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Après la sécheresse, quelle conduite des surfaces fourragères ?

Publié le par Jérôme Pavie (Institut de l'Elevage)
Une sécheresse a généralement pour conséquences de réduire les rendements fourragers et d’entamer les stocks prévus pour la période hivernale. Au-delà, de ces aspects alimentaires, il y a aussi les conséquences potentielles sur le devenir et l’évolution des surfaces en herbe. Pour gérer l’équilibre alimentaire et espérer retrouver les volumes de fourrages nécessaires différentes possibilités peuvent être envisagées. Évidemment, les stratégies à développer seront à adapter à chaque exploitation selon ses possibilités agronomiques, l’intensité de la sécheresse subie et l’exigence du niveau alimentaire recherché par les troupeaux. Lorsque les pluies reviennent à l'automne, elles doivent permettre d’apporter des ressources pâturables en arrière-saison, y compris pour l'hiver, et de produire des stocks de remplacement.

Préserver les capacités de repousse des prairies et valoriser au mieux la ressource automnale

Après une sécheresse estivale, quand la situation hydrique revient à la normale, et à condition que les pluies ne soient pas trop tardives et les températures encore douces, la reprise de végétation est en général très bonne compte tenu de la forte minéralisation dans le sol. Toutefois, ce potentiel de repousse des prairies exige que les plantes et leur système racinaire n’aient pas été altérés par une surexploitation. Ceci est particulièrement important pour les espèces ovines et équines qui présentent des aptitudes à un pâturage particulièrement ras. Quelle que soit l’espèce, Il est fortement recommandé de ne pas sur-pâturer les prairies puis de leur laisser un temps de repousse suffisant lorsqu’elles commencent à reverdir.

Dans le cas de sécheresses intenses, lorsque la pousse de l’herbe est à l’arrêt et que le couvert a été exploité, il convient de resserrer les lots d’animaux sur des parcelles « parking » généralement à faibles potentiels, qui seront sacrifiées et éventuellement retournées par la suite. Il s’agit de sauvegarder les autres parcelles en mettant en place un affouragement et une complémentation selon les besoins des animaux. Au final, cette solution sera moins coûteuse que la perte de production fourragère due à un surpâturage généralisé et protègera le potentiel de reprise des prairies en automne et hiver, voir sur les années suivantes.

En automne, si les prairies disposent d’une ressource pâturable, il importe bien évidemment de ne pas la gaspiller et de la valoriser au mieux en mettant en place un pâturage rationnel qui garantira une valorisation maximale de cette nouvelle ressource, notamment par l’allongement du pâturage tant que les conditions de portance le permettront. La mise en place d’un pâturage tournant est conseillée. On cherchera des temps de séjour par paddock relativement courts avec des chargements instantanés élevés et des temps de retour suffisamment longs pour ne pas affaiblir encore plus une végétation déjà éprouvée par la sécheresse.

 

Envisager un allongement des périodes de pâturage 

Une des conséquences du réchauffement climatique est le radoucissement des hivers. Ces dernières années on a pu constater une persistance de pousse de l’herbe dans les régions les plus océaniques. 
L’herbe en hiver, lorsqu’elle est disponible, est un fourrage de bonne qualité qui peut être valorisé par de nombreuses catégories animales, et l’allongement de la période de pâturage concourt à diminuer les besoins en fourrages stockés et en paille.


Si les conditions de portance des sols le permettent, cette production fourragère doit être exploitée, spécialement les années de déficit fourrager. De plus en plus de travaux portent sur ce levier d’adaptation au changement climatique (quel chargement, quels impacts sur le devenir des prairies) pour en préciser les modalités optimales. Quoi qu’il en soit, le pâturage hivernal ne doit plus être un tabou au prétexte qu’il faut « un repos pour la prairie ». Si le couvert pousse c’est qu'il est actif et n’est pas « au repos ». Pourquoi ne pas exploiter cette production ?


