Mieux valoriser l'herbe
OV_Faire des reports sur pied pour allonger la période de pâturage en période estivale
Description et intérêts de ce levier
- Dans le principe, il s’agit de reporter un excédent d’herbe de fin de printemps sur la période estivale par un allongement des cycles et la maîtrise de l’épiaison.
- En pratique, il s’agit de laisser vieillir tout ou partie des repousses d’une ou plusieurs parcelles, lorsque la croissance est supérieure aux besoins des animaux. Cette herbe s'accumule progressivement dans les pâtures. Elle sera consommée plus tard lorsque la pousse de l'herbe redeviendra inférieure à la consommation des animaux.
- Les stocks sur pied peuvent se faire tout au long de l'année mais la période privilégiée reste généralement le mois de juin
Intérêt
Autonomie fourragère
L’impact sur l’autonomie fourragère va essentiellement dépendre de la façon dont ses stocks sur pied seront valoriser avec comme enjeux celui de limiter les pertes notamment par piétinement.
Autonomie protéique
Le choix des espèces est particulièrement important par rapport au maintien d’une bonne teneur en MAT : jouer la carte des prairies multi-espèces riches en légumineuses.
Changement
Itinéraire technique
Le principal enjeu sera d’adopter une conduite de la prairie qui valorise au mieux ces stocks et limite les pertes par piétinement qui peuvent être importantes. L’adoption d’un pâturage tournant rapide est fortement conseillée.
Itinéraire zootechnique
Ces couverts seront plutôt valoriser avec des lots à besoins faibles ou modestes.
Impact
Economique
On cherche avec cette pratique à éviter des coûts de récolte et de distribution, au prix d’une certaine perte de biomasse utilisable.
Environnemental
La richesse en légumineuses de ces couverts est favorable à la biodiversité.
Social
Cette pratique diminue le travail de récolte mais aussi de distribution des fourrages.
OV_Faire des reports sur pied pour allonger la période de pâturage en période estivale
En pratique
Les conditions pour la réalisation de stocks sur pied
- La réalisation de stocks sur pieds s’inscrit dans une gestion organisée et planifiée du pâturage. L’enjeu est de disposer d’un stock de qualité satisfaisante. Le choix des parcelles sera largement anticipé, dès le début du printemps de façon à ce que la constitution du stock intervienne au bon moment. Le taux de légumineuse est un élément à prendre en compte.
- Les reports sur pieds sont réalisés sur des repousses intervenant après la période d'épiaison des graminées de façon à maitriser les épis. Avec des prairies d'association ou multi-espèces, cette maîtrise est réalisée par la fauche ou le pâturage de mi-mai à début juin.
- La pratique du pâturage tournant est une condition essentielle pour répondre à la première condition et pour valoriser au mieux ces stocks. Au plus le pâturage tournant est rapide au plus cette pratique montrera ces atouts. Le pâturage dynamique, ou la conduite en fil avant sont les techniques de pâturage les plus efficaces.
- Disposer de parcelles à bonne réserve en eau. Les sols profonds à bonne réserve en eau se prêtent mieux aux stocks sur pied car le couvert végétal y est moins sensible au desséchement. Dans les parcelles superficielles (sols de moins de 20 cm de profondeur) et/ou très caillouteuses, des stocks sur pied peuvent également être constitués en juin mais ils peuvent malheureusement se dessécher rapidement les jours de forte chaleur. On préfèrera des mélanges multiespèces à base de dactyle, de fétuque élevée et riches en légumineuses.
La richesse en légumineuses est également un atout et cette pratique peut tout à fait s’envisager sur de la luzerne ou du Tréfle Violet cultivés en pure. La proportion de feuilles qui est l’organe essentiellement consommé par les ovins et qui concentre l’essentiel de l’énergie et de la protéine est relativement stable dans le temps. De même, malgré un temps de repousse relativement long (40 à 50 jours par exemple), les prairies riches en trèfle blanc (30 à 40 % de trèfle au printemps, 50 % ou plus l'été) peuvent conserver une bonne valeur alimentaire contrairement à celles de graminées pures.
Tableau 1 : Composition chimique et valeur alimentaire de l’herbe selon la date d’utilisation et l’âge de repousse (/kg MS)
Cycles – Dates – Age de la repousse (jours) | % TB | % MS | MAT | CB | Digestibilité MO | UFL | PDIN | PDIE | UEL |
7/5 au 4/6 (42 à 70 j) | 14.5 | 17.8 | 119 | 265 | 0.75 | 0.9 | 75 | 84 | 1.06 |
1/7 au 6/8 (42 à 77 j) | 36.2 | 25.2 | 124 | 263 | 0.69 | 0.81 | 78 | 81 | 0.97 |
25/8 au 13/10 (42 à 92 j) | 40.5 | 18.1 | 187 | 238 | 0.72 | 0.83 | 117 | 93 | 1.22 |
Risques, limites, points de vigilance
Si dans le cas de prairies riches en légumineuses cette pratique permet de diminuer les consommations de concentrés, notamment en protéine, dans d’autres situations elle s’adresse essentiellement à des animaux à faibles besoins et l’impact est essentiellement sur les coûts de récolte.
Interaction avec d'autres pistes
Valoriser l’herbe d’automne