Mieux valoriser l'herbe
BV_Mettre à l'herbe précocement
Description et intérêts de ce levier
Avec des conditions de portance favorable, mettre à l’herbe tôt permet d’amorcer la saison de pâturage sur de bonnes bases et profiter pleinement d’un fourrage économique qu’est l’herbe pâturée. Ce premier passage en sortie hiver est à réaliser sur les parcelles de l'exploitation destinées à la pâture ou la fauche (déprimage) avec les objectifs suivants : assurer une transition alimentaire, économiser les stocks et les concentrés, nettoyer les parcelles mal pâturées à l’automne, réaliser un déprimage qui facilitera le tallage, créer un décalage de pousse de l'herbe entre les paddocks.
Intérêt
Autonomie fourragère
Faire des économies en stocks en valorisant la croissance du début du printemps.
Avancer la mise à l’herbe d’une quinzaine de jours, c’est faire l’économie d’environ 3 t MS de fourrage pour un troupeau de 60 vaches allaitantes suitées pâturant 3 kg MS d’herbe par jour.
Autonomie protéique
L’herbe pâturée en début de saison est un fourrage équilibré qui ne nécessite pas de complémentation. Elle contribue donc à l’équilibre de la ration et permet d’économiser du complémentaire.
Changement
Itinéraire technique
Avoir un parcellaire adapté et disposer de parcelle précoce et portante pour assurer cette mise à l’herbe précoce. Le chargement instantané peut être diminué pour s’adapter à la portance des sols. La mise à l’herbe précoce facilite la gestion de l’herbe de début de pâturage.
Itinéraire zootechnique
Pour la santé des animaux, il est conseillé de réaliser une transition d’environ trois semaines à la mise à l’herbe : l’utilisation précoce de l’herbe offerte avec complémentation sur stocks de début de saison est parfaitement adaptée pour réaliser cette transition.
Impact
Economique
Réduction du coût alimentaire et de la mécanisation liée à la conduite en bâtiments (distribution, gestion des déjections…).
Environnemental
Des émissions de méthane réduite en lien avec un stockage des déjections moindre.
Social
Une diminution du travail d’astreinte lié à la conduite en bâtiments (paillage, raclage, distribution de l’alimentation).
BV_Mettre à l'herbe précocement
En pratique
Une mise à l'herbe précoce, pourquoi faire ?...
Pour la prairie, avec des conditions de portance favorable, une mise à l’herbe précoce permet de créer rapidement un décalage dans les stades de repousse entre les paddocks en pâturage tournant. Elle contribue à assurer la valorisation de l'herbe d'automne et hivernale résiduelle. Ce premier passage, en favorisant le tallage des graminées et l’accès à la lumière des légumineuses, en retardant l’épiaison des graminées les plus précoces, améliore la productivité des prairies et la qualité des fourrages récoltés.
Pour l’animal, ce passage progressif à l’herbe permet d’assurer une transition alimentaire pour les vaches (2 à 3 semaines). Il contribue à diversifier la ration des vaches et des veaux, et limiter les risques sanitaires liés au maintien des animaux en bâtiment.
Avec quel mode d'emploi...
- Sortir les animaux de manière progressive (2 à 3 heures les 1ers jours) en veillant à ne pas introduire plus de 5 kg de MS d’un nouveau fourrage sur une semaine,
- En périodes de transition, adapter le temps d’accès au pâturage et la complémentation de fourrage d’appoint. Distribuer de préférence le fourrage le soir.
- Sur des parcelles situées à proximité des bâtiments en faisant circuler les animaux sur des chemins d’accès entretenus afin de limiter le salissement des vaches,
- Avec des hauteurs de l’herbe supérieure ou égale à 5 cm (talon de la botte). Il ne faut pas attendre d’avoir beaucoup d’herbe dans les parcelles avant de mettre à l’herbe : quand l’herbe est là, c’est déjà trop tard.
Tableau 1 : Temps d'accès minimum au pâturage pour une consommation suffisante d'herbe compte tenu des autres fourrages apportés (pour une hauteur entrée > 10 cm)
Apports fourrages + concentrés | 0 kg MS | 5 kg MS | 10 kg MS | 15 kg MS |
Temps d’accès | 8 - 10 h | 5 – 6 h | 3 – 4 h | 2 h |
Source : INRA-Delagarde
Avec quels ajustements ?...
- En limitant sur le temps de présence des animaux avec conditions défavorables pour la portance des parcelles, et en adaptant le chargement instantané (moins élevé)
- En faisant pâturer des prairies séchantes ou destinées à être retournées en culture de printemps.
- En faisant pâturées des cultures dérobées,
- Avec des conditions propices à la tétanie d’herbe (temps froid, herbe jeune, riche en azote soluble et humide), apporter du magnésium en prévention,
- En faisant faire ce premier passage par les animaux sans grands besoins (génisses de plus de 2 ans, vaches gestantes).
Risques, limites, points de vigilance
Attention « au matraquage » des parcelles avec un pâturage en condition difficile. On peut pâturer tant que les trous formés par les pieds des vaches ne dépassent pas 5-6 cm de profondeur.
Ne pas poursuivre un déprimage au-delà de 500-600°j (base 1er février) soit selon les régions entre mi-avril et début mai maximum
Interaction avec d'autres pistes
Avoir des repères de conduite
Mieux valoriser l’herbe d’automne
Oser le pâturage hivernal