ; les interrupteurs (lumières, écrans du tank) ; les jauges et de mettre à disposition du chauffeur un point d'eau, du savon et des essuie-mains jetables.

 

Anticiper les urgences et l'imprévisible !

Lorsqu'une action est planifiée, il est toujours possible de s'organiser. Les intervenants sont ainsi préparés et donc vigilants. En revanche, en cas d'urgence ou d'intervention plus ponctuelle, il est toujours difficile de tout envisager. Une idée peut être de désigner un "SAM sanitaire", plus particulièrement en charge de la vigilance sanitaire. Il vérifie que le matériel nécessaire est disponible, il s'assure que les conditions sont remplies pour que tout se passe au mieux. Le "SAM sanitaire" pourra veiller à la répartition des rôles et au respect des consignes.

Les matériels en commun : définir qui fait quoi et comment

  • Il est important de nettoyer régulièrement les locaux, outils, matériels, tracteurs utilisés commun sur la ferme ainsi que le matériel en co-propriété ou en Cuma. Pour ces derniers, il faut s’organiser pour les transmettre d’un élevage à l’autre "sans contact" physique.
  •  Pour les modalités précises de nettoyage et désinfection de ces matériels, il faut se rapprocher des structures (organismes de contrôle laitier pour le prêt de matériel de contrôle, Cuma, etc.) pour connaître les procédures à appliquer.

Il est important de réétudier les espaces communs (vestiaire, sanitaires, salle de pause)

Pour les échanges autour de tables, disposer l'ameublement pour respecter une distance minimum, s’assurer de la disponibilité en savon sur ces lieux, nettoyer entre chaque usage les poignées des frigos, machine à café…

 

  

 

2) S’écouter et gérer sa charge mentale

De par l’ampleur mondiale de cette crise et l’universalité des secteurs touchés, les éleveurs font face comme tout le monde à une situation inédite.

Chaque individu est sensible à des facteurs de stress et des degrés d’exposition différents (émetteur) et développe des niveaux d’anxiété variables (récepteur).

En cette période exceptionnelle, certains craignent pour leurs revenus, d’autres ressentent plus intensément le poids de la responsabilité de la santé de leur proche et de leurs collaborateurs, d’autres encore doivent revoir concrètement leur organisation ou développer de nouvelles activités. Tout cela induit consciemment ou non, une augmentation de la charge mentale au travail.

La gestion de ces nouveaux facteurs de stress dans leur cadre professionnel doit être considérée par tous les membres du collectif de travail. Il ne faut pas hésiter à en parler en équipe lors des moments d’échanges sur l’activité de l’exploitation.

Site de la MSA : https://www.msa.fr/lfy/coronavirus

 

Il est possible que certains agriculteurs doivent aussi faire face à des difficultés dans leur sphère familiale.

Plusieurs numéros de téléphone et plateformes d’écoute et de soutien à distance se mettent en place avec des professionnels compétents. Ces dispositifs sont ouverts à tous, il ne faut pas hésiter à les solliciter.

Plateforme de soutien psychologique : http://www.enfance-et-covid.org/

Numéro vert (gratuit) au 0 805 827 827, de 10h à 18h, du lundi au samedi 

 

Ma cabane : téléconsultation pour « répondre à la souffrance psychique des enfants et des familles" - au 01 82 88 23 28, du lundi au vendredi (de 8h à 18h).