


Produire plus de ressources protéiques


BL_Cultiver et transformer des protéagineux pour produire son correcteur azoté



Description et intérêts de ce levier
- La production et la valorisation de protéagineux récoltés en grains peuvent contribuer à réduire la dépendance de l’exploitation vis-à-vis des concentrés azotés achetés à l’extérieur.
- Ce levier contribue favorablement à la diversification des cultures dans les rotations.
- Il permet également de réduire les besoins en fumure azotée.

Intérêt

Autonomie fourragère

- Les protéagineux peuvent être ensilés pour sécuriser des stocks fourragers après une saison difficile. On peut les ensiler après un pré-fanage (25 à 30 % MS).
- Les rendements sont très corrects, 5 à 10 t MS/ha selon la culture et la période de récolte.

Autonomie protéique

L'autoproduction d’un correcteur azoté permet une moindre sensibilité par rapport aux fluctuations de prix des correcteurs azotés du commerce.

Changement

Itinéraire technique

- Potentiellement, nécessité d'acquérir de nouvelles compétences techniques pour bien maîtriser ces cultures en pur ou en association de protéagineux (féverole – pois protéagineux).
- Une gestion du salissement parfois compliquée dans la culture, mais bénéfique dans la rotation.
- Des rendements variables.
- Une diminution des surfaces en culture destinées à la vente.
- Un investissement possible dans un atelier de transformation, voire de stockage.

Itinéraire zootechnique

- Bonne valorisation par les génisses et les vaches laitières.
- Pour la féverole et le pois, des concentrés acidogènes à maîtriser.

Impact

Economique

L’impact sur le résultat économique est variable suivant le système. Il dépend du prix des correcteurs azotés sur le marché, du rendement des cultures de protéagineux et de l’importance de l’investissement nécessaire pour la transformation.

Environnemental

- Un allongement de la durée des rotations favorable à la gestion des adventices.
- Des arrières effets bénéfiques aux cultures suivantes (structure du sol et reliquats azotés).
- Le pois et la féverole peuvent être sensibles au manque d’eau à la fin du cycle de culture. Ils apprécient les sols profonds à bonne réserve utile.

Social

- Une substitution de la charge de travail liée à la récolte des céréales.
- Il faut concevoir la culture et la transformation de protéagineux comme une diversification des ateliers présents sur l’exploitation.

BL_Cultiver et transformer des protéagineux pour produire son correcteur azoté

En pratique
Un itinéraire technique simple avec une gestion du salissement parfois délicate
Le choix de la variété se fait au regard du contexte pédoclimatique. Le désherbage est essentiel pour réussir la culture avec un nombre de produits phytosanitaires homologués restreint. Cependant, le désherbage mécanique est envisageable.
Culture | Pois | Féverole | Lupin | |||
Précocité | Hivers | Printemps | Hivers | Printemps | Hivers | Printemps |
Semis | Début nov. à début déc. | Janv. à mars | Fin oct. à début déc. | Fév. à mars | Mi-sept. à mi-oct. | Début fév. à mi-mars |
Densité | 70 à 85 gr/m2 | 60 à 70 gr/m2 (semis précoce) 70 à 80 gr/m2 (semis tardif) | 20 à 25 gr/m2 | 35 à 45 gr/m2 | 20 à 30 gr/m2 | 45 à 50 gr/m2 |
Profondeur | 3 à 4 cm | 3 à 4 cm | 7 à 10 cm | 5 à 7 cm | 3 cm | 3 à 4 cm |
Rendement | 35 à 60 q/ha | 30 à 60 q/ha | 15 à 40 q/ha | |||
Fertilisation | P et K : exigence moyenne (faire l’impasse de la fertilisation est possible) | |||||
Désherbage | Culture sensible : préférer les désherbages pré-levée | Traitement post-levée impossible sans phytotoxicité, traitement pré-levée obligatoire | Seulement 3 herbicides homologués, désherbage mécanique possible | |||
Ravageurs | Limaces, pucerons et sitones fréquents | Sitones, pucerons noirs et bruches | Mouche du semis, aucun insecticide homologué | |||
Champignons | Anthrachnose, botrytis et rouille | Anthrachnose, botrytis et rouille | Anthrachnose et rouille | |||
Récolte | 8 à 10j avant les blés | Comme les blés | Juste après les blés | 15j après les blés | 10 à 15j après les blés | |
Région | France | France | Moitié ouest | Nord / Nord-ouest | Ouest / moitié sud | France |
Conseils | Attention à la verse : récolter sans tarder. Eviter les sols caillouteux. | Attention à la verse : pas de semis trop dense. | Sols à bonne réserve hydrique | Moins résistant au froid mais plus tolérant à la sécheresse et aux sols caillouteux. Eviter les sols calcaires. |
Conservation
Il faut viser moins de 15 % d’humidité à la récolte pour garantir une bonne conservation.
Transformation des graines
- Maîtriser la granulométrie : on préfèrera un aplatissage au broyage, à moins qu’il soit grossier. Le pois et la féverole contiennent des proportions significatives d’amidon (entre 45 et 50 %). Ces graines sont donc susceptibles d’accélérer la fermentation ruminale acidogène si elles sont broyées trop finement.
- Eviter les graines entières : elles ne sont pas bien valorisées par les bovins.
Comment intégrer les protéagineux dans la ration ?
Sur des vaches en lactation :
- Si plus de la moitié de la ration est à base d’herbe pâturée ou ensilée : utiliser les protéagineux comme unique concentré.
- Avec une ration à base d’ensilage de maïs ou d’herbe, pauvre en azote : complémenter les protéagineux avec un correcteur azoté tanné pour combler le déficit de la ration en PDIE.
- Les graines de protéagineux sont légèrement déficitaires en PDIE, de par leur richesse en protéines dégradables. Il est donc nécessaire de leur adjoindre un aliment plus riche en PDIE lors de la distribution, comme du tourteau de colza tanné.
- Pour le pois et la féverole, l’amidon présent se substitue en partie aux céréales. Dans le cas où l’on utilise également des céréales, il faut veiller à ne pas dépasser 27 % d’amidon dans la ration pour limiter le risque d’acidose.
Ne pas incorporer, dans la ration, plus de 5 kg/j pour le lupin ou la féverole et 6kg/j pour le pois. Si la ration manque de fibres, on peut stimuler la rumination en ajoutant de la paille (de pois par exemple) ou du foin.
Avec quelles conséquences sur les performances animales ?
Les performances des protéagineux (+ tourteaux tannés) sont globalement comparables avec celles des tourteaux de colza. Le tourteau de colza se substitue très bien au tourteau de soja, avec un impact positif sur la production laitière (+ 0,6 kg de lait brut/j, - 1,2 g/kg de TB et + 0,3 g/kg de TP).


Risques, limites, points de vigilance
La maîtrise de ces cultures avec des rendements variables suivant les années.

Interaction avec d'autres pistes
Céréales immatures, récolte précoce, prairies multiespèces
