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[Covid-19] Collecte des performances Bovins allaitants

Publié le par Jean-Luc Brunet (Institut de l'Elevage), Jean-Baptiste Tertrain (Chambre d’agriculture des Pays de la Loire - 72), Nathalie Malaval, Denis Faradji (Institut de l'Elevage)
Pour sélectionner efficacement les reproducteurs des races allaitantes, il est nécessaire d'appliquer à chacune des étapes de choix, des méthodes rigoureuses et fiables. La collecte de l’information phénotypique à lieu en ferme et en station, ces données sont ensuite traitées statistiquement afin de calculer les valeurs génétiques des animaux. Ce fonctionnement est d'autant plus nécessaire pour les bovins allaitants dont certains schémas de sélection font appel à un grand nombre d'outils de sélection qui se succèdent dans le temps : Contrôle en ferme, contrôle individuel en station, contrôle sur descendance planifié.
 

La pandémie du Covid-19 impacte très fortement les collectes de phénotypes en ferme, voire implique leur arrêt complet dans beaucoup de situations.

Les OS, FCEL et FGE, réfléchissent dès à présent à la mise en œuvre des adaptations possibles et des assouplissements adéquats afin de pénaliser le moins possible les éleveurs et les programmes de sélection.

 

Les races françaises bénéficient de programmes de sélection performants d’une ampleur unique au monde, avec une organisation en plusieurs étapes, que sont le contrôle de performances en ferme, contrôle individuel en station des futurs reproducteurs destinés à l’IA et à la monte naturelle, et le contrôle sur descendance des qualités maternelles en station ou en ferme.

Avec l’intégration de la génomique dans les outils de sélection, certaines races comme la Charolaise, la Limousine et la Blonde d'Aquitaine évaluent maintenant le potentiel génétique de leurs reproducteurs uniquement grâce aux évaluations permises par le contrôle de performances en ferme, combinés ou pas avec des génotypages.

Le contrôle de performances en ferme

Il organise la collecte des données permettant d’apprécier la fertilité, la facilité de vêlage, les poids et conditions de naissance des veaux, les poids à 120 et à 210 jours, les évaluation morphologique (développement musculaire et squelettique) par pointage au sevrage.
Les résultats de ces contrôles permettent l’évaluation en ferme IBOVAL des reproducteurs au moment du sevrage et aussi post-sevrage lorsque les contrôles sont poursuivis après cette phase.

Pour chaque race, un système de qualification distingue les meilleurs animaux, c’est-à-dire ceux qui répondent le mieux aux objectifs de sélection priorisés dans leur race. Ce système permet ainsi de les  classer en fonction de leurs mérites, pour orienter leur diffusion en reproducteurs.

 

Les différentes étapes de contrôle

 
  • Le contrôle individuel en station après sevrage des meilleurs jeunes mâles (environ 2200 par an) : En station de contrôle individuel, on collecte des pesées, des pelvimétries, l’efficacité alimentaire (pour certains outils seulement), le comportement animal et une évaluation morphologique par pointage.
 
  • Le contrôle sur descendance des qualités maternelles (races Limousine et Blonde d’Aquitaine) Il permet d’évaluer le niveau génétique des qualités maternelles, que les taureaux transmettront à leurs descendants. Les meilleurs jeunes taureaux conservés à la suite du contrôle individuel sont « mis en testage » : des inséminations sont réalisées dans des élevages. A la naissance de leurs produits, ceux-ci sont repérés et suivis, puis les femelles sont achetées afin d'être contrôlées en station de contrôle sur descendance. Cette ultime étape permet d’évaluer le niveau génétique des taureaux sur les qualités maternelles de leurs filles
 
 
  • L’évaluation génétique des aptitudes bouchères des taureaux est obtenue grâce à l'utilisation des données  d’abattage de leurs produits, issus de la base Normabev. Les premières données utilisées sont des données d'abattages de jeunes bovins (JB), plus d'1 millions de ce données sont intégrés dans les calculs chaque année. Cette évaluation est enrichie tout au long de la carrière des reproducteurs avec l'apport de nouvelles performances.
 

 

Réalisation du pointage au sevrage

Le pointage est une observation objective et méthodique de postes morphologiques clairement définis dans le guide pratique du pointage des bovins de races allaitantes. Le pointage est une photographie  de l’animal à un moment donné, qui permet d’apprécier de façon détaillé, par la notation de 19 postes, ses différentes parties corporelles. Les valeurs obtenues pour chaque poste sont ensuite combinées entre elles de façon à obtenir des notes de synthèses, permettant d’apprécier de façon globale le développement musculaire, le développement squelettique et les aptitudes fonctionnelles de l’animal.

 

Réf.: Guide pratique du pointage des bovins de race à viande, du sevrage à l'âge adulte  (Idele,FGE, 2014)

Les règles de collecte de la morphologie au sevrage s’appliquent pour 14 races allaitantes différentes. Pour neuf d’entre elles (Aubrac, Bazadaise, Blonde d’Aquitaine, Charolaise, Gasconne des Pyrénées, Limousine, Rouge des Prés et Salers), les données collectées servent à l’évaluation génétique de la morphologie au sevrage et indiquent la valeur des reproducteurs via les index DMsev et DSsev.

Un cursus de formation est mis en place par Idele dans le cadre du dispositif de suivi des pointeurs au sevrage. Les techniciens doivent être agréés dans la ou les races concernées par une commission  composée des Organismes de Sélection et des Organismes Bovins Croissance. Le technicien doit aussi être formé à la collecte du comportement des bovins.

 

Age des animaux lors du pointage

Les animaux doivent être pointés à un âge compris entre cinq et dix mois avec une tolérance de -1 mois à +2 mois.

Les contrôles en stations d'évaluation (SE) ou de contrôle individuel (CI)

L'objectif de la collecte des performances en stations est de pouvoir évaluer et qualifier les taureaux sur leurs aptitudes bouchères, leurs aptitudes fonctionnelles, leurs qualités raciale et leurs aptitudes de reproduction. Cela dans un environnement et des conditions d'élevage identiques pour chaque candidat.

Ces aptitudes sont estimées essentiellement à partir des composantes suivantes :

  • la croissance musculaire qui dépend essentiellement de l’efficacité alimentaire, de la vitesse de croissance et de la composition du gain de poids.
  • la morphologie et plus particulièrement la conformation bouchère appréciée par le rebondi des masses musculaires.
  • La description des aspects fonctionnels : aplombs et rectitude du dessus
  • La description des qualités de race des futurs reproducteurs.
  • La mesure de l’ouverture pelvienne, comme prédicteur de l’aptitude au vêlage des filles des taureaux évalués.

Les conditions d'entretien et la conduite des jeunes taureaux doivent permettre :

  • de contrôler dans un même lieu et selon des conditions homogènes un nombre suffisant de contemporains.
  • de réduire au maximum l'incidence des conditions d'élevage antérieures à l'entrée en station sur les performances des animaux.
  • de réaliser un niveau de croissance élevé permettant d'obtenir l'expression maximale de la capacité de croissance musculaire.
  •  d'utiliser un régime alimentaire qui permette aux animaux, à travers leur vitesse de croissance, d'exprimer leur différence de capacité d'ingestion.
  • Dans le cas du CI, d’utiliser un système d’alimentation qui permette de contrôler aisément, individuellement et avec précision la quantité ingérée d’un aliment de valeur alimentaire connue et équilibrée ; et donc l’efficacité alimentaire.