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La mixité animale dans les fermes biologiques : encore des interrogations sur leurs performances…

Projet européen Mix-Enable

Publié le par Pierre Mischler (Institut de l'Elevage)
Démarches de différenciation Evaluation environnementale Coûts de production Revenu des éleveurs Bovin lait Bovin viande Caprin Ovin lait Ovin viande
Une analyse de l’effet de la mixité animale sur les performances de fermes commerciales biologiques a été réalisée dans le cadre du projet Mix-Enable. Le but était d’évaluer si la mixité animale, par rapport à des systèmes spécialisés avec un seul atelier a un effet positif ou négatif économiquement, ici sur le revenu de l’agriculteur, ramené à l’hectare, et sur l’environnement au travers de la balance azotée.

L’analyse présentée ici porte sur 2077 individus où l’atelier animal principal est soit en bovins laitiers (1365 individus) soit en bovins allaitants (712) pour un échantillon non constant sur 17 années. Les données sont issues de la base de données française, Inosys, la plus complète identifiée dans le projet Mix-Enable. Les fermes ont été classées en 3 catégories

  • Les fermes spécialisées, n’ayant qu’un atelier, de ruminants (spéR, 1612 individus))
  • Les fermes mixtes, avec 2 ateliers de ruminants ou plus (mixR, 377 individus)
  • Les fermes mixtes avec 1 atelier de ruminant et 1 de monogastriques (mixRM, 88 individus)

 

Les résultats montrent que les systèmes mixRM ont un produit brut nettement supérieur aux systèmes mix R et spé R. Ils ont aussi plus de charges opérationnelles et de structure, mais l’écart par rapport aux systèmes SpéR et mixR est plus faible que la hausse de produit brut. Au final le revenu par hectare reste supérieur dans les fermes mixRM (figure 1, exemple des élevages bovins viande), par rapport aux systèmes mixR et spéR (qui sont équivalents). Outre un revenu/ha supérieur, les fermes mixRM présentent également une variabilité plus faible du revenu entre fermes.

 

Figure 1 : résultat courant par hectare selon le type de mixité animale,
cas des fermes dont l’atelier principal est en bovins viande

 

Quel que soit le système, la marge brute des ruminants par hectare de surface fourragère principale (SFP) est cependant équivalente (figure 2).

 

Figure 2 : marge brute par hectare de SFP selon le type de mixité
animale, cas des fermes dont l’atelier principal est en bovins viande

 

En ce qui concerne la balance azotée, celle-ci est excédentaire pour les systèmes mixRM. L’explication réside dans la présence d’achats des aliments destinés aux monogastriques, qui introduisent de l’azote exogène dans le système d’exploitation.

 

Pour conclure, la mixité animale donne des résultats mitigés au vu de l’analyse de la base de données. Des gains de revenus par hectare, ne sont visibles qu’en présence de monogastriques, mais occasionnant cependant un excédent d’azote supérieur.    

 

L’effet positif sur le revenu/ha est probablement plutôt lié à un effet « addition d’ateliers » qu’à un effet « mixité », dans ces systèmes en agriculture biologique. Dans la BDD Inosys  mobilisée, nous ne disposons pas d’informations sur la manière dont les effluents sont valorisés sur les surfaces ni  sur la gestion de  l’alimentation (co-pâturage d’ovins et de bovins par exemple), qui nous permettraient de vérifier le niveau d’intégration entre ateliers. La balance azotée excédentaire traduisant probablement une valorisation insuffisante de l’azote organique et la plus faible autonomie en concentrés, dès lors que des monogastriques sont présents, laissent penser à un faible niveau d’intégration entre animaux et avec les végétaux.

 

Au vu de l’ensemble de ces résultats, la mixité animale n’a en apparence pas d’effet positif… ni négatif !

 

Pour en savoir plus sur le projet MIX-ENABLE :

 

https://www.facebook.com/Mix-Enable-1528955847215768/

 ou

CORE organic Cofund 

Les chiffres concernant le coût de production ou le prix de revient contenus dans cette publication ne peuvent pas être considérés comme des indicateurs de référence pour la contractualisation calculés par IDELE dans le cadre prévu par la loi EGALIM 2. Pour en savoir plus consultez nos pages Indicateurs de référence pour la contractualisation.