


Mieux valoriser l'herbe


BV_Développer des rotations culturales



Description et intérêts de ce levier
- Réduire l’utilisation des intrants (engrais & pesticides) par des moyens agronomiques permet d’accroître l’autonomie financière d’une ferme en limitant la nuisibilité des ennemis des cultures
- Pour être efficace, il faut combiner des leviers agronomiques qui permettent de limiter l’impact négatif des ennemis des cultures : maladies, adventices, ravageurs…
- Les leviers mobilisables sont divers et accessibles aux agriculteurs : adaptation des successions de cultures, choix de variétés résistantes aux maladies & verse, les dates de semis, le travail du sol (positionnement du labour, des faux semis), l’adaptation de la fertilisation azotée…

Intérêt

Autonomie fourragère

L’introduction de luzerne, de prairies temporaires permettent à la fois d’accroître l’autonomie et aussi de lutter contre les adventices, les maladies, tout comme limiter l’usage des fertilisants.

Autonomie protéique

Elle est accrue par la culture des fourrages autoproduits. La limitation des achats de concentrés protéiques réduit le besoin en trésorerie, particulièrement quand les aliments deviennent coûteux.

Changement

Itinéraire technique

Mobiliser plus de leviers agronomiques nécessite une formation. Il y a un retour rapide sur « investissement » grâce à la réduction d’intrants en céréales d’hiver, puis à l’échelle de la rotation. La réduction des herbicides est plus longue que les autres pesticides.

Itinéraire zootechnique

Les changements d’alimentation liés à plus d’intra-consommation nécessitent de revoir ses rations et de solliciter si besoin l’appui d’un conseiller.

Impact

Economique

Les économies d’intrants réalisées n’affectent que peu voire pas la production des cultures, une fois maîtrisés les leviers agronomiques. Cela permet non seulement d’améliorer la marge brute des cultures, mais aussi de réduire l’avance de trésorerie nécessaire à l’achat des intrants. Sur le long terme et en contexte de forte variabilité des prix de vente des cultures et des intrants, le premier euro gagné est celui qui n’est pas dépensé.

Environnemental

La réduction des Indices de fréquence de traitements (IFT), des excédents d’azote (bilan N), l’utilisation judicieuse du labour qui permet d’économiser du carburant, améliorent les performances environnementales des fermes.

Social

L’agriculteur augmente son autonomie de décision en faisant plus reposer son système sur des leviers agronomiques qu’il maîtrise. Il faut se former à ces techniques : c’est un investissement en temps qui est ensuite compensé par des économies d’argent et offre la possibilité d’améliorer son organisation du travail.

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En pratique
Réduire l’usage des pesticides avec plus d’agronomie
Entre 2002 et 2009, 8 fermes ont, réduit l’usage des pesticides à 50% sous la référence régionale grâce à l’usage de leviers agronomiques en systèmes de protection intégrée des cultures. Ils ont adapté leurs rotations, changé leurs dates de semis, utilisé des variétés résistantes, etc…L’IFT a baissé en moyenne de 4.5 à 3 doses/ha, l’excédent d’azote a baissé de 32 à 0 kg N/ha et la consommation de fioul est resté stable. Dans cette expérience, le temps de travail a peu varié (-6%) et perçu comme plus confortable par les agriculteurs. La marge brute (hors aides) de l’exploitation a été maintenue malgré une baisse de 29% du prix de la betterave sucrière sur la période. (source projet « systèmes de cultures intégrés », Agro-Transfert, Chambres d’agriculture Picardie, INRA)
Des systèmes de culture associés à l’élevage plus économes que des systèmes dans élevage
Dans le cadre du dispositif écophyto-fermes, l’institut de l’élevage a mis en évidence que les systèmes de polyculture élevage consomment 43% de pesticides en moins que les systèmes sans élevage (respectivement IFT = 2.24 contre 3.94). Ceci est permis à la fois par la présence de cultures fourragères (maïs, herbe cultivée, etc.) nécessitant peu de pesticides, mais aussi grâce à un usage plus faible sur les cultures de vente : par exemple -16% en blé et -24% en maïs grain. Ces systèmes culture/élevage mobilisent davantage de leviers de contrôle alternatifs des ennemis des cultures : travail du sol, dates de semis, alternance cultures.
Le graphique ci-dessous montre l'évolution de la marge brute hors aide des fermes du dispositif. Avec un usage de pesticides inférieur de 50% sous la référence, la marge brute hors aides se maintient. Elle a même augmenté sur la période (hors betteraves dont les prix ont fortement baissé).

L’usage plus faible des pesticides est permis par des leviers de contrôle agronomiques et la présence de prairies temporaires qui atténuent la pression des ennemis des cultures.


Risques, limites, points de vigilance
Il est nécessaire de réaliser des formations sur l’usage des leviers agronomiques. L’accompagnement par un conseiller permet de faire des choix pertinents dans les décisions à prendre dans la phase de transition d’un système plus consommateur de pesticides à un système plus économe et agronomique.

Interaction avec d'autres pistes
Voir les fiches "Engrais de ferme", "Maîtriser la fertilisation minérale", "Des légumineuses au service de l’autonomie protéique", "Développer les cultures à double fins", "Cultiver des protéagineux"