La limite de cette pratique est la portance des sols qui dépend de leur nature, du climat et du type de couvert (composition floristique des prairies). En effet, les sols ne doivent pas être dégradés pour ne pas affecter la production de l’année suivante. Si le problème de portance se pose souvent avec les bovins, c’est rarement le cas avec les ovins.
Cela étant, en adaptant le chargement cette pratique peut être mise en œuvre dans de nombreuses situations sans affecter la production fourragère de printemps. Ce pâturage hivernal pourra engendrer un léger décalage dans la reprise de la végétation au printemps suivant. Les références mentionnent un décalage d’environ une journée par semaine de pâturage au-delà du 1er novembre.

Pour les bovins, la distribution de fourrages complémentaires est quasiment indispensable pendant cette période. On privilégiera une distribution rationnée au sol, à la dérouleuse par exemple, en se calant sur les consommations observées.
La distribution au râtelier est l’autre solution en veillant à ne pas dégrader une surface importante de la parcelle. Enfin, le bale-grazing qui consiste à organiser le pâturage hivernal avec distribution d’enrubannage est une technique également intéressante. 

 

Renouveler les prairies dégradées

Après une sécheresse, le risque de dégradation des couverts prairiaux est élevé, surtout si les prairies ont déjà connu des sécheresses successives ou ont combiné sécheresse estivale et surpâturage. Les conséquences de ces sécheresses sont les mortalités importantes de certaines des espèces prairiales, souvent les plus intéressantes sur le plan de la valeur alimentaire comme le Raygrass anglais. Les équilibres floristiques peuvent alors se modifier en laissant plus de place à des espèces de faible valeur ou l’apparition de plantes diverses venues « boucher les trous » et sans intérêt fourrager (capselle, porcelle, pissenlit…). Au-delà des températures, une autre raison de la dégradation des prairies est le cisaillement des plantes devenues sèches, par les sabots des bovins s’ils persistent sur la prairie. D’où, là encore, la nécessité de concentrer les animaux sur des parcelles « sacrifiées ».

À la sortie de cette période de sécheresse intense, la question de la dégradation de certaines parcelles se posent. Avant de sortir l’artillerie lourde, il est important de qualifier l’état de récupération du couvert à l’issue de cette période de reprise de la végétation. Trois situations se profilent orientant de manière différente les interventions à prévoir sur la parcelle dans l’objectif de restaurer le potentiel productif des couverts, en lien avec la physionomie que prend la végétation lors de cette phase de reprise automnale.

En fonction de la densité de présence des espèces intéressantes d'un point de vue fourrager et du niveau de dégradation de la prairie (présence de sol nu et/ou d'espèces indésirables), on décide du niveau d'intervention nécessaire.

Une fois ce diagnostic réalisé, dans certains cas une intervention s'impose.

Ø Le sursemis

Le sursemis reste une technique exigeante dans sa mise en œuvre et assez aléatoire dans sa réussite. Il convient de bien cibler les prairies candidates ou aptes à la réalisation d’un sursemis. En clair, un couvert présentant encore de bonnes espèces (graminées ou légumineuses) et la présence de vides (zones de sol nu) de la taille d’une assiette à dessert. Il s’agit par le sursemis de prolonger, pérenniser la durée de vie d’une prairie temporaire et permanente qui présente un fonds prairial dans la phase initiale de sa dégradation. C’est le cas par exemple de prairies surpâturées en été qui présentent des trous suite à la disparition des espèces en enracinement superficiel comme le RGA. 

Dans tous les cas, on optera pour des espèces agressives comme le RGH, le TV ou encore le trèfle blanc. La réussite du sursemis étant pour beaucoup liée à l’accès à la lumière des jeunes plantules dans le couvert en place, la mise en œuvre d’un pâturage rapide un bon mois après l’opération de sursemis permettra maximiser les chances de réussite.

