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Traiter les mammites subcliniques

Publié le par Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage)
Le traitement des mammites subcliniques doit être défini en fonction de l'origine des infections (prendre en compte les particularités de l'épidémiologie des mammites chez la chèvre ainsi que tous les éléments disponibles sur l'exploitation) et de la conduite du troupeau.

Le préalable à la mise en place de toute mesure de gestion sanitaire est le dépistage des infections subcliniques de la mamelle par l’intermédiaire des résultats de concentrations cellulaires individuelles.
 

Le traitement des mammites subcliniques doit être réalisé au tarissement.

 

Le choix d'une antibiothérapie au tarissement doit tenir compte des particularités de la chèvre sur le plan de l'origine des infections comme de la conduite d'élevage :

          

  • Les chèvres, comme les brebis, se caractérisent par une fréquence élevée des infections mammaires dues à des staphylocoques (coagulase négative notamment).
  • La persistance de ces infections est généralement grande (souvent jusqu’au tarissement), du fait du type de bactéries en cause (staphylocoques,…).
  • En élevage caprin, la durée de la période sèche dure de 1 à 3 mois. On observe de plus en plus souvent des périodes sèches écourtées.

 

L’objectif du traitement consiste avant tout à éliminer des infections staphylococciques chroniques présentes au tarissement. En second lieu, il permet l’élimination des autres infections existantes et, éventuellement, la prévention des nouvelles infections.

             

Conséquences des particularités de la chèvre sur le choix des spécialités antibiotiques

 

 

Pour tenir compte de l’ensemble de ces particularités, le choix des spécialités antibiotiques intra-mammaires à utiliser en élevage caprin, devrait se porter préférentiellement sur :

  • des spécialités particulièrement actives contre les staphylocoques, bactéries localisées à la fois dans la lumière des acini et des canaux galactophores et dans le parenchyme mammaire (les macrolides surtout, puis les céphalosporines, ont une distribution tissulaire large). Staphylococcus aureus est de plus intra-cellulaire facultatif, caractéristique qui est, en principe, favorable à l’utilisation de macrolides.
  • des spécialités n'ayant pas forcément une persistance longue (une persistance longue équivaut à plus de de 3-4 semaines de persistance).
    En particulier, lorsque la période sèche est courte, une persistance élevée de(s) antibiotique(s) accroît le risque de résidus inhibiteurs (y compris à l’issue de la période colostrale).
  • des produits ayant un coût réduit compte tenu du coût relatif du litre de lait, des animaux et inversement, du nombre important d’animaux à traiter.

 

Spécialité(s) disponible(s)

 

 

Le nombre de spécialités disposant d’une extension d’AMM en France pour les petits ruminants est limité : en 2010, deux pour les ovins et une... pour les caprins.

 

L'indication du traitement est double : traitement et prévention.

 

 

De nombreux éleveurs utilisent des spécialités qui ne sont indiquées aujourd’hui que chez la vache laitière.

              

Parmi celles-ci, on peut citer deux cas particuliers :

  • Cloxagel® (association cloxacilline-néomycine) présente une forme galénique [1] particulière. Il s'agit d'une pommade et non d'une suspension huileuse comme dans la quasi totalité des spécialités "hors lactation" disponibles,
  • l’association spiramycine-néomycine (Spéciorlac®) présente un spectre élargi aux mycoplasmes.

            

 

Notes :

 

[1]  Une forme galénique désigne la forme sous laquelle sont mis les principes actifs et les excipients (matières inactives) pour constituer un médicament. (Source : wikipedia.org)

 

Pour en savoir plus :

 

Bergonier D., de Cremoux R., Berthelot X., 2010. Spécificités du traitement au tarissement chez les petits ruminants. Bulletin des GTV. 56, 215-226.