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Préparer la visite d'élevage

Publié le par Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage)
Il est essentiel avant d'intervenir dans l'exploitation de recueillir un premier ensemble d'informations afin de mieux orienter l'enquête, les enregistrements et observations qui devront être faits ensuite en élevage.

Le document associé à cet article a été réalisé dans le cadre des travaux initiés par l’ANICAP en 2000. Il se propose d'aider au recueil des informations nécessaires à l'analyse de la situation du troupeau, préalablement à la visite d'élevage.

   

IMPERATIVEMENT AVANT LA VISITE 

 

Recueillir les informations disponibles sur l’exploitation

 

Un ensemble de documents doivent être préparés par l’éleveur et doivent être récupérés, si possible avant la visite en élevage, afin de permettre une première analyse, et de faire le point sur l’historique des problèmes de "cellules" dans l’exploitation.

          

  • Résultats de concentrations cellulaires de tank :
    Il est préférable de prendre les résultats de la laiterie mais on peut utiliser à défaut les résultats donnés par le contrôle laitier.
    Le fait de disposer d'un ordre de grandeur de l'impact économique des mammites dans le troupeau peut être un élément intéressant à apporter à la réflexion. Pour cela, il faudrait prendre en compte aussi bien les pénalités liées au paiement du lait à la qualité que les performances individuelles (fréquence des infections cliniques, estimation des pertes de production,...)

     

  • Concentrations cellulaires individuelles (ou à défaut CMT, s’ils ont été réalisés) : Historique sur 12 mois.
    Il est indispensable de disposer des résultats de l’ensemble des chèvres. La classification des animaux selon le nombre de dépassements des seuils de dépistage des infections facilite l’estimation du pourcentage de chèvres présumées infectées dans l’élevage. Si ce classement est possible par lot de mise-bas, il permettra une analyse plus facile des résultats de l’élevage, tout particulièrement aux périodes de tarissement et de mise-bas.

           

  • Relevé des mammites cliniques (avec des signes visibles), si elles ont été enregistrées.

              

  • Feuille de contrôle de la machine à traire (contrôle agréé) s’il a été réalisé depuis moins d’un an. En l’absence de contrôle ou si celui-ci a uniquement été réalisé par un agent non agréé, envisager de faire de réaliser un nouveau contrôle de l’installation de traite.

 

Contacter le contrôleur de l’installation de traite

 

Le contrôle et le réglage de la machine à traire sont des affaires de spécialistes. Or la maîtrise de la traite dans son ensemble (conception de l’installation, réglage et entretien de la machine, technique et hygiène de traite) est un point clef pour le contrôle des numérations cellulaires en élevage. Il est donc important d’avoir un avis objectif sur l’installation de traite : c’est celui d’un contrôleur AGREE.

    

* Prenez d’abord connaissance des résultats du dernier contrôle machine à traire

                        

  •  Les résultats des mesures des niveaux de vide, des débits et du contrôle des manchons trayeurs ne sont à prendre en compte que si le contrôle date de moins d’un an.

                        

  •  En l’absence de contrôle de l’installation, ou si le contrôle date de plus d’une année ou encore si celui-ci a été réalisé par un agent non agréé, il est nécessaire de réaliser rapidement un autre contrôle (éventuellement le réaliser après la visite de traite afin de pouvoir échanger avec le conseiller traite sur les éventuels dysfonctionnements ou incidents constatés). C’est un élément indispensable au diagnostic. 

                          

  •  Néanmoins sur les anciennes fiches de contrôle il est déjà possible de regarder tout ce qui ne relève pas de l’entretien mais de la conception de la machine à traire à savoir, les indications concernant la pente du lactoduc (encadré "Examen visuel"), les informations contenues dans l’encadré "Description de l’installation". Il faudra bien entendu s'assurer qu’aucune modification structurelle n’a été réalisée depuis.

                                       

 * Contactez le contrôleur machine à traire

  

Cet échange permet :

 
  • d'avoir une appréciation sur les griffes utilisées : Les caractéristiques des griffes et leur fonctionnement (système à ouverture / fermeture automatique ou non, ....) sont importants à connaître pour apprécier la technique de traite de l’éleveur (entrées d’air à la pose et/ou la dépose, coupure du vide).
 
  • d'obtenir des précisions sur les résultats du contrôle de la machine à traire, sur les modifications réalisées pendant le contrôle et sur celles restant à faire par l’éleveur.
 
  • si l’éleveur n’a pas fait les réparations recommandées, il peut aider à hiérarchiser les priorités.
 
  • si certaines valeurs après modifications semblent surprenantes, ce peut être un point de la discussion. Il y a certainement une raison qu’il faut connaître et discuter avec un spécialiste avant d’établir un diagnostic.

    En effet, les réglages de la machine à traire sont différents selon que l’on a affaire à des pots trayeurs, un lactoduc en ligne basse ou en ligne haute.

    Le bouclage de l’installation permet de diviser par 2 l’incidence d’éventuelles entrées d’air et donc modifie l’appréciation de la capacité de la réserve de vide. L’importance de la réserve de vide a une influence sur la maîtrise des fluctuations acycliques du vide (en relation avec d’éventuelles entrées d’air).

    Le choix entre une pulsation alternée ou une pulsation simultanée peut être conditionné par la capacité d’extraction du lait ; en cas de système d’évacuation du lait insuffisant, il peut être intéressant de choisir un système de traite avec pulsation alternée.

