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Suivi agroclimatique de l'année 2023

Publié le par Soline Schetelat (Institut de l'Elevage), Aurélie Madrid (Institut de l'Elevage)
L’hiver 2022-2023 a été particulièrement sec, notamment en février où il n’a pas plu du mois. Le retour de la pluie début mars a certes permis à la pousse de l’herbe de décoller mais il a aussi dégradé les conditions de portance, retardant la mise à l’herbe dans de nombreuses régions. La pluie a perduré sur le mois d’avril et a bénéficié aux prairies qui ont affiché des niveaux de pousse dans la moyenne des dernières années. En mai, les nuages ont quitté le ciel du Nord de la France pour se concentrer sur la moitié Sud. Les chantiers de récolte ont commencé dans des conditions idéales dans le Nord tandis que le Sud attendait désespérément une fenêtre favorable. Cette situation a perduré en juin, permettant de faire de très bonnes récoltes dans le Nord mais pénalisant la repousse après fauche. L’herbe récoltée dans le Sud-Ouest a été de moins bonne qualité à cause de la pluie qui a retardé les chantiers. La situation s’est à nouveau inversée en juillet-août : le Nord a connu un « deuxième printemps » avec un été pluvieux et relativement frais, le Sud a plus souffert du manque d’eau. Septembre et octobre ont été exceptionnellement chauds, la pousse de l’herbe a marqué un coup d’arrêt et les maïs ont très rapidement avancé en stade dès fin août. Les semis de prairie ont été repoussés pour attendre la pluie mais globalement l’année a été satisfaisante. Des stocks conséquents et de qualité moyenne à bonne ont pu être réalisés dans tout l’Hexagone, les éleveurs abordent la saison 2024 plus sereinement.

Bilan climatique de 2023

Avec une température moyenne supérieure de 1,4 °C à la référence (1991-2020), l’année 2023 se place au deuxième rang des années les plus chaudes depuis le début des mesures, juste derrière 2022. Mis à part une période de fraîcheur entre fin juillet et début août, l’été a démarré tôt et s’est prolongé vers l’automne, qui arrive au premier rang des automnes les plus chauds. Cette douceur s’est prolongée jusqu’à la fin de l’année. 

 

 

Le cumul des précipitations est globalement proche de la normale à l’échelle de l’année et de l’ensemble du territoire hexagonal. Dans le détail, la répartition des précipitations a été contrastée et parfois inhabituelle. L’hiver a été très peu pluvieux, avec une séquence record de 32 jours sans pluie. Au printemps, la pluie est arrivée dès le mois de mars sur la moitié nord, et mi-avril sur la moitié sud. Puis, au début de l’été, la situation s’est inversée avec un déficit pluviométrique au Nord et un excédent au Sud, avant de rebasculer en juillet-août avec un excédent au Nord et un déficit au Sud, avec une absence de précipitations en Corse. L’automne a commencé dans en l’absence de pluie, avant que de nombreux passages pluvieux se succèdent à partir de mi-octobre, dont des épisodes de pluies intenses. En début d’hiver, les pluies ont été hétérogènes d’une région à l’autre.

Pour en savoir plus, retrouvez le bilan climatique Météo France

 

Conséquences sur les prairies au fil de l'année

Un hiver particulièrement sec

L’hiver a été très contrasté, alternant les périodes froides et de redoux. Par conséquent, le printemps a été en retard sur la majorité des régions. Côté précipitations, le cumul pluviométrique hivernal a été déficitaire de 20% à 60% selon les régions. Le mois de février a été exceptionnellement sec, la série de 32 jours consécutifs sans pluie initiée fin janvier a battu tous les records. Cette absence de précipitations a garanti une bonne portance des sols mais la pousse de l’herbe et le stock d’herbe sur pied n’étaient pas toujours suffisants pour amorcer la mise à l’herbe. 


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La pluie est de retour en mars (sauf dans le Sud …) 

Malgré quelques passages plus frais, le mois de mars a été doux (+1,1 °C par rapport aux valeurs de saison pour un mois de mars). À l’exception du Sud du pays, les cumuls de précipitations ont été importants et ont permis de compenser, au moins en partie, le déficit observé en sortie d’hiver. Au 1er avril, l’indice d’humidité des sols était proche voire supérieur aux valeurs de saison, sauf dans les départements du sud de la France où les sols sont restés secs. Les précipitations du mois de mars ont eu peu d’impact sur les nappes souterraines qui sont restées pour les trois quarts en dessous des normales. Le retour des pluies à partir du 8 mars a dégradé les conditions de portance mais a permis une accélération de la pousse de l'herbe : les niveaux de croissance moyens début avril s’échelonnaient entre 30 kgMS/ha/jour et plus de 50 kgMS/ha/jour à l’échelle nationale, excepté en région PACA qui continuait à souffrir du manque d’eau. Le printemps 2023 a été dans la moyenne des dernières années, le retard de mars a été rattrapé. Les mises à l’herbe ont été retardées par la pluie. 


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Un mois d’avril quasi normal (on avait perdu l’habitude !) 

Avril a été marqué par des alternances de périodes fraîches et de périodes plus douces, le plaçant dans la moyenne des 30 dernières années, phénomène auquel nous n’étