Mieux valoriser l'herbe
OV_Connaitre les différentes techniques de pâturage
Description et intérêts de ce levier
- Le mode de gestion du pâturage a un impact important sur la valorisation du potentiel de production des prairies, sur la sensibilité du système à des épisodes de sécheresses notamment, et plus globalement sa capacité à s’adapter aux variations de production de la prairie.
- De nombreuses études ont montré qu’on augmentait la productivité des prairies lorsque l’on passait d’un pâturage continu à un pâturage tournant.
- La pratique d’un pâturage à des niveaux de chargements instantanés élevés pour des temps de séjour courts sur de petites unités parcellaires, encore appelé pâturage cellulaire ou dynamique permet en outre de valoriser au mieux la ressource y compris pour des hauteurs importantes.
Intérêt
Autonomie fourragère
Le pâturage tournant permet d’extérioriser et de valoriser au mieux le potentiel de production d’une prairie. Par rapport à un pâturage continu le gain est évalué à environ 20 %.
Autonomie protéique
En valorisant au maximum l’herbe par le pâturage, les besoins en concentrés protéique mais aussi énergétique sont moins élevés.
Changement
Itinéraire technique
La conduite en pâturage tournant va avoir un certain nombre de conséquences sur le plan du travail, de la préparation des clôtures en veillant particulièrement au point d’eau, à leur entretien tout au long de la saison.
Itinéraire zootechnique
La performance animale sera en partie dépendante de la maitrise de la conduite du pâturage mais aussi du parasitisme notamment des jeunes animaux. Des règles sont à respecter. La décision de mise à l’herbe impacte fortement sur la réussite de la saison du pâturage. Elle doit être parfaitement anticipée en s’appuyant sur les références locales.
Impact
Economique
- Un pâturage organisé permet d’augmenter la production fourragère et donc l’autonomie fourragère, et ainsi limiter l’achat d’intrant.
- Davantage de pâturage contribue à la diminution des stocks fourragers coûteux en mécanisation pour la récolte et la distribution.
- Cette pratique nécessite d'investir dans les clôtures et l’abreuvement.
Environnemental
Un parcellaire plus fonctionnel combiné à une gestion plus efficace du pâturage permet de limiter le temps de présence en bâtiment et les émissions de méthane.
Social
Un parcellaire bien organisé permet d'améliorer le confort des animaux et les conditions de travail de l'éleveur.
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En pratique
Préparer et organiser la conduite du pâturage des différents lots
La conduite en pâturage tournant repose sur la possibilité de disposer pour les différents lots présents d’un nombre de paddocks qui permette une rotation. Compte tenu des règles admises en termes de temps de repos et de temps de séjour sur un paddock on considère qu’un minimum de 5 paddocks est nécessaire par lot sachant que 1 ou 2 paddocks seront destinée pour la constitution de stocks. Un pâturage au fil avant ou en cellule qui associe temps séjours courts, de 1 à 2 jours, et chargements instantanés élevés, de 500 à 1000 brebis/ha peuvent aussi s’envisager. Des matériels de pose, de manipulation de clôture, faciles à mettre en œuvre, à l’aide d’un quad, sont aujourd’hui proposés et facilitent le travail.
Respecter des règles de gestion et d’ajustement
Pour une bonne gestion du pâturage, notamment au printemps, le critère le plus important est celui des jours d’avance qui n’est rien d’autre qu’une évaluation du nombre de rations possibles avec l’herbe présente. L’enjeu est simple : limiter le risque de manquer d’herbe notamment en tout début de printemps et ne pas se faire déborder non plus. Les repères proposés dépendent de la période et de la production quotidienne d’herbe espérée. Au tout début du printemps, lorsque la végétation ne fait que redémarrer il est souhaitable de disposer d’environ 25 à 30 jours d’avance. En plein printemps, seul 10 à 15 jours d’avance suffisent.
Le second critère important est celui de la hauteur de l’herbe qui doit être modulée en fonction :
- du niveau d’ingestion recherché, lui-même fonction de la catégorie animale et de ses niveaux de besoins. La hauteur de fin de pâturage d’un paddock sera fonction de la hauteur à la sortie.
- de la capacité de repousse après exploitation. Le critère le plus important est alors celui de la présence de limbes vertes. Cette couleur doit dominer.
Enfin, le dernier critère important est celui du temps de repos entre deux passages. Il doit être suffisant pour maximiser le potentiel de production de la prairie. Selon l’état de sortie et la vitesse de croissance de l’herbe il peut osciller entre 15 jours, plein printemps avec une prairie encore bien verte en sortie et 30 jours maximum après un pâturage bas au niveau de la gaine des feuilles de graminées.
Bien anticiper la mise à l’herbe
Il est classiquement recommandé de mettre à l’herbe lorsque la somme des températures atteint les 300 °C. Dans un contexte peu chargé, moins de 7 brebis par ha, la mise à l’herbe pourra se faire plus précocement sur la base des repères données ci-dessus.
Risques, limites, points de vigilance
Le risque principal, avec les ovins, est de devoir faire face à des conditions peu poussantes. Celui-ci est cependant limité par le respect des règles données ci-dessus.
Interaction avec d'autres pistes
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