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Valeur alimentaire des pailles

Publié le par Benoit Rouillé (Institut de l'Elevage)
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La paille de blé dur

La présence de barbes repose des problèmes particuliers à l'utilisation de paille de blé dur dans l'alimentation des vaches laitières ou pour la litière. Par analogie la paille d'orge, très appréciée et très utilisée pour l'alimentation des veaux durant l'allaitement et le post-sevrage, ne pose pas de problèmes particuliers. Par ailleurs il existe des blés tendres barbus dont la paille ne pose pas de problèmes pour le paillage des animaux. Il n'y a donc pas a priori d'obstacle à utiliser de la paille de blé dur, rentrée sèche et correctement stockée à l'abri de l'humidité.

La paille de lupin

A partir d’une donnée ancienne, la paille de lupin a une composition chimique intermédiaire entre celle du pois et celle de blé : 50 à 55 g MAT/kg MS, 415 g CB, 1 g P total et 7,5 g Ca. Les variétés actuelles de lupin doux doivent rapprocher les teneurs en MAT de celle de la paille de pois (à confirmer par des données récentes). La valeur alimentaire estimée à partir de cette comparaison entre pailles de pois et de blé serait donc supérieure à celle d’une bonne paille de blé : 0,48 UFL – 35 g PDIN et 55 g PDIE / kg de MS. Elle est moins riche en calcium que celle de pois. Avec cette première approche, et sans expérience d’utilisation par des animaux, son utilisation en remplacement de paille de céréales pour la ration des vaches ou pour l’alimentation de génisses apparaît possible. Dans un premier temps, il apparaît raisonnable de ne l’utiliser que partiellement dans la ration quotidienne d’animaux à faibles besoins, pour voir si des effets non prédits apparaissaient. Comme toute paille, son utilisation nécessite une récolte et un stockage permettant d’assurer un faible taux d’humidité (10 à 14 %) pour éviter le développement de moisissures et champignons qui diminuent son appétence, sa valeur sanitaire et son pouvoir absorbant. Cette paille est utilisée comme litière avec satisfaction par des éleveurs.

La paille de sorgho

La paille de sorgho grain est un fourrage 25 % moins encombrant qu’une paille de blé. Sa valeur alimentaire est supérieure à celle d’une bonne paille de blé : 0,54 UFL – 28 g PDIN et 53 g PDIE / kg de MS (INRA, 1988 ; une seule référence). Elle est moins riche en cellulose brute et sa matière organique est plus digestible (0,50 au lieu de 0,42). Son utilisation en remplacement de paille de céréales pour la ration des vaches ou pour l’alimentation de génisses apparaît possible. L’ingestion de la paille de sorgho peut être améliorée par son hachage avant distribution aux animaux quand elle constitue le fourrage principal de la ration. Sur la base d’un rendement de 10 t MS/ha donnant 6 à 8 tonnes de grains, on peut compter sur environ 3 t MS/ha en paille. Pour la récolte il faut laisser sécher avant pressage pour disposer d’une paille qui se conservera sainement. L’enrubannage coûte cher et l’on n’est pas sûr de garder le film sans trous, même si les tiges du sorgho sont plus fines que celles du maïs. L’idéal est de mettre une moissonneuse équipée d’un broyeur laissant un andain qui peut être ramassé au pick-up ensuite. Si l’on n’a pas de broyeur incorporé, il faut broyer derrière la récolte en grains. Il faut alors régler le broyeur de façon à laisser un andain. Sinon, il faudra andainer. Il faut également savoir que le sorgho (non coupé) a parfois la capacité de reverdir après les pluies, ce qui rend plus difficile l’obtention d’une paille sèche.

La paille de riz

Une valeur proche de celle de la paille de blé. La paille de riz récoltée sèche est un fourrage aussi encombrant qu’une paille de céréale. Sa valeur alimentaire s’apparente à celle d’une bonne paille de blé : 0,51 UFL – 23 g PDIN et 51 g PDIE / kg de MS (INRA, 1988). Cette paille est rugueuse et a une forte teneur en silice. Son utilisation comme fourrage doit être envisagée en association avec d’autres fourrages car cette paille présente des problèmes d’appétence en raison de son amertume ! Le hachage de la paille de riz avant distribution facilite son ingestion. Son utilisation en litière est également possible ; son pouvoir absorbant est moindre que celui de la paille de céréales à cause de sa très forte teneur en cendres (150 à 200 g / kg MS). Il sera encore abaissé si le taux d’humidité de la paille stockée est supérieur à 10-12 %. La paille de riz n’est pas conseillée seule en stabulation libre pour VL car elle a tendance à irriter les trayons ! Caractéristiques :  110 kg le m3 - 18-20 % de silice - pH = 8 - se décompose lentement dans les sols.