Semer un mélange céréales-protéagineux dans une prairie dégradée

Le semis de mélanges céréales-protéagineux à l’automne dans des prairies ou des luzernières dégradées peut être une solution pour la production d’un fourrage au printemps suivant. Il s’agit de sursemis sans destruction des couverts déjà en place. L’objectif est de conserver la culture initiale et de profiter d’un couvert très ouvert pour implanter une culture qui produira au printemps suivant tout en laissant à la prairie le temps de se récupérer. Plusieurs essais conduits notamment en 2021 en régions Pays de Loire (Chambres d’agriculture) et Grand Est (Arvalis) ont permis de montrer les possibilités et limites de cette technique. Si les levées sont généralement bonnes avec des mélanges de type triticale-vesce ou de triticale-avoine-vesce, elles peuvent être vite concurrencées si le couvert en place est trop présent. La condition de réussite de cette pratique est donc une culture support fortement dégradée qui laisse le temps aux mélanges semés de se développer avant le redémarrage de la prairie. L’utilisation de semences fermières reste essentielle pour assurer que ce fourrage supplémentaire soit économiquement intéressant.

Cette technique peut aussi être appliquée dans des luzernières. Des premiers essais réalisés en Pays de la Loire ont montré des résultats encourageants. Semés mi-octobre dans de la luzerne fraîchement coupée, des mélanges à base de seigle, vesce, trèfle ou féverole ont profité de la pause hivernale des luzernes pour se développer. Selon Stéphanie Guibert de la Chambre d’agriculture des Pays de Loire, à la première coupe de printemps, début mai, le surplus de biomasse des couverts végétaux était de l’ordre de 2,5 tonnes par hectare.

 

Ø La rénovation de la prairie

Dans le cas de prairies très dégradées (fonds prairial de mauvaise qualité, présence de mosaïques dans la végétation, disparition ou forte régression des légumineuses) la question de la rénovation peut se poser sur certaines parcelles. Deux options se profilent : 

  • Envisager l’implantation d’une culture de printemps en utilisant avant sa rénovation cette parcelle dégradée comme parcelle tampon dans le circuit de pâturage automnale avec des conditions de portance dégradées
  • Envisager dès l'automne la rénovation totale du couvert. Des travaux récents ont montré que la rénovation d’une prairie sur prairie peut s’opérer via les techniques d’implantation sous couvert. En clair, on pratiquera une implantation en octobre d’un mélange céréalier avec une prairie multi-espèces implantée sous couvert. La valorisation fourragère de l’association céréale protéagineux garantira la réalisation de stock dès le printemps prochain. Et le jeune semis sera valorisable sur la période estivale (dans les zones arrosées) ou à l’automne suivant dans des conditions de portance favorable.

 

Implanter des intercultures fourragères  

Après une sécheresse marquée, le besoin de renouveler certaines parcelles de prairies dégradées peut conduire à une réorganisation de l’assolement. L’opportunité d’implantation d’intercultures ou de cultures en fin d’été peut alors permettre de développer des stratégies de productions fourragères complémentaires. Si les hivers rigoureux sont moins fréquents, hors zones de montagnes, et exposent moins les cultures aux gels précoces, les fins d’étés sont en revanche de plus en plus sèches et compliquent certaines implantations sous la menace de « coup de sec » après levée.

Après la récolte des maïs, et notamment si les récoltes sont avancées, ce qui est souvent le cas après une sécheresse, les surfaces libérées peuvent contribuer à la production de fourrages si elles ne sont pas destinées à la culture de céréales. Il peut être intéressant d’opter pour des couverts végétaux valorisables soit par le pâturage soit par la récolte au printemps.

Dans tous les cas, il est essentiel de privilégier les espèces à croissance rapide.

Plus on s’avance en automne, plus le choix des cultures à mettre en place sera restreint. Il faut donc tenter de les mettre en place le plus tôt possible dès le retour des pluies. En privilégiant ces espèces à croissance rapide, les dérobées peuvent permettre une production d’arrière-saison ou d’hiver pour le pâturage. Si les conditions climatiques l’autorisent, elles permettront d’avoir une bonne production en sortie d’hiver et pour certaines de contribuer à la reconstitution des stocks fourragers (enrubannage ou ensilage).

