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Une installation innovante en élevage et maraichage en circuit court

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Alimentation - Abreuvement Démarches de différenciation Bien-être Biodiversité et paysage Eau Gestion des effluents Production d'énergie Coûts de production Elevage et Société Evaluation environnementale Equipements d'élevage Qualité des produits laitiers Travail Revenu des éleveurs Bâtiment Economies d'énergie Bovin lait Autre filière Veau de boucherie
Une exploitation bio en interaction étroite avec une coopérative de consommateurs.
Jan, créateur et leader du projet, a développé un modèle original basé sur la commercialisation en directe d’une large gamme de produits bio auprès d’un grand nombre de consommateurs (environ 2400 familles) regroupés en coopérative. L’accès à des produits fermiers bio de qualité et la possibilité donnée aux adhérents de la coopérative de se sentir « acteurs du système », sont deux clés majeures de sa réussite en fidélisant la clientèle et permettant de fixer des prix de vente élevés.   

Liste des mots-clés à mettre en nuage :

Diversification - vaches laitières – races locales – produits laitiers -  légumes - œufs - gamme large - bio - vente directe - low cost - valorisation produits – qualité - entreprise – fourmilière - main-d’œuvre - système coopératif - association  - communauté - confiance - consom’acteur -  financement participatif - idéalisme 

 

Présentation rapide de la ferme

 

Lieu : Doorwerth

Eleveur : Jan Wieringa

 

Portrait de l’éleveur et historique du projet :

Jan (57 ans) rêve depuis tout petit d’être agriculteur. Après des études de zootechnie à Wageningen et un MBA international, il rejoint un institut de recherche sur l’alimentation et l’environnement, conduit un projet au Nicaragua, dirige un institut néerlandais sur l’AB puis  un organisme de commercialisation de produits bio.

Il s’installe en 1999 sur une ferme en location avec 8 vaches avec des convictions fortes : « produire en bio », « ce que veulent les consommateurs » (« l’enjeu c’est de vendre »), en valorisant les produits par la vente directe de produits de haute qualité. Après recherche, il a l’opportunité d’acheter la ferme actuelle. Il réalise une enquête auprès des habitants proches pour tester leur intérêt pour ses produits bio puis créer la coopérative de consommateurs après des retours très encourageants.

La SAU actuelle est de 50 ha avec 350 hectares de surfaces additionnelles de bois et landes en location auprès d’un organisme de conservation de la nature (réattribution tous les 5 ans). 

Cheptel et production laitière

 40 VL à 5500 kg/an en race locale « tête noire de Groningue » à petit effectif (700 VL actuellement). Une race intéressante sur le plan fromager du fait de variants génétiques intéressants sur les caséines.

Alimentation basée sur l’herbe, concentré limité à 1 à 1,5 kg / VL/jour.

Race rustique, peu sensible aux mammites, lait riche en protéine. 

Conduite des mâles sur parcelles éloignées (friches...).

Abattage à 2,5 ans. 

Maraîchage

Large gamme de légumes : salades, choux, courgettes, poivrons, aubergines, tomates …

Les légumes sont produits sur l’aire d’exercice de la stabulation libre des vaches et en plein champ.

 

 

Zoom sur les principales innovations

 

Un montage de projet innovant

Les clients sont membres de la coopérative (des « consom’acteurs »). Ils détiennent les vaches via un financement participatif (10 parts = 1 vache).

Des investisseurs propriétaires de la ferme «idéalistes militants» (pas de retour de dividendes). Jan est allé chercher dans la liste who's who des 500 plus riches hollandais de potentiels investisseurs. Il a trouvé via cette liste un voisin philanthrope et son père avec qui il partage le capital  (1/3 des parts chacun).

5 auto-entrepreneurs (2 à temps plein, 3 à temps partiel) composent le collectif de travail. Ils sont intéressés au résultat. Paiement à l’heure (ex en janvier : 13 €/h en semaine, 16 € le WE).

Une « armée » de bénévoles et stagiaires complète le collectif de travail.

Des magasins libre-service pour les adhérents

Toutes les productions issues de l’exploitation sont transformées et commercialisées en circuits courts : lait, légumes, viande bovine et œufs ainsi que du porc bio en achat/revente.

