Mieux valoriser l'herbe
CAP_Mettre à l'herbe précocemment
Description et intérêts de ce levier
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Mettre à l’herbe tôt au printemps permet d’anticiper la pousse de l’herbe et ainsi d’éviter de se laisser dépasser par cette pousse. Le maintien de la qualité de l’herbe tout au long de la saison de pâturage doit être la priorité de l’éleveur, et est fortement dépendante de la date de sortie des animaux et du mode d’utilisation des parcelles.
Intérêt
Autonomie fourragère
La valorisation précoce des prairies permet de diminuer la quantité de fourrage distribuée à l’auge sans pour autant affecter le rendement fourrager des prairies. La fertilisation doit de ce fait être adaptée en particulier au niveau azoté pour les prairies à base de graminées. La qualité des fourrages obtenue est souvent meilleure.
Autonomie protéique
L’herbe pâturée de bonne qualité contribue à l’équilibre de la ration. Ainsi, une valorisation précoce de l’herbe permet, du fait de sa teneur élevée en protéines, de limiter les apports dans la ration. L’ajustement de la complémentation en concentré dépendra directement des objectifs de production.
Changement
Itinéraire technique
Nécessité d'avoir un parcellaire adapté et de disposer de parcelles précoces et portantes pour assurer cette mise à l’herbe précoce.
Itinéraire zootechnique
Plus le pâturage aura un poids important dans l’alimentation, plus l’incidence de la date de démarrage de la sortie des chèvres, impactera les résultats zootechniques.
La transition alimentaire d’une alimentation hivernale vers un système pâturant devra être progressive. Dans le cas d’une mise à l’herbe précoce, la transition sera plus longue, l’ajustement des compléments de fourrage à l’auge sera directement lié aux disponibilités fourragères sur les parcelles.
Impact
Economique
Une meilleure valorisation des parcelles participera à la diminution du coût alimentaire en limitant l’utilisation des stocks et la quantité de concentrés produite ou achetée.
Environnemental
Avec des objectifs de production équivalents, une meilleure valorisation de l’herbe limitera « l’empreinte carbone » de l’exploitation.
Social
L’optimisation du pâturage permettra de diminuer le travail d’astreinte en bâtiments.
CAP_Mettre à l'herbe précocemment
En pratique
Une mise à l’herbe précoce, pourquoi faire ?...
- Pour la prairie, une mise à l’herbe précoce permet de créer rapidement un décalage dans les stades de repousse entre les différents paddocks. Le premier passage favorise le tallage des graminées et l’accès à la lumière des légumineuses. Des prélèvements précoces faciliteront la constitution de stocks, la date de fauche se trouvant retardée.
- Pour l’animal, ce passage progressif à l’herbe permet d’assurer une transition alimentaire pour les chèvres (2 à 4 semaines). Plus la sortie sera précoce, plus la transition sera longue et limitera le risque d’apparition de maladies métaboliques.
Quand faut-il faire la mise à l’herbe ?
- La date de la mise à l’herbe se raisonne en fonction du départ en végétation et de la croissance de l’herbe.
- Idéalement, les chèvres sortent dès les premières pousses vertes à la sortie de l’hiver. Les sommes de températures nécessaires sont par exemple de 330° jours pour la production d’une talle à 3 feuilles avec du RGA. En France, elle se situe entre début février et fin mars selon les contextes pédoclimatiques (voir tableau 1).
Tableau 1 : période de mise à l’herbe en fonction de la zone géographique
Région Centre – zone de plaine | Entre début mars et fin mars |
Région Sud-Est | Début février |
Sud – zone de plaine ou vallée du Rhône (altitude <400 m) | Mi-février à début mars |
Région de montagne – altitude > 800 m | Fin mars à début avril |
Avec quel mode d’emploi…
- Sortir les animaux de manière progressive (quelques heures les premiers jours) en veillant à ne pas introduire un nouveau fourrage pendant cette période.
- En périodes de transition, adapter le temps d’accès au pâturage et la complémentation de fourrage d’appoint. La complémentation en fourrage sera importante dans un premier temps et sera diminuée progressivement au fur et à mesure des disponibilités en herbe. On observe souvent une préférence des chèvres pour l’herbe fraîche par rapport au fourrage sec. De ce fait, le pilotage journalier se fait très simplement en adaptant la quantité de fourrage à distribuer à l’auge en évaluant la quantité de refus de la veille. Celui-ci sera maintenu à environ 15%. Tant que le temps d’accès aux parcelles sera inférieur à 10 heures/jour, la complémentation de fourrage à l’auge sera maintenue.
- Le fourrage sera distribué de préférence le matin lors des premières semaines.
Avec quels ajustements ?...
- Eviter de sortir les chèvres dont les mises-bas sont prévues pendant cette période de transition
- Adapter les durées de pâturage journalier en fonction des conditions météorologiques. La pluie ne doit pas empêcher la sortie précoce des chèvres au pâturage (à condition que celle-ci ne soit ni battante ni continue sur la journée). Le vent et le froid, associé à une forte humidité de l’air, est une combinaison qui peut rendre les conditions d’ambiance trop désagréable à la chèvre pour permettre le pâturage.
Risques, limites, points de vigilance
Avoir des animaux indemnes de parasites (en particulier au niveau des strongles digestifs) en tout début de saison de pâturage, pour éviter l’infestation précoce des parcelles.
S’interdire l’utilisation des ovins sur les parcelles qui seront valorisées par les chèvres (augmentation élevée du risque parasitaire)
En fin de saison précédente veiller à limiter un résiduel d’herbe important sur les parcelles.
Interaction avec d'autres pistes
Connaître les différentes techniques de pâturage
Gérer les refus dans ses prairies
Si présence de bovins ou d’équins, utiliser l’ensemble des animaux pour déprimer les parcelles.
Pour aller plus loin
Fiche proposée par :
novembre 2019