À cette époque de l’année, les solutions à privilégier pour les bovins comme les ovins sont les RGI alternatifs (pour pâture ou stock) voire hybrides, éventuellement le colza dans les zones un peu plus océaniques mais aussi les céréales. Ces cultures peuvent être implantées en pur mais on privilégiera leur association avec des trèfles (Trèfle violet par exemple), ce qui améliorera la valeur alimentaire du fourrage, l’autonomie protéique de l’exploitation en réduisant d’éventuels achats de concentrés et garantira la couverture des besoins en fertilisation azotée pendant la culture, via la fixation symbiotique, et contribuera ultérieurement à réduire les besoins de fertilisation minérale des cultures suivantes.

 

Les RGI et le colza 

Ces deux espèces à l’implantation et au développement rapides permettent d’obtenir rapidement un fourrage vert, appétant et de bonne valeur alimentaire, avec un niveau de refus faible. Ces espèces sont bien adaptées au pâturage. L’implantation du RGI à la fin de l’été est intéressante car il permet d’avoir de l’herbe 2 à 3 mois après le semis, selon les conditions climatiques. Avec un semis de RGI au début septembre on peut espérer un rendement de 1,5 à 2 tonnes de MS par hectare avant l’hiver. Dès la sortie de l’hiver, il autorise une mise à l’herbe précoce. Les ray grass hybrides sont un peu moins rapides à l’installation mais leur production pourra être prolongée sur 2 à 3 ans. Là encore il est souhaitable d’associer au RGI une légumineuse. La plus courante de ces associations se fait avec le Trèfle violet, lui aussi très agressif et rapide d’installation. Dans tous les cas et compte tenu de la rapidité de développement du RGI, il conviendra de choisir des légumineuses rapides d’installation, à port dressé (TV, Trèfle blanc géant, trèfle incarnat…).
Pour le Ray grass d’Italie il faut choisir de préférence des variétés alternatives qui peuvent épier et qui ont l’avantage d’être plus productives l’année du semis. Leur pâturage ou leur affouragement en vert peut se faire 50 à 80 jours après le semis en fonction des conditions climatiques. La dose de semis recommandée est de 20 à 25 kg par hectare. 
 
Le colza fourrager en dérobée apparaît comme une ressource intéressante pour accroitre l’autonomie alimentaire et réduire les charges d’alimentation des troupeaux. Le colza peut être pâturé à l’automne, 60 jours après le semis, puis en hiver si la portance du sol le permet. Dans le cas des bovins il doit être offert de façon rationnée. Pour les ovins, il n’y a pas de précaution particulière à prendre en matière de conduite de pâturage et il constitue une bonne fourragère pour réaliser un flushing. Là encore, le colza peut être associé à une autre espèce fourragère. C’est notamment possible avec du RGI, du ray grass hybride ou encore des trèfles. Pour le colza fourrager, il faut choisir des variétés d’hiver si le semis a lieu en septembre avec une dose au semis de 8 à 10 kg/ha. 

 

Des céréales d’hiver en pur ou en association avec des légumineuses pour des fourrages pâturés

Il est également possible d’implanter des céréales d’hiver qui peuvent être installées tard en saison et contribuer en sortie d’hiver à la ration des bovins comme des ovins par le pâturage. De nombreux travaux ont montré, et les pratiques anciennes en attestent, qu’en respectant quelques règles cette pratique est parfaitement compatible avec une récolte ultérieure en grain sans que les rendements soient significativement affectés. Cette pratique est particulièrement intéressante en élevage ovin. Dans le cas des bovins, l’une des principales limites sera celle de la nature du sol et de sa portance. Les cultures à privilégier sont le seigle (notamment en zone plus continentale), l’avoine, le triticale ou encore le blé. Ces cultures peuvent également être envisagées pour des pâturages plus tardifs et une utilisation exclusive pour le pâturage. Dans ce dernier cas, pour une utilisation exclusivement fourragère, les semis doivent être réalisés avec une densité plus élevée que pour une production de grain et on pourra aussi utiliser des semences fermières, moins coûteuses. 