Les produits laitiers couvrent une large gamme : fromages frais et affinés (jusqu’à 1 an d’âge = excellent ! prix de 30€/kg), beurre, lait cru, yaourts, kéfir, etc.

La coopérative comprend actuellement 2400 familles (550 au lancement) qui s’approvisionnent directement à la ferme ou dans 4 magasins situés dans des villages proches avec un système de libre-service. Les adhérents possèdent une clé pour accéder aux magasins. Ils notent « en confiance » leurs achats sur un cahier ou via une application smartphone et sont prélevés directement sur leur compte à chaque fin de mois.

Les prix des produits sont élevés : « les plus chers des magasins bio »,  « on a sélectionné nos consommateurs avec le temps ».

4 portes ouvertes ont lieu chaque année. L’accès aux produits nécessite d’adhérer à la coopérative. Présence d’une grande salle de réunion conviviale avec un coin bar pour l’accueil des groupes, les réunions, les repas…    

Une stabulation originale « multi fonctions » 

Un nouveau bâtiment a été imaginé et conçu pour servir de stabulation libre pour les vaches l’hiver et de serre en période estivale pour les cultures maraichères. Le fumier est valorisé directement par les légumes après ajout d’une couche de terre. La fermentation du fumier apporte engrais et chaleur aux cultures dès le printemps.

 

L’hiver :

L’été :

 

 

Inscription dans la démarche étudiée 

 

Démarche indépendante construite au fil du temps avec les membres de la coopérative. La prise en compte des demandes des consommateurs est l’objet d’une « négociation directe » entre les deux parties (adhérents de la coopérative, producteurs) et d’un arbitrage final par ces derniers (Ex : expérimentation actuelle pour alimenter les veaux au pis de vaches (VL à cellules ou faiblement productrices) en réponse à des demandes d’adhérents d’améliorer le bien-être des veaux).

 

Nos étonnements / ce qui nous a marqué

 

Un système captif et élitiste

Le responsable de l'exploitation a un Master of Business Administration. Il a étudié l'intérêt des consommateurs (enquête) et a ciblé une niche bio. 

Il gère l’exploitation comme une entreprise, avec plusieurs boutiques et des clients fidélisés par la qualité des produits et par le sentiment d’être partie prenante de l’exploitation (« fierté de posséder une vache », travail bénévole sur l’exploitation, participation à des évènements conviviaux, …).

Il insiste beaucoup sur la qualité des produits. Les adhérents sont pour lui des « privilégiés » qui ont la chance d’accéder à des produits « haut de gamme », ce qui permet de fixer des prix rémunérateurs et régulièrement augmentés.

En cas de  manque de produits à vendre, un approvisionnement à l’extérieur en porcs ou fromage a lieu mais cela devrait diminuer à terme car il  considère que c’est tromper l’adhérent que de lui proposer des produits non issus de l’exploitation.

Un système très cadré, basé sur la responsabilisation des acteurs et la confiance

Les membres du collectif de travail sont des autoentrepreneurs : « pas de simples salariés car ils n’auraient pas la même implication sur l’exploitation. »  

Les membres de la coopérative sont responsabilisés et une confiance totale leur est accordée. Ils peuvent entrer 7 jours sur 7 et à toute heure pour prendre des produits et noter ce qu’ils ont pris sans aucune surveillance. Les oublis de noter, voir les vols semblent au final très exceptionnels.

Les membres du conseil d'administration sont choisis comme gestionnaires d'entreprise (pas de doléances individuelles, les « casse-pieds » ont été exclus). Les coopérateurs peuvent faire part (lors des AG par ex.)  de leurs désidératas sur les produits et les modes de production mais les éleveurs restent les seuls décideurs « on est une entreprise, pas une démocratie ! »

Une main-d’œuvre bénévole abondante

Le système mis en place bénéficie de stagiaires et de nombreux volontaires (présence de 0, 5 à 1 jour/sem., jusqu’à 20-30 membres de la coopérative) qui constituent une main-d’œuvre gratuite ce qui permet de gérer une exploitation très diversifiée. Jan affirme toutefois avoir été payé sur la base de 70 heures de travail par semaine sur le dernier mois.