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Herbe et composition en acides gras de la viande bovine

Publié le par Jérôme Normand (Institut de l'Elevage), Dominique Gruffat (INRAE), Mathilde Vaillant (Institut de l'Elevage)
Qualité des produits carnés Bovin viande
D'après une récente synthèse publiée dans les Cahiers de Nutrition et de Diététiques, les rations d'engraissement à base d'herbe améliorent la qualité nutritionnelle des viandes bovines. De plus, la forme de présentation de l'herbe dans la ration joue un rôle important sur la composition en acides gras des viandes.

Une synthèse bibliographique rédigée par Jérôme Normand (Idele) et Dominique Gruffat (INRAE) et intitulée « L’engraissement des bovins avec des rations à base d’herbe améliore la qualité nutritionnelle des acides gras de leur viande », vient d’être publiée dans les Cahiers de Nutrition et de Diététique. Elle montre que comparativement à une finition à base d’ensilage de maïs ou de concentré, l’utilisation d’herbe dans la ration de finition des bovins permet de diminuer la teneur en lipides totaux de leur viande, tout en en augmentant les proportions des acides gras (AG) connus pour leurs propriétés bénéfiques sur la santé humaine : 18:3 n‑3, EPA (20:5 n‑3), DHA (22:6 n‑3) et CLA (acides linoléiques conjugués). Par ailleurs, les antioxydants présents dans l’herbe, permettent de limiter les phénomènes de lipoperoxydation de ces AG.

La forme de présentation de l’herbe joue un rôle important. Ces effets sont particulièrement marqués pour les gros bovins finis au pâturage, lorsque l’herbe consommée est jeune et feuillue. L’herbe conservée sous forme d’ensilage a un impact légèrement plus faible sur les teneurs en acides gras polyinsaturés n‑3 (AGPI n‑3) de la viande que l’herbe fraiche. La complémentation au pâturage avec du concentré ou une finition à l’auge avec de l’ensilage de maïs ou du concentré après une période de pâturage conduisent à une viande un peu plus grasse et moins riche en AGPI n‑3 qu’avec une finition uniquement à base de pâturage.

Finalement, les viandes bovines, qu’elles soient issues d’animaux finis à l’auge avec de l’ensilage de maïs ou du concentré, ou de bovins finis à base d’herbe, contribuent au respect des apports nutritionnels conseillés en lipides, tant au niveau de la quantité globale de lipides que pour chaque famille d’AG ou pour chaque AG (moins de 6 % des différents Apports Nutritionnels Conseillés). Les apports en AGPI n‑3 d’une viande issue d’animaux finis au pâturage sont toutefois deux fois plus importants que ceux d’une viande issue d’animaux finis à l’auge. Compte tenu des niveaux de consommation de viande bovine et du niveau de couverture des besoins en AGPI n-3 dans la population française, ces apports peuvent contribuer de façon non négligeable à la couverture des besoins dans le cadre d’un régime alimentaire équilibré.

Cette synthèse est disponible en libre-accès jusqu’au 15 février 2023 via le lien suivant : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0007996022001171

Par ailleurs, le projet multipartenarial BOVALHERB, porté par IDELE et réunissant différents partenaires techniques a démarré en 2023 pour investiguer les conduites alimentaires de finition à base d’herbe des femelles bovines allaitantes qui soient multi-performantes, y compris du point de vue de la qualité des viandes produites et de leur composition an AG, pour répondre aux attentes sociétales, tout en créant de la valeur ajoutée dans la filière. Les résultats de ce projet viendront compléter les manques identifiés dans la bibliographie.