CIIRPO Dossiers et publications Détail article 

Des luttes réussies et des fourrages à pâturer cet été

La lettre technique des éleveurs ovins N°53

Publié le par Laurence Sagot (Institut de l'Elevage)
Les prix toujours élevés des aliments incitent à favoriser le pâturage avec des espèces fourragères qui produisent en été. Les cours des agneaux encouragent à réussir les luttes.

 

Des conseils pour réussir les luttes naturelles de printemps et implanter des espèces fourragères à implanter cet été

Lutte naturelle de printemps : de nouvelles références

Selon les résultats d’une récente étude conduite en élevages (obtenus dans le cadre du projet So_Perfects piloté par le CIIRPO, financé par le Feader et la région Nouvelle-Aquitaine), quatre critères influencent particulièrement le taux de fertilité en luttes naturelles de printemps :

  • L’intervalle entre la date de la dernière mise bas et de la mise en lutte : le taux de fertilité dépasse 80 % lorsque cette durée est supérieure à 160 jours contre environ 60 % entre 80 et 160 jours. En dessous de 80 jours, il est de l’ordre de 40 %.
  • L’état corporel des brebis à l’introduction des béliers et son évolution pendant la lutte : si les brebis présentent une note d’état corporel supérieure ou égale à 3 (sur une échelle de 0 à 5, de très maigre à très grasse) en début de lutte, 90 % d’entre elles sont gestantes même si elles ne prennent pas de poids pendant la lutte. En revanche, si les femelles sont assez maigres (note d’état corporel strictement inférieure à 3), une prise d’état est nécessaire.
  • La réalisation de trois cycles de lutte, soit 51 jours : pour raccourcir la période d’agnelages, il est possible d’utiliser des béliers vasectomisés. Disposés dans les lots pendant 14 jours, ils sont ensuite remplacés par les mâles reproducteurs pendant deux cycles. Le taux de fertilité passe alors à 80 % contre 52 % pour une durée de lutte plus courte.
  • La régularité de la date de mise en lutte : le taux de fertilité est de 90 % lorsque d’une année sur l’autre, les béliers sont introduits à la même date (à une semaine près) contre 75 % avec plus de variabilité.

Des fourrages d’été semés au printemps

Semés en mai-juin, le colza et le sorgho fourragers sont des valeurs sûres à pâturer, sous réserve de conditions climatiques favorables. Le teff grass, le moha et le millet peuvent également être semés même si les références concernant leur pâturage sont peu nombreuses.

 

Le colza : « testé et éprouvé ! »

Le pâturage du colza fourrager est adapté à toutes les catégories d’animaux, y compris les agneaux en finition. L’apport d’aliment concentré n’est pas nécessaire : sa valeur alimentaire est élevée et stable. La plante est pâturée sans transition alimentaire deux mois minimum après sa levée. Avec de bonnes conditions météorologiques, elle mesure au moins 30 cm de hauteur soit un rendement de 2 à 3 tonnes de matière sèche par ha. Sans apport de concentré, 20 à 25 agneaux par ha peuvent être finis exclusivement avec du colza. Pour des brebis en lutte, compter 30 brebis par ha pendant un mois.

Le sorgho fourrager : à réserver aux animaux à faibles besoins

Les sorghos multicoupes sont à privilégier pour le pâturage. L’association avec des légumineuses présente peu d’intérêt en raison du développement rapide des sorghos qui leur laisse peu de lumière. Les suivis¹ réalisés en élevages en 2022 dans la Vienne font état de rendements entre 3 et 8 tonnes de matière sèche par ha. Compte tenu de sa valeur en protéines qui diminue rapidement, le pâturage du sorgho est adapté à des animaux avec des besoins faibles et modérés : brebis vides, en lutte, début et milieu de gestation. Enfin, il est conseillé d’attendre 60 cm de hauteur pour introduire les animaux sur la parcelle. En effet, les sorghos fourragers peuvent être toxiques car ils libèrent de l’acide cyanhydrique en se dégradant dans le rumen.

Un repère pour la fauche des méteils
«Pour avoir le meilleur compromis qualité/quantité pour les méteils fourrages, il faut faucher le méteil dès que les premiers pois fleurissent.
En revanche, si l’objectif est d’avoir la meilleure qualité possible, il faut récolter dès que l’épi de la céréale sort de la tige.»
Julien Vaisset, Chambre d’agriculture de la Creuse

Les prairies semées sous couvert

Avec des aléas climatiques toujours plus marqués, le semis sous couvert de céréales constitue un levier pour sécuriser l’implantation des prairies au printemps. Une première coupe est réalisée au plus tard au stade début épiaison de la céréale (juin). Elle donne rapidement un accès à la lumière aux plantules de la prairie implantée. De plus, la valeur alimentaire du fourrage récolté est correcte. Puis les repousses peuvent être pâturées ou fauchées 35 à 40 jours plus tard. La productivité de la première année du semis sous couvert est améliorée par rapport à un semis de prairie seule. Enfin, avec des conditions propices au développement de la prairie mais aussi des adventices au printemps, le couvert a également comme intérêt de limiter le salissement de la prairie.

C'est bon à savoir :
La période idéale pour les semis de printemps se situe généralement du 20/03 au 15/04, dès que la parcelle est ressuyée et le sol suffisamment réchauffé.

EXEMPLE DE SEMIS DE LUZERNE SOUS COUVERT D’ORGE DE PRINTEMPS

  • Dose de semis : 300 grains/m² pour l’orge de printemps et 25 kg/ha pour la luzerne,
  • À l’aide d’une bétonnière, mélanger les semences de luzerne avec les semences d’orge à l’abri de la lumière et ajouter de l’huile végétale afin de les lier,
  • Semer à 1 cm de profondeur,
  • Des semis sous couvert d’avoine de printemps sont aussi possibles en limitant l’avoine à 40-50 kg/ha pour ne pas étouffer la prairie. La céréale couvre rapidement le sol et présente une bonne appétence.
 

 

Documents à télécharger

Nous vous recommandons