La paille de lin

La distribution de la paille de lin comme fourrage à des animaux est déconseillée, d’autant qu’il se forme des boules qui pourraient poser problème à l’ingestion voire encombrer durablement le rumen et en perturber le fonctionnement. En revanche le pouvoir absorbant observé de cette paille est supérieur à celui de la sciure. On peut donc recommander l’utilisation de paille de lin graines comme litière  à condition qu’elle soit préalablement hachée et conservée bien au sec.

La paille de lupin

La paille de lupin blanc est constituée de grosses tiges riches en parois (490 g de CB/kg MS) avec une bonne teneur en protéines (75 g/kg MS) mais qui semblent peu digestibles. Par comparaison avec les pailles de céréales et de pois-féverole, cette paille présente les caractéristiques suivantes : 0,40 UFL – 35 g PDIN et 50 g PDIE /kg MS. Cette paille est abrasive voire coupante ; il est conseillé de la hacher pour en faciliter l’ingestion par les animaux. La paille de variétés de lupins doux (pauvres en alcaloïdes) peut être distribuée aux vaches et génisses en association à d’autres fourrages ou concentrés. Pour aller plus loin sur l’appréciation nutritive, faire un prélèvement et analyser la teneur en MAT et en CB, voire mesurer la dcellMS (digestibilité pepsine cellulase). Les références sont rares ou anciennes. L’utilisation récente de paille de lupin jaune sur des moutons mesurait les teneurs en ADF à 588 g/kg MS et MAT à 67 g/kg MS. L’évaluation de son énergie métabolisable la met au niveau d’une paille de céréale ; son ingestibilité serait bonne (référence in "The utilization of lupinus luteus in sheep production in south of portugal", Abreu J. M., Instituto Superior de Agronomia in Advances in Lupin research, proceedings of the VIIth International Lupin Conference (Portugal)).

La paille de millet

La dénomination "millet" doit être précisée pour savoir si l’on a à faire à du Moha (proche du Millet d’Italie ; Setaria italica ; 1,5 m de haut environ) ou à du "Faux Millet" (Panicum miliaceum ; 1,0 m de haut environ). Ces pailles peuvent être distribuées à des bovins en association à d’autres fourrages et des concentrés. A partir de données nord-américaines, la paille de millet (Panic) apparaît comme un peu plus énergétique (+ 10 %) et un peu plus riche en protéines (10 à 20 %) qu’une paille de céréales, soit une valeur nutritive d’environ 0,48 UFL – 30 g PDIN – 50 g PDIE / kg MS. Il faut éviter de distribuer cette paille seule. Le millet, comme le seigle et l’avoine, concentre les nitrates en période de sécheresse. Dans la panse, ceux-ci sont transformés en nitrites, toxiques pour les animaux. Son utilisation en paille de litière reste une possibilité.

La paille de soja

Cette paille est plus proche de la paille de céréales que de celle du pois. A partir de données américaines (North Dakota University, 1999), la paille de soja est un peu plus riche en parois que les pailles de céréales et sa digestibilité serait un peu plus faible. Sa valeur énergétique sera donc plus faible que celle de ces pailles (- 10 % ?). Elle est moins pauvre en protéines que les pailles de céréales : 50 à 55 g MAT/kg MS. Cette paille serait donc une paille de céréales "riche" en protéines. Ces caractéristiques sont proches de 0,40 UFL - 30 g PDIN et 50 g PDIE /kg MS. La teneur en calcium est élevée (15 à 16 g/kgMS) comme pour beaucoup de légumineuses ; celle en phosphore est très modeste (0,6 g/kg MS).

La paille de colza

La paille de colza est plus riche en parois que les pailles de céréales : 200 à 250 g d’ADF, 400 à 450 g de CB et 80 à 120 g de lignine /kg MS. Sa valeur énergétique sera donc plus faible que celle de ces pailles dans une référence il n'est même accordé aucune valeur énergétique pour l'entretien et le gain de poids (North Dakota State Univ., 1999). La valeur protéique sera de même niveau ou à peine supérieure à celle de pailles de céréales. Distribuée à des moutons Mérinos de 55 kg (Abreu & Bruno-Soares, 1998), la digestibilité de la MO est faible 40,1 % ± 4,6 et les quantités de MS ingérées sont limitées (0,5 - 0,7 kg/j). Elle est aussi pauvre en protéines que les pailles de céréales : 20 à 50 g MAT/kg MS. Les caractéristiques sont 0,25 UFL - 20 g PDIN et 40 g PDIE /kg MS. Il apparaît indispensable que cette paille soit hachée en brins de 2 à 3 cm (coupe franche) et que les tiges soient éclatées dans le sens de la longueur. On peut conseiller 1 kg de paille de colza hachée par vache et par jour dans une ration complète pour vaches laitières. En cas de distribution de paille de colza, il est conseillé de disposer d'une paille récoltée bien sèche, stockée à l'abri de l'humidité, de l'utiliser en quantités limitées et de l'introduire progressivement dans la ration. La surveillance des animaux et l'observation de l'aspect des fèces restent des indicateurs du niveau d'utilisation dans le lot d'animaux.