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Sélectionner pour la résistance au parasitisme gastro-intestinal chez les caprins

Publié le par Olivier Ponthoreau (Capgènes)
Santé Caprin
L’infestation des petits ruminants par les parasites gastro-intestinaux constitue un problème important chez les animaux au pâturage. Outre les aspects sanitaires (anémie, amaigrissement, diarrhées, pouvant aller jusqu’à la mort de l’animal), les pertes économiques liées à la baisse de production peuvent être considérables à l’échelle d’un élevage. Les traitements anthelminthiques utilisés depuis plusieurs années ont entraîné au fil du temps, des formes de résistance des parasites, rendant compliquée la maitrise de ces pathogènes. Une alternative pourrait être de sélectionner des animaux résistants aux parasites en intégrant ce caractère dans les schémas de sélection. Les premiers résultats obtenus en ovins laitiers sont prometteurs. Ils montrent que la résistance au parasitisme est un caractère héritable et que l’excrétion des œufs est fortement réduite chez les animaux sélectionnés pour leur résistance au strongles gastro-intestinaux.

C’est dans ce contexte que le projet TEPACAP, financé par APISGENE et (Travaux Exploratoires sur le Parasitisme en Caprins), porté par les responsables professionnels de la filière caprine, a vu le jour. D’une durée de 3 ans, il a pour objectif d’étudier la résistance des boucs d’IA à un test d’infestation par des strongles gastro-intestinaux et donc à développer des solutions génétiques complémentaires aux gestions actuelles du parasitisme. Les partenaires du projet sont Capgènes, l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, INRAE, idele et Touraine Conseil Elevage.

Mise au point d’un protocole d’infestation

L’intensité d’excrétion d’œufs dans les matières fécales est corrélée au nombre de vers adultes et à la fertilité des vers femelles présents chez un animal. Ainsi, un animal excrétant peu d’œufs est peu infesté ou capable de réguler la ponte des vers femelles qu’il abrite, il sera considéré comme résistant. A l’opposé, un animal fort excréteur héberge un plus grand nombre de vers adultes et de vers femelles très fertiles et sera considéré comme sensible.

Afin que tous les animaux soient soumis à la même pression parasitaire (ce qui n’est pas le cas en conditions naturelles), un protocole d’infestation expérimentale sera mis en place. Les résultats obtenus chez les ovins laitiers ont montré que deux infestations successives séparées par une période de repos donnaient des résultats concluants. En s’appuyant sur ces résultats, l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse mettra au point, en relation avec Capgènes, un protocole de double infestation des boucs d’IA. L’impact de l’infestation des boucs sera mesuré par un suivi coproscopique (comptage des OPG (Œufs par Gramme de fèces)) et des prises de sang pour mesurer le taux d’anémie (hématocrite), par comparaison à un groupe témoin non infesté.

Mesure de l’impact de l’infestation sur la production de semence des boucs d’IA

Un lot de jeunes boucs ainsi qu’un lot de boucs adultes ayant déjà produit de la semence seront infestés. Ces boucs font l’objet d’un suivi longitudinal par Capgènes. L’objectif sera de vérifier que la double infestation des mâles n’a pas de conséquence sur la croissance des jeunes et ne détériore pas la capacité à produire de la semence des adultes. Pour ces derniers, on s’intéressera aux aspects quantitatifs (volume, concentration) et qualitatifs (mobilité et motilité après décongélation) de la production de semence. On regardera un éventuel impact sur le pouvoir fécondant en mesurant les anomalies des spermatozoïdes et en analysant les données de mises bas des chèvres inséminées.

Etude de la variabilité génétique de la résistance aux strongles

Une fois que le protocole aura été mis en place et que l’on aura mesuré l’impact de l’infestation sur un échantillon d’animaux, une cohorte entière de boucs sera phénotypée dans chaque race.

L’héritabilité pourra être estimée en s’appuyant sur une matrice de parenté génomique, dans la mesure où tous les mâles seront génotypés avec la puce 54K.

D’autre part, une étude exploratoire de la transmission de la résistance des boucs à leurs filles sera réalisée sur des chèvres au pâturage infestées en conditions naturelles, en s’appuyant sur des éleveurs engagés dans le programme Gènes Avenir et des fermes expérimentales. Le suivi coproscopique des filles de ces boucs permettra d’une part d’avoir une première réponse sur la transmission de la résistance aux nématodes gastro-intestinaux et d’autre part d’estimer les corrélations génétiques avec les caractères en sélection.

 

Cette publication a été réalisée dans le cadre de l'UMT GPR et a bénéficié de l'appui financier du Ministère de l'Agriculture et de la souveraineté Alimentaire.