 

En résumé : principales caractéristiques des espèces destinées aux cultures dérobées 

  

Vitesse d’implantation

Production à l’automne

Aptitude au pâturage

Dose de semis

RGI et RGH : la dérobée par excellence 

Très bonne

Très bonne

Excellente

25 kg / ha

Colza : des précautions à prendre au pâturage 

Très bonne

Très bonne

Excellente

8-10 kg / ha

Céréales : à réserver plutôt à l’enrubannage ou ensilage 

Bonne

Bonne

Moyenne

100 à 200 kg/ha, en fonction de l’espèce

Associations : utilisation polyvalente 

Très bonne

Excellente

Très bonne à excellente

En fonction de l’espèce

Semer tôt les intercultures

Sur le plan technique, ces cultures doivent être mises en place le plus tôt possible sur des sols encore chauds,dès que le sol est suffisamment humide, pour assurer une levée et un développement rapidement avant l’hiver sans s’exposer au gel. Compte tenu des conditions parfois aléatoires de levée, et afin de minimiser le montant des charges et gagner du temps, un travail superficiel du sol peut suffire, sauf après un maïs, si la structure du sol est dégradée et pour limiter les arrières-effets des désherbants.

Le choix des parcelles pour implanter une dérobée est également important. Il faut veiller à ce qu’elle ne perturbe pas trop l’assolement habituel ou remette en cause l’implantation de la culture suivante.

 

Pas d’apport d’azote en automne, mais des légumineuses partout où c’est possible

Après une sécheresse et pour toutes les implantations de cultures fourragères en fin d’été, l’apport d’azote minéral ou de lisier/fumier n’est ni nécessaire ni souhaitable techniquement et économiquement car il y aura une forte minéralisation et beaucoup d’azote disponible avec le retour des pluies sur des sols encore chauds.

C’est aussi une nécessité compte tenu du contexte de prix de l’azote minéral et peut être des problèmes de disponibilité à venir. En élevage et pour les cultures fourragères, il convient d’essayer de se passer de cette matière première ou d’en limiter les usages à des cas très particuliers le justifiant. Avec l’augmentation des prix des intrants (azote, énergie, aliments, ouvrages, petit matériel…) les élevages doivent viser un maximum d’autonomie pour maintenir leur compétitivité et leurs résultats. En matière de fertilisation azotée, l’alternative à l’azote minéral existe : les légumineuses fourragères ! Il faut donc veiller à les introduire partout où cela est possible et bénéfique à la culture ou au fourrage recherché (prairies de courtes et moyennes durées, intercultures) et les cultiver en pur dès que cela est possible (luzerne, mais aussi trèfle violet, trèfle incarnat, sainfoin…).

 

 

 

Anticipation des sécheresses : mieux vaut prévenir que guérir !

La gestion d’une sécheresse, surtout si elle est longue et intense peut être compliquée si l’exploitation a un niveau de chargement élevé, des exigences de performances animales nécessitant une alimentation riche et soutenue, et surtout si elle ne dispose pas de stocks d’avance.

Compte tenu des évolutions climatiques, il est malheureusement très probable que les aléas climatiques impactant les productions fourragères se multiplient sous différentes formes ; sécheresse estivale intense et longue, sécheresse printanière, printemps ou automnes humides limitant les récoltes, les durées de pâturage et dégradant la qualité des fourrages… Tous ces aléas, différents, verront leur fréquence augmenter, y compris dans un même secteur géographique, le tout sur fond d’augmentation de la température moyenne.

Cette projection annoncée doit conduire chaque exploitation à réfléchir à ses moyens d’ajustement et de prévention de ces aléas. Cela peut se concevoir avec des reports de stocks de sécurité, la mise en place d’une diversité fourragère répartissant les dates de récoltes et donc les risques face aux aléas, la révision des objectifs de chargement ou des niveaux de production. Toutes ces voies sont à réfléchir au cas par cas, et à adapter à chaque exploitation pour assurer leur résilience.

Dans tous les cas, dans la situation d’un déficit fourrager important il conviendra de s’interroger sur la notion de stock de report, ou de marge de sécurité, et de la capacité du système à le produire en année normale. Il est relativement convenu, par expertise des anciens, la valeur de 30 % de stock de report comme marge de sécurité.