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Les filières ovines à la croisée des tensions climatiques, sanitaires et géopolitiques (Dossier Economie n° 509 - Mai 2020)

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
En 2019, le Royaume-Uni a largement perturbé les marchés continentaux, le français en particulier, dès le printemps. La production française de viande ovine s’est pourtant globalement bien tenue en 2019, et pourrait rester à des niveaux proches cette année, si le second semestre contrebalance la baisse d’abattages enregistrée au premier semestre. En 2020, la conjoncture mondiale va principalement dépendre des effets de la pandémie de coronavirus. Celle-ci a bouleversé de nombreux marchés, dont celui de la viande ovine, en bloquant momentanément une partie des circuits de commercialisation au sein des pays touchés et/ou en paralysant des débouchés à l’export.

Le confinement le plus strict est arrivé au pire moment pour la viande ovine, handicapant lourdement la consommation festive au moment des Pâques chrétiennes et juives et du début du Ramadan. Cependant, toute la filière française s’est mobilisée pour éviter le stockage sur pied d’agneaux qui auraient rapidement été dévalorisés… Mais au prix d’une baisse des cours avant les fêtes pascales.

 

Les effets de la pandémie de COVID-19 sont évidemment mondiaux, affectant tous les flux internationaux. Elle a accentué les mouvements de fond antérieurs : un manque d’offre dans le monde, surtout en Océanie, de très loin la principale source de viande ovine, face à un appétit chinois toujours en hausse malgré la crise, si on en croit les statistiques d’importation des premiers mois de 2020.

 

L’Europe avait déjà fortement baissé ses importations en 2019 (-21% /2018) et rien n’indique une inversion de tendance en 2020. Malgré cela, les deux principaux fournisseurs intra-UE ont augmenté leurs expéditions l’an passé, notamment le Royaume-Uni qui a largement perturbé les marchés continentaux, et français en particulier, au printemps 2019. Les effets délétères des palinodies sur le Brexit pourraient à nouveau se faire sentir dans les prochains mois.

 

La production française de viande ovine s’est pourtant globalement bien tenue en 2019, et il devrait encore en être de même cette année. La crise pourrait même être une occasion pour l’agneau français de regagner de la place tant dans la GMS que dans la restauration, particulièrement collective, dont l’approvisionnement est essentiellement importé…

 

La collecte de lait de brebis en 2018/2019 s’est un peu repliée après 5 ans de progression. Les fabrications étaient en hausse en 2019, en se diversifiant notamment vers l’ultra-frais. Il est de même pour les exportations malgré une forte chute vers les Etats-Unis, le Roquefort étant une victime collatérale des tensions commerciales avec l’UE. En 2019 la sécheresse a souvent nécessité des achats supplémentaires d’aliments, en outre plus chers, et le prix des agneaux était en baisse presque toute l’année. Cela explique la dégradation des revenus de la plupart des systèmes ovins. Dans les réseaux INOSYS, beaucoup ne rémunéreraient les éleveurs que moins de 20 k€ par UMO, et l’érosion est nette depuis 3 ans.

 

En 2019, seuls les ovins + cultures, les producteurs de la zone Roquefort et surtout les pastoraux ont tiré leur épingle du jeu. Cette faiblesse des revenus pose un vrai problème d’attractivité des métiers des filières ovines, voire de re-conception de certains systèmes, alors que les négociations de la future PAC et d’accords de libre-échange avec l’Océanie sont sources de nouvelles incertitudes.