Evaluation de l'incidence des infections et inflammations mammaires sur la production laitière chez la chèvre

L'analyse de l'impact de la santé de la mamelle sur la production et la composition du lait, a été réalisée à l'aide de deux types de données complémentaires 

• des résultats d'analyses bactériologiques du lait issus de 1 060 chèvres provenant de 8 troupeaux, donnant une information précise sur la présence ou l'absence d'infection à un moment donné de la lactation
• des résultats de concentrations cellulaires individuelles issues de 36 949 chèvres provenant de 254 troupeaux, permettant d'évaluer l'intensité et la durée des réactions inflammatoires

Les infections à pathogènes majeurs induisent les pertes de production les plus élevées

Lors d'infection de la mamelle, seules celles dues à des pathogènes majeurs (Staphylococcus aureus, Streptococcus sp., Enterococcus sp., coliformes) occasionnent une baisse significative de la production laitière de 140 à 180 ml par jour en moyenne (- 6%). Les staphylocoques coagulase négative n'induisent en revanche, dans cette étude, aucune perte de production.

Aux baisses de production laitière, sont associées des baisses inférieures ou équivalentes (0 à -7%) de matière protéique et une chute plus marquée de la quantité de matière grasse (-12 à -13%). Le taux protéique est donc stable quel que soit le statut infectieux mammaire chez les multipares ou augmente en cas d'infection par des pathogènes majeurs chez les primipares. Le taux butyreux, en revanche, tend à diminuer en cas d'infection de la mamelle, cette tendance s'accentuant lors d'atteinte par des pathogènes majeurs.

Une baisse de production et une incidence sur la composition du lait perceptibles même pour de faibles élévations des concentrations cellulaires

Sur l'ensemble de la lactation (évaluée sur une période de 200 jours), des pertes de production ont été mises en évidence y compris pour des moyennes géométriques de concentrations cellulaires relativement faibles : -66 kg (-0,4%) pour la classe 200 à 400 000 cellules par ml à -218 kg (-27,6%) pour la classe 3 200 000 cellules par ml et plus.

Même sans prendre en compte les classes les plus extrêmes de concentrations cellulaires, on observe déjà des baisses de production sur 200 jours pouvant atteindre 66 à 136 kg de lait selon qu'il s'agit de primipares ou de multipares.

Les pertes de matière protéique s'apparentent à celles déterminées pour la production (-8,5 à 24,8%). Celles de matières grasses sont légèrement plus importantes (-9,8 à 31,4%). Le taux butyreux baisse de 0,5 à 1,7 g/kg tandis qu'une augmentation du taux protéique est perceptible au-delà de 800 000 cellules par ml (+0,2 à +1,1 g/kg).

            

Les chèvres appartenant à des troupeaux de fort potentiel laitier (741 à 1 200 kg par chèvre) présentent en moyenne des baisses de production laitière ou de quantités de matière utile semblables et donc proportionnellement plus faibles, comparées à celles établies pour les autres catégories de la population (moins de 650 kg et 651 à 740 kg par chèvre).

                

Une incidence économique à prendre en compte

               

Cette étude témoigne de l'incidence variable des infections mammaires sur la production et la composition du lait chez la chèvre. En revanche, l'inflammation mammaire telle qu'elle peut être appréciée par l'intermédiaire des concentrations cellulaires du lait est associée à des pertes de lait et de matière utile. Ce constat justifie l'utilisation des comptages de cellules somatiques en appui à l'application de stratégies raisonnées, tant sur le plan sanitaire qu'économique, de contrôle de la pathologie mammaire.