 

Photos S. Blain (SNGTV)

Photo R. de Cremoux (Idele)

 

* Noter les informations obtenues auprès du contrôleur "machine à traire"

AVANT OU AU COURS DE LA VISITE

 

Évolution des résultats de concentrations cellulaires mensuelles de tank au cours du suivi

  

Pour visualiser et conserver l’évolution des résultats de l’exploitation, deux présentations sont proposées dans le document ci-joint :

  • une courbe qui est certainement l’outil le plus visuel et qui apporte des informations sur la saisonnalité des résultats obtenus dans l’exploitation
  • un tableau qui permet de reporter les résultats réels avant et après le mois correspondant à la première visite dans l’exploitation (n).

                    

Préciser l’origine des informations recueillies pour les résultats de tank : Laiterie / Contrôle laitier. L’utilisation des informations issues de la laiterie est préférable, les estimations réalisées par le contrôle laitier à partir des résultats individuels des chèvres sous-estimant presque toujours la situation réelle (plafonnement à 9 999 000 mais aussi sous-estimation des valeurs élevées de concentrations cellulaires). Indiquer les résultats bruts de concentrations cellulaires de tank (par décade) ainsi que la moyenne mensuelle: en toute rigueur, si une moyenne est calculée, il devrait s’agir d’une moyenne géométrique.

 

Le niveau cellulaire des multipares et des primipares correspond soit au report des données issues du contrôle laitier (moyenne arithmétique pondérée par le volume), soit au calcul de la moyenne géométrique des résultats de ces 2 catégories d’animaux. Cette dernière possibilité est la plus juste car elle relativise mieux les résultats parfois très élevés de rares individus qui détériorent la moyenne globale sans être représentatifs de la situation réelle. C’est particulièrement vrai pour les primipares, moins nombreuses.

           

Appréciation de l’état sanitaire du troupeau et de son évolution au cours du suivi

 

* Rappels des définitions

  

  • Chèvres présumées infectées (inflammation mammaire modérée à forte) : plus de 2 résultats supérieurs à 750 000 cel/ml entre 15 et 250 j de lactation : chèvre "I" telle que classée par le contrôle laitier.
  • Chèvres présumées infectées avec une forte inflammation mammaire :
    plus de 3 résultats supérieurs à 2 millions cel/ml entre 15 et 250 j de lactation : chèvre "G" telle que classée par le contrôle laitier.
  • Chèvres présumées incurables parmi les chèvres infectées par des pathogènes majeurs :
    plus de 3 résultats supérieurs à 2 000 000 cel/ml à la lactation précédente et redémarrant au 1er ou au 2ème contrôle (au-delà de 15 jours de lactation) à plus de 2 millions cel/ml : chèvre "G*" telle que classée par le contrôle laitier.

 

 

Lors de suivis moins poussés (absence de contrôle laitier notamment), la suspicion d’infection aura lieu dès que le CMT (ou l’analyse "cellules") réalisé(e) vers le 250ème jour sera supérieur(e) ou égal(e) à 2 (ou à 750 000 cellules par ml) et les chèvres seront présumées fortement infectées dès que le CMT (ou l’analyse "cellules";) réalisé(e) vers le 250ème jour sera supérieur(e) ou égal(e) à 3 (ou à 2 000 000 de cellules par ml). Dans ce dernier cas, si, au redémarrage de la lactation, le CMT (ou l’analyse "cellules") est encore supérieur(e) ou égal(e) à 3 (ou à 2 000 000 de cellules par ml), les chèvres concernées seront considérées comme vraisemblablement incurables.

 

* Modes de calculs :

   

  • Pour chaque chèvre, le statut infectieux présumé est établi à partir de l’ensemble des résultats disponibles depuis le début de sa lactation.
    Si moins de 2 comptages cellulaires sont disponibles, on peut néanmoins établir un statut infectieux présumé qui sera un statut provisoire "par défaut".
    Les pourcentages sont établis par nombre moyen de chèvres traites sur la lactation considérée. Ils sont calculés sur le troupeau et pour les primipares. Si les lots intra-élevage sont des lots de mises-bas, ils pourront également être calculés par lot.
  • Le pourcentage de mammites cliniques correspond au nombre de demi-mamelles qui ont été atteintes sur le nombre moyen de chèvres traites sur la lactation considérée.
    A défaut, il pourra être calculé sur les 12 derniers mois (le préciser dans ce cas). Si une même demi-mamelle est infectée à plusieurs reprises au cours de la lactation, elle sera comptabilisée autant de fois qu’il y aura eu d’épisodes cliniques.

 

* Il est possible enfin de réaliser un bilan de la période sèche et de calculer :

  • le % de guérisons présumées,
  • le % de nouvelles infections présumées (majoritairement infections survenant en tout début de lactation).

            

Ces éléments sont précieux pour estimer :

  • l'importance des guérisons spontanées si l'éleveur ne réalise pas de traitement antibiotique au tarissement,
  • l'efficacité du traitement si une antibiothérapie a été faite (dans ce cas, faire attention aux calculs réalisés en cas de traitement sélectif et penser à prendre en compte la présence d'animaux incurables).

 

Enfin, le calcul du % d'infections précoces chez les primipares est intéressant à prendre en compte dans l'évaluation des mesures préventives mises en place.

  

POUR LA VISITE

  

Penser à emporter :

 

  1. les documents d’intervention
  2. une calculatrice
  3. un thermomètre
  4. un chronomètre
  5. une lampe de poche
  6. des gants jetables
  7. des surbottes

 

Penser à laisser sur l'exploitation :

 

  1. un document d’enregistrement des résultats tank
  2. un document d’enregistrement pour les mammites cliniques

 

Prévoir le prochain passage dans l’exploitation

 

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