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Regards croisés sur des filières bio : quel éclairage pour le lait bio en France ?

Publié le par Christine Goscianski (Institut de l'Elevage), Benoît Rubin (Institut de l'Elevage)
Les filières biologiques connaissent une période de turbulences, marquée à la fois par un recul de la consommation de produits bio et par des fragilités structurelles de la production. Dans ce contexte, il devient essentiel de mieux comprendre les dynamiques à l’œuvre pour identifier les leviers d’adaptation. Afin d’éclairer la situation actuelle de la filière lait bio en France et de dégager des pistes de solutions face à la crise, nous avons choisi de nous tourner vers d’autres filières biologiques. Chacune d’entre elles se distingue par son positionnement vis-à-vis du conventionnel, sa trajectoire de développement, la perception qu’en ont les consommateurs et ses stratégies de différenciation. Cette diversité constitue une source d’inspiration précieuse pour la filière laitière bio française. Quatre filières ont ainsi été étudiées : la filière viticole biologique, la filière porcine biologique, la filière textile éthique et biologique et la filière lait bio en Allemagne.

Alors que la filière lait bio française traverse une période de ralentissement, il devient essentiel de comprendre les dynamiques à l’œuvre dans d’autres filières confrontées à des défis similaires. L’analyse croisée du vin bio, du porc bio, du textile éthique et bio et du lait bio en Allemagne met en lumière les facteurs de réussite ou de fragilité des filières biologiques. Les plus résilientes s’appuient sur un soutien public clair et durable, une structuration économique solide et un récit collectif mobilisateur fondé sur des valeurs partagées.

La réussite passe par un positionnement lisible, une offre cohérente et une communication concrète sur les bénéfices de la bio : qualité, bien-être animal, lien au sol, juste rémunération. Le différentiel de prix devient acceptable pour le consommateur lorsque ces valeurs sont comprises et incarnées. À l’inverse, la suroffre, la banalisation de la bio ou le désengagement de la distribution fragilisent la filière.

Le lait bio français doit redonner du sens à son positionnement, en s’inspirant des expériences réussies comme celles du vin bio ou du lait bio allemand. Cela suppose de clarifier ses engagements, de renforcer la régulation du marché et de stabiliser les relations entre acteurs.

Enfin, la filière doit intégrer davantage la dimension territoriale et climatique, en soutenant des systèmes plus autonomes et adaptés aux ressources locales.