Parcours 'Cohésion' : que faut-il retenir ?

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Si on récapitule :

A quel moment travailler la cohésion ?

Selon Guillaume, il est important d’être ferme dès la première semaine d’estive. Il faut en moyenne deux semaines pour éduquer le troupeau à rester groupé et avoir un rythme commun.

Il peut être intéressant d’utiliser le parc de nuit pour maintenir les brebis serrées, qu’elles se sentent, que les odeurs se mélangent.

Quels paramètres influencent la cohésion ?

On ne peut pas tout maîtriser et la plupart des paramètres ne pourront pas être modulés, mais on peut anticiper la capacité innée du troupeau à former un ensemble unifié en regardant les paramètres qui influencent la cohésion du troupeau.

 

  • La taille du troupeau : plus les brebis sont nombreuses, plus il peut être difficile de les unifier, surtout si elles viennent de troupeaux différents.
  • Le mode de garde le reste de l’année : un troupeau qui est gardé seulement 3 mois de l’année a plus de difficulté à retrouver de bonnes habitudes pour l’estive que les troupeaux qui sont gardés régulièrement sur l’année. Elles doivent ‘réapprendre’ le chien, le berger, le troupeau.
  • L’espèce, le stade de croissance, les besoins : des animaux d’espèces différentes peuvent très bien ‘faire troupeau’ mais il peut être plus compliqué de créer ce mouvement commun, cette ‘synchronisation des appétits’, si les besoins alimentaires des animaux varient.
  • La race : certaines races ont un instinct plus grégaire que d’autres et sont plus faciles à maintenir ensemble, comme par exemple les Mérinos. Les Caussenardes ont la réputation d’être plus individualistes. Mais la capacité à faire troupeau est en partie due à l’éducation, et il est possible de faire un troupeau avec des races différentes, surtout avec des races rustiques.
  • Avoir toujours le même berger, le même chien, le même troupeau sur la même estive d’une année sur l’autre facilite grandement le travail.
  • La configuration de l’estive, la fermeture du milieu, le relief : les brebis ont besoin de voir le reste du troupeau, il est plus facile de maintenir un troupeau ensemble dans un milieu ouvert et plat (voir concave) que dans un milieu fermé et accidenté. La taille du troupeau doit être adaptée à la configuration du lieu (surface, végétation disponible) : plus le milieu est ouvert et plat, plus on peut garder un troupeau important.
  • La régularité dans le travail : il est important de créer des habitudes de lieux, d’horaires, comme donner le sel toujours au même endroit, les amener au point d’eau ou à la chôme à la même heure. Ça aide à avoir un rythme synchronisé et renforce la cohésion. Les brebis finissent par avoir soif en même temps, à vouloir chômer à la même heure.

Des méthodes pour obtenir la cohésion du troupeau

Si la grande majorité des éleveurs et bergers s’accorde sur l’importance de la cohésion d’un troupeau, les méthodes pour y arriver sont variées. Voilà quelques pistes à réfléchir et à adapter à votre situation.

Chez les bergers :

Très souvent les bergers gardent des troupeaux issus de plusieurs éleveurs, les brebis ne se connaissent pas ou ne se sont pas vues depuis des mois. Les agnelles font parfois leur première estive, et ne connaissent pas le fonctionnement du troupeau, du chien, etc.

  • Forcer le groupement dès les premiers jours.
  • Les garder serrées, utiliser le chien de manière un peu systématique pour ramener les brebis qui s’écartent.
  • Les parquer serrées pour les obliger à se sentir, mélanger leurs odeurs.
  • Avoir des horaires réguliers.
  • Un moyen : les parquer serrées à la chôme contribue à synchroniser les appétits.
  • Certains bergers peuvent signaler des bêtes qui posent problème, mais il faut avoir un pouvoir de négociation.

Et pour un éleveur ?

La situation est assez différente pour un éleveur qui garde son propre troupeau, mais la cohésion est toute aussi importante pour la garde. Si en outre le troupeau part en estive avec un berger, l’éleveur a aussi un impact fort sur la facilité de son troupeau à être gardé en estive.

Que peut faire un éleveur ? Quelques astuces non exhaustives :

  • Ne faire qu’un seul lot toute l’année.
  • Garder les agnelles avec leurs mères.
  • Les garder régulièrement sur l’année.
  • Créer une relation de confiance avec le berger
  • Faire connaître le chien de conduite au troupeau.
  • Sélection : certaines bêtes sont parfois compliquées à mener avec le troupeau, l’éleveur peut écarter des bêtes trop indépendantes ou qui ne savent pas marcher.

Apprentissage des jeunes ?

Les agnelles apprennent énormément de leurs mères et du reste du troupeau, surtout la première année. Si elles sont menées longtemps séparément, privées d’estive la première année, il peut être plus compliqué de les mettre dans le rang par la suite. Les agnelles qui restent avec le troupeau toute l’année apprennent les relations sociales, les codes du troupeau et sont bien plus faciles à garder par la suite.

Comment faire avec un nouveau troupeau ?

Quand on garde dans un nouveau lieu, le plus importance est d’observer le troupeau. Il peut être intéressant de laisser une certaine liberté, toujours dans un cadre défini, afin de voir les biais naturels du troupeau, la végétation de prédilection, le rythme spontané du troupeau, afin de le prendre en compte pour la suite de la saison. Ça demande un certain lâcher prise qui peut être compliqué pour un.e berger.e sans expérience.

Il est notamment important d’utiliser le chien avec parcimonie, et à bon escient : la conduite est plus douce, plus calme, on peut laisser plus de liberté et mieux observer le comportement spontané du troupeau. On peut ainsi déceler en les observant des petits trucs sur ce qu’elles aiment ou pas, le soleil dans les yeux, le vent, les petites choses auxquelles on n’avait pas forcément pensé.

 

Pour aller plus loin : Analyse croisée, commentaires d'expert·es

 

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