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Envisager la réforme

Publié le par Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage)
La réforme permet en premier lieu d'éliminer une partie des réservoirs de bactéries présents dans le troupeau. Il ne s'agit pas de réformer en se fondant uniquement sur les concentrations cellulaires mais bien de raisonner les réformes en tenant compte d'un ensemble de critères de santé mammaire.

Objectifs

 

La réforme a d'abord un objectif de réduction des réservoirs de bactéries. Il s'agit d'un point très important compte tenu du modèle généralement "contagieux" des infections mammaires chez la chèvre.

                 

En diminuant le nombre de chèvres encore infectées au début de la campagne laitière, elle permet aussi de limiter l’apparition précoce de nouvelles infections. Elle a donc aussi un objectif préventif.

             

Cibles

 

Des critères de santé mammaire décisifs

                 

Le choix des chèvres à réformer repose sur l'examen d’une part des résultats de concentrations cellulaires et d’autre part de tous les éléments qui traduisent notamment l’ancienneté de l’infection.

On identifiera donc en priorité les chèvres infectées présentant des concentrations cellulaires élevées de manière persistante, les chèvres ayant été atteintes par une infection clinique et/ou présentant des lésions mammaires importantes perceptibles à la palpation et enfin les chèvres incurables.

                  

Les chèvres incurables : un réservoir infectieux

                          

Les chèvres sont présumées incurables lorsque plusieurs critères de santé mammaire sont associés. Après un traitement antibiotique au tarissement réalisé dans de bonnes conditions, les chèvres présumées infectées à la lactation précédente, qui présentent dès le(s) premier(s) contrôle(s) des résultats de concentrations cellulaires élevés peuvent être considérées comme incurables.

                

Chez ces chèvres, lorsqu'elles sont maintenues dans le troupeau, tout nouveau traitement antibiotique risque d’être inefficace et de ne pas permettre à la mamelle de récupérer toute sa capacité fonctionnelle. Faute de guérir, ces chèvres maintiennent dans l’élevage des réservoirs de bactéries. Elles doivent être réformées avant de contaminer les autres animaux du troupeau et en particulier les primipares. A défaut, il faudrait a minima les traire en dernier (mise en place d'un ordre de traite) pour limiter les risques de transmission des bactéries aux animaux sains.

                 

Associer plusieurs paramètres pour orienter les choix

                  

Bien sûr, d’autres critères vont entrer en ligne de compte dans le choix des réformes et les défauts de production sont très souvent cités dans la prise de décision.

Ne pas oublier à ce propos qu’une chèvre malade, c’est aussi une chèvre qui produit moins...

           

Parler de réforme, c'est encore réfléchir à la gestion du troupeau, à la présence d'animaux qui sont à risque ou qui, par leurs caractéristiques, peuvent perturber l'ensemble de la traite des autres animaux.

Des animaux pouvant être à risque ou inadaptés à la traite mécanique

Mamelles poreuses : apparemment plus fréquentes
en début de lactation et chez des animaux jeunes

Photos S. Blain (SNGTV)

                            Doubles trayons                      

Photos R. de Cremoux (Idele)

 

Attention

Réformer des animaux au vu de leurs concentrations cellulaires, en choisissant ceux qui ont les résultats les plus élevés, avec pour objectif de faire diminuer les concentrations cellulaires du lait de tank, n'est pas forcement l'option la plus efficace vis-à-vis de la transmission des infections et de la gestion de la santé mammaire au sein du troupeau (même si cela peut permettre de diminuer effectivement le niveau des pénalités liées au paiement du lait à la qualité).