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Gérer les mammites cliniques

Publié le par Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage)
Bien que relativement rares, les mammites cliniques aiguës ou suraiguës n'en sont pas moins importantes à repérer et à gérer.

Gérer les mammites cliniques impose tout d'abord de savoir les repérer. Les chèvres présentant des mammites cliniques aiguës en lactation doivent être isolées, traitées ou si nécessaire, réformées.

 

Elles doivent être traites à part. Pour ce faire, il convient soit de les traire manuellement, soit d'utiliser un faisceau trayeur réservé à cet usage, soit de les traire en dernier.

        

Principe de l'antibiothérapie en lactation

 

Si l'on est amené à réaliser un traitement antibiotique en lactation, celui-ci peut se résumer en trois mots clefs : vite, fort, longtemps.

              

On considère que si l’on repousse le traitement ne serait-ce que d’une traite, on divise son efficacité par deux. D’où la nécessité d’une détection la plus précoce possible. Seuls les traitements par voie intramammaire sont susceptibles de guérir les infections mammaires. Il faut donc absolument privilégier ce type de traitement.

                 

Les traitements par voie générale ont le plus souvent comme objectif de traiter les signes généraux (voire d’éviter la mort de l’animal). Ils n'ont pas lieu d'être systématisés. Des traitements adjuvants (anti-inflammatoires,...) sont parfois prescrits.

 

Ne pas oublier que :

  • seul le vétérinaire praticien peut définir le traitement à réaliser et indiquer le protocole à suivre,
  • il n’y a pas d’A.M.M. (Autorisation de Mise sur le Marché) chez la chèvre,
  • il existe des délais d'attente à respecter...

Bien noter, comme pour les traitements des mammites subcliniques, que le recours à des demi-seringues est à exclure.

            

Hygiène de l'administration

 

Tout d'abord, la traite doit être aussi complète que possible. Il s'agit de favoriser la diffusion de l'antibiotique intra-mammaire vers le site infecté. Des précautions sont indispensables en termes d’hygiène (avant et après le traitement intramammaire) :

  • avant l'infusion du produit, l'extrémité du trayon doit être désinfectée soigneusement. On peut employer pour ce faire une serviette pré-imprégnée ou une compresse (ou du coton) imprégnée d'alcool. Cette désinfection a pour objectif d'éviter l'introduction d'agents pathogènes dans le canal du trayon. Le temps nécessaire à la désinfection est d'au moins 15 secondes.
  • après le traitement, les trayons doivent être désinfectés à nouveau, par trempage ou pulvérisation.

 

Les produits de traitement étant des produits conçus pour la vache laitière, il est fréquent que les embouts des seringues soient inadaptés à la taille du canal du trayon des petits ruminants. Il faut donc faire particulièrement attention lors de l’introduction de la canule pour éviter de léser l’extrémité du trayon et d’altérer les premières défenses de la mamelle.

 

Après le traitement, ne pas oublier que l’on a manipulé une mamelle malade, et que l’on a été en contact avec du lait contaminé. Il faut donc se laver les mains afin de ne pas devenir soi-même un vecteur de l’infection mammaire pour d’autres animaux.

               

Identification et enregistrement des animaux malades

 

L’identification des animaux traités, la non livraison du lait des 2 demi-mamelles de l’animal pendant toute la durée du délai d'attente, sont des impératifs liés essentiellement à la gestion des "inhibiteurs". Velcros, marques au crayon gras,... tous les modes d'identification sont les bienvenus.

 

L’enregistrement des chèvres traitées est indispensable à la gestion sanitaire du troupeau. Il permet, en particulier au tarissement, de repérer les chèvres présumées incurables parmi celles qui ont eu une mammite clinique au cours de leur lactation.

                      

 

Juger de l’efficacité d'une antibiothérapie en lactation

 

Moments clés de l'évaluation d'une antibiothérapie en lactation

 

 

Les mammites cliniques provoquent une réaction inflammatoire qui peut persister pendant plusieurs jours y compris après guérison bactériologique de l'infection.

 

On considère que les signes cliniques doivent régresser dans les 24-48 heures après le début du traitement.
En principe, ils devraient avoir totalement disparu au bout de 5 à 7 jours (après la fin du traitement...).
Si tel n'est pas le cas, le traitement antibiotique a vraisemblablement été inefficace...