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Les comptages de cellules somatiques du lait : un critère de sélection pour la résistance aux mammites des chèvres

Somatic Cell Counts as a selection criterion for goat mastitis resistance

Publié le par Virginie Clément (Institut de l'Elevage), Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage), Hugues Caillat (INRAE), Isabelle Palhière (INRAE - GenPhySE), Pierre Martin (Capgènes), Rachel Rupp (INRAE - GenPhySE), Christophe Huau (INRAE - GenPhySE), Frédéric Bouvier (INRAE - GenPhySE)
Chez les ruminants, il existe une variabilité génétique de la résistance aux mammites. La prise en compte dans les schémas de sélection se fait au travers d’un critère indirect, les concentrations cellulaires du lait ou Comptage de Cellules Somatiques (CCS). L’héritabilité de ce caractère varie entre 0,13 et 0,24 dans les principales races laitières. Dans l’espèce caprine, différentes étapes ont conduit à la prise en compte de ce caractère dans le schéma de sélection.

Des niveaux de cellules en augmentation

Un bilan des données CCS a été réalisé pour l’espèce caprine dans le cadre du projet CASDAR Mamovicap. Depuis une quinzaine d’année, les CCS sont en augmentation : la hausse moyenne est de 675 000 cellules/ml en Saanen (+55%) et 485 000 cellules/ml en race Alpine (+43%). La tendance s’accélère sur les dernières campagnes de collecte. Il existe des différences entre les deux races qui s’accentuent au cours du temps. Les facteurs de variation les plus importants sont le rang et le stade de lactation, la période de mise bas et le niveau de production des chèvres.

Un lien démontré entre cellules et santé des mamelles

 

Une expérimentation a été conduite sur l’unité expérimentale INRA de Bourges. L’objectif était de créer des lignées divergentes sur les concentrations cellulaires. Sur les campagnes 2010 à 2014, la concentration cellulaire de la lignée CCS+ était de 1 471 000 cellules/ml et celle de la lignée CCS- de 930 000 cellules/ml. La prise d’échantillons de lait a permis de rechercher les agents pathogènes. La fréquence des échantillons positifs était significativement plus élevée dans la lignée CCS+ (51%), que dans la lignée CCS- (32%). Il existe une corrélation élevée entre la concentration cellulaire et le statut sanitaire des mamelles. Ces résultats laissent envisager qu’une sélection sur les CCS pourrait être un moyen efficace pour limiter les infections intra-mammaires et réduire la quantité de bactéries dans le lait.

L'index cellules est pris en compte dans l'objectif de sélection

Afin d’améliorer génétiquement la qualité sanitaire des laits et la santé des animaux, un modèle d’indexation a donc été développé pour les CCS dans les deux races. Le progrès génétique attendu a été estimé pour différentes combinaisons de l’index de synthèse (ICC) afin d’intégrer l’index cellules dans l’objectif de sélection. Le but était de trouver la combinaison qui permette d’espérer une diminution des concentrations cellulaires tout en maintenant un niveau de production laitière satisfaisant. En race Saanen, pour laquelle il existe une opposition génétique entre production laitière et CCS, le nouvel ICC laisse envisager une diminution annuelle de l’ordre de 0,7%, soit 11 000 cellules/ml de lait. En race Alpine, l’ICC actuellement utilisé a un effet favorable sur les CCS car il n’existe pas d’opposition génétique entre ce caractère et la production laitière. Cependant, en intégrant l’index cellule dans l’ICC, une réduction annuelle de l’ordre de 22 000 cellules/ml de lait pourrait être attendue.