Adapter la conduite du troupeau
BV_Diminuer l'IVV Pour réduire les UGB improductives
Description et intérêts de ce levier
- L’IVV (Intervalle Vêlage-Vêlage : intervalle moyen entre 2 vêlages) est l’indicateur de fécondité du troupeau. Son allongement a une conséquence directe sur la productivité technique du troupeau : il manque des veaux et donc de la viande produite au regard de l’unité de production exprimée en nombre de vaches (reproductrices) ou d’UGB (reproductrices et renouvellement).
- Diminuer l’IVV revient à réduire le temps d’improductivité des reproductrices ainsi que les besoins d’entretien et d’alimentation des animaux improductifs : c’est un levier zootechnique pour gagner en autonomie alimentaire.
- 2 voies d’amélioration sont possibles, au cœur de la « conduite de la reproduction » : améliorer la fertilité des reproductrices et éliminer l’improductivité par une politique de réforme.
Intérêt
Autonomie fourragère
L’élimination des UGB improductives permet de baisser les besoins fourragers du troupeau et donc le chargement ou les surfaces utilisées par le troupeau. A UGB constants, il n’y a pas d’impact sur le niveau d’autonomie fourragère mais une meilleure valorisation de la ressource.
Autonomie protéique
La baisse de l’improductivité du troupeau n’a pas d’impact sur le niveau d’autonomie protéique mais elle entraine une baisse du gaspillage.
Changement
Itinéraire technique
L’amélioration de l’IVV s’inscrit dans une stratégie de conduite de la reproduction qui peut entrainer des modifications de conduite du troupeau et du système d’alimentation.
Itinéraire zootechnique
L’amélioration de la fécondité peut passer par la voie génétique (Index EFCAR) ou par l’amélioration de la conduite de la reproduction via différents leviers : taux de renouvellement, regroupement des vêlages, flushing, politique de réforme, période de reproduction et de vêlages…
Impact
Economique
Le coût de l’improductivité peut se compter soit en charges d’entretien inutiles (alimentaires et place en bâtiment), soit en manque à gagner sur les veaux manquants : un allongement de 20 jours d’IVV moyen (1 cycle) entraine un manque de 7% de veaux.
Environnemental
L’entretien d’UGB improductives dégrade les indicateurs techniques et environnementaux lorsqu’ils sont ramenés à l’unité de production (kg de viande vive produite).
Social
L’impact sur le travail est variable selon le levier utilisé pour améliorer la fécondité du troupeau. De manière générale, un meilleur suivi de la reproduction peut entrainer du temps de surveillance supplémentaire. Cependant, les modifications de conduite permettent souvent de rationaliser et d’optimiser le temps de travail (regroupement des vêlages par exemple…).
BV_Diminuer l'IVV Pour réduire les UGB improductives
En pratique
Diagnostic reproduction pour situer sa marge de progrès
L’identification généralisée permet de calculer automatiquement des indicateurs de reproduction simplifiés, disponibles sous forme de Tableau de Bord Vache Allaitante ou Bilan de Repro simplifié selon les régions, qui donne à minima par campagne : le taux de renouvellement, l’âge au 1er vêlage, le taux de mortalité des veaux (autour du vêlage et avant sevrage), l’IVV moyen et l’IVV 1er-2ème vêlage. Un logiciel de suivi de troupeau ou le suivi par les Bovins Croissance permet également l’édition du bilan de reproduction complet, avec en plus le taux de gestation (nombre de femelles pleines/mises à la reproduction).
Tableau 1. Objectifs par race
Indicateurs de reproduction | Charolaise | Limousine | Blonde d’Aquitaine |
Taux de gestation | > 92% | > 95% | > 92% |
IVV moyen | < 385 jours | <370 jours | < 390 jours |
IVV 1-2 | < 400 jours | <390 jours | < 410 jours |
Age au 1er vêlage | 2 ans, 30 mois, 3 ans maximum (en cohérence avec les contraintes de l’exploitation) | ||
Taux renouvellement | De 15% (peu de sécurité) à 25% (sécurité). Au-delà UGB renouvellement improductives |
Adapter l’alimentation des génisses et primipares
Pas de sous-alimentation avant la puberté (assurer croissance et le développement squelettique) et pas, non plus, de sur-alimentation pour éviter le gras qui dégrade la fertilité et les conditions de vêlages. Avec les génisses la contrainte est la capacité d’ingestion limitée. Les rations doivent viser 90 g PDI/UF et 0,8-0,9 UF/kg MS. L’effet saison joue sur la fécondité des primipares.
Viser une reprise d’état corporel en période de reproduction
En cas de déséquilibres alimentaires des vaches allaitantes, la 1ère fonction qui se dégrade est la reproduction (cyclicité et fécondité. Pour garantir une bonne fécondité, il faut viser une reprise de poids et une amélioration de l’état corporel (NEC entre 1,5 et 3) en augmentant les apports énergétiques durant le mois précédant la période de reproduction. Attention aux excès d’azote dégradable et aux carences (ou excès) de minéraux et vitamines qui nuisent à la fertilité.
Surveillance des chaleurs
Il existe différents outils pour aider à la surveillance des chaleurs : marqueurs de chevauchements, monitoring (chevauchement, podomètre, accéléromètre, analyseur hormonal…) sans oublier le bon vieux planning de fécondité pour en faire le suivi.
Tableau 2 : Notes moyennes données par les éleveurs allaitants pour juger la fiabilité des signes de chaleur (1= peu fiable ; 10=tout à fait fiable)
Signe | Note / 20 |
Acceptation du chevauchement | 9,3 ± 1,2 |
Présence de glaires | 8,2 ± 2,0 |
Chevauchement | 7,1 ± 2,4 |
Planning | 6,3 ± 3,3 |
Flairage | 5,9 ± 2,4 |
Nervosité | 5,2 ± 2,7 |
Beuglement | 4,2 ± 2,9 |
Cajolement | 3,7 ± 2,5 |
Vache debout | 3,5 ± 2,9 |
Source : Ponsart et al, 2010
Exemple d’un vêlage d’automne, évolution du poids et de la NEC
Risques, limites, points de vigilance
Aucun.
Interaction avec d'autres pistes
- Le vêlage précoce
- Choisir sa période de vêlages
- Taux de renouvellement