


Produire plus de ressources fourragères


CAP_Augmenter les surfaces de SFP ou SCOP



Description et intérêts de ce levier
- Accroître l’autonomie alimentaire et protéique du troupeau peut passer par l’augmentation des surfaces fourragères et/ou des cultures riches en protéines. A SAU constante, il faut modifier l’assolement et les successions (rotations) de cultures. Une alternative est l’accroissement de la SAU, qui ne sera pas traitée dans cette fiche.
- Agronomiquement l’introduction de luzerne, de prairies temporaires ou de cultures protéagineuses (par exemple) permet d’allonger et/ou équilibrer les rotations. Il est ainsi possible de maîtriser plus facilement les risques de maladies des cultures, les adventices etde réduire la dépendance aux achats d’engrais minéraux et aux produits phytopharmaceutiques.
- L’accroissement des ressources alimentaires auto-produites permet à l’éleveur de maîtriser la traçabilité des aliments donnés aux animaux.

Intérêt

Autonomie fourragère

L’autonomie fourragère est améliorée, voire sécurisée: la luzerne, les prairies temporaires peuvent se cultiver dans de nombreuses régions de France.

Autonomie protéique

Une fois les fourrages ou cultures incluant des légumineuses implantés, les besoins protéiques du troupeau sont plus facilement couverts.

Changement

Itinéraire technique

L’impact des prairies temporaire, luzerne et protéagineux sur les cultures se traduit par une réduction d’usage facilitée des phytosanitaires et de l’azote minéral à l’échelle de la rotation : elles permettent de casser le cycle d’adventices, maladies et ravageurs nécessitant l’usage de pesticides, la luzerne, les protéagineux, fixent l’azote atmosphérique et comme les PT si elles incluent des légumineuses. L’implantation de la luzerne et des prairies doit en revanche se faire avec soin car les graines sont petites : rappuyer le lit de semence permet de faciliter la germination des graines.

Itinéraire zootechnique

Les apports nutritionnels permis par ces fourrages riches en protéines doivent être pris en compte pour composer les nouvelles rations et la quantité de concentrés est à adapter

Impact

Economique

L’impact dépend de la conjoncture économique : le manque à gagner lié à la réduction des surfaces de cultures de vente peut être compensé par un léger gain de rendement sur une culture suivant une légumineuse et des économies induites sur la fertilisation azotée et les pesticides (exemples de la suppression du blé sur blé moins productif, réduction de la pression en adventices, …). Cependant ces effets individuels sont parfois peu visibles, c’est leur cumul qui permet un effet positif, quand le prix des cultures est à la baisse. L’effet positif peut être réduit ou parfois négatif si les prix des cultures sont élevés. Cependant, les bénéfices agronomiques à court et long terme n’étant pas toujours pris en compte, dans les calculs, l’intérêt économique peut être légèrement sous-estimé.

Environnemental

La réduction de fertilisation azotée et de pesticides permises en cultures (avec introduction des légumineuses et des prairies temporaires) contribue à la réduction du bilan azoté à l’échelle de la ferme et de l’Indice de Fréquence de Traitements en phytosanitaires (IFT). Diversifier les cultures est bénéfique pour la biodiversité. Le développement de prairies temporaires pour l’élevage limite les pertes de carbone du sol.

Social

L’introduction d’une nouvelle espèce végétale peut entraîner une réorganisation des chantiers et entrer en conflit avec certains d’entre eux ou la conduite du troupeau. A contrario une implantation de l’espèce à une période sans vêlages peut parfaitement s’intégrer dans des rotations très céréalières.

CAP_Augmenter les surfaces de SFP ou SCOP

En pratique
Accroître les surfaces en légumineuses fourragères : un équilibre économique et agronomique
Dans un système de polyculture-élevage allaitant naisseur-engraisseur en Normandie, avec 106 UGB de 157 ha, avec 42 ha de prairies naturelles et 7 ha de maïs une simulation d’introduction de luzerne a été réalisée. Elle induit un baisse des surfaces de céréales (4 ha) de maïs fourrage (2.3 ha) et un chargement qui passe de 2.2 à 2 UGB/ha. Au niveau animal des économies importantes sont faites sur les tourteaux de soja et globalement la consommation de concentrés passe de 551 à 424 kg/UGB. Le gain d’EBE est modeste, + 1600€, à production égale. . On peut y ajouter 700€ en incluant les gains agronomiques rien que sur le blé suivant la luzerne.
Accroître les surfaces en protéagineux : économiquement en débat, agronomiquement solide
Cet exemple sur un système associant cultures et élevage allaitant en Rhône-Alpes a comparé 4 scénarios d’introduction de légumineuses : (1) luzerne, (2) soja, (3) pois et (4) féverole, et 3 hypothèses de prix : bas, moyens et élevés. La ferme comprend 135 UGB de 198 ha dont 8 en maïs fourrage et 70 ha en prairies temporaires et 120 ha cultures de vente. Hormis le résultat positif de la luzerne, l’introduction de protéagineux n’a pas d’effet positif sur l’EBE. Seuls les cas de prix bas sont moins défavorables ou équilibrés. Les économies d’engrais ne suffisent pas à compenser la baisse de production des cultures.

Figure 1 : effet de l’introduction d’une luzerne sur l’EBE (plaquette PAC Normandie)
- La recherche d’autonomie permet ici de réduire les achats d’aliments de 37%.
- L’enrubannage de luzerne peut accroitre le temps de travail, mais recours possible à l’entreprise

Figure 2 : effet de l’introduction de légumineuses sur l’EBE (Laurent et al, 2015)
- Réduction de 66 à 100% en besoins de tourteaux de colza
- Ce système avec une forte proportion d’herbe dans l’assolement, réduit le risque de déstockage du carbone dans le sol et donc sa fertilité

Risques, limites, points de vigilance

Interaction avec d'autres pistes
