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Diagnostic différentiel des avortements chez les petits ruminants : une démarche à l’épreuve du terrain en Midi-Pyrénées

Publié le par Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage), Kristel Gache (GDS France)
En filière de petits ruminants, la démarche de diagnostic différentiel des avortements élaborée au niveau national dans le cadre de l’UMT Santé des Petits Ruminants a pu être testée en région Midi-Pyrénées. Cinq agents étiologiques ont été systématiquement recherchés : toxoplasmose, chlamydiose, fièvre Q, salmonellose, border disease.

Au cours des deux ans de suivi, 106 séries d’avortements ont été enregistrées et analysées. Elles ont concerné à 92 % des cheptels ovins, majoritairement laitiers (N=64 soit plus de 60 %). Les résultats obtenus, bien que non extrapolables à l’ensemble des bassins de production de petits ruminants, sont riches d’enseignements.

Des maladies abortives enzootiques

Ils confirment tout d’abord le caractère enzootique de la chlamydiose, de la toxoplasmose et de la fièvre Q en Midi-Pyrénées : 56 à 74 % d’élevages présentant des sérologies positives en l’absence de vaccination.

Des taux d'élucidation prometteurs

Avec un taux d’élucidation de près de 70 %, les résultats témoignent de l’intérêt d’une application sans a priori (c’est-à-dire indépendamment du contexte vaccinal) de la démarche adoptée. Celle-ci permet notamment d’orienter le diagnostic dans un contexte où co-infections ou co-circulations sont fréquentes. Dans la région, chlamydiose et toxoplasmose apparaissent comme des causes abortives prépondérantes (respectivement 20 et 43 % d’imputation). La fièvre Q, malgré sa fréquence de détection (49% de séries abortives  avec détection d’ADN) n’est que peu responsable des séries abortives (environ 10 % d’imputation).

Une combinaison d'analyses pour un diagnostic optimisé

Sur le plan analytique, le diagnostic direct (PCR ou bactériologie), permet de rapporter les avortements à une cause certaine ou probable dans de nombreux cas. La quantification de C. burnetii dans le mucus vaginal s’avère indispensable dans ce cadre. Cette approche demanderait à être étendue à Chlamydia pour cette même matrice, de façon à différencier une simple circulation de l’agent infectieux dans le troupeau d’une implication effective dans les avortements. En ce qui concerne la toxoplasmose, une PCR négative (réalisée majoritairement sur mélange d’encéphales dans le cadre de l’étude) ne permet pas d’exclure la maladie. La prise en compte des résultats sérologiques est indispensable en intégrant toutefois la notion de « forts séropositifs » (aux seuils définis par les fabricants) et/ou une analyse dynamique (évolution de la réponse sérologique - ratios E/P - à 15 jours d’intervalle).

Une démarche diagnostique évolutive

Ces informations associées à des retours d’expérience issus d’autres régions (Limousin et PACA notamment) ont permis de faire évoluer les arbres décisionnels pour les cinq maladies recherchées citées en introduction. La démarche ainsi révisée doit continuer à être confrontée à la réalité du terrain afin d’évaluer sa pertinence dans d’autres contextes épidémiologiques d’une part, et de consolider ou faire évoluer les grilles d’interprétation d’autre part.

Le déploiement du dispositif Oscar (Observatoire et suivi des causes d’avortements chez les ruminants) s’appuie sur le protocole et les grilles d’interprétation actualisées issus de ces études et échanges.

Des travaux de recherche demandent en outre à être poursuivis pour préciser les possibilités de recours à des analyses en mélange, susceptibles à la fois de diminuer les coûts et de simplifier la démarche.

 

Retrouvez les principaux résultats acquis au cours de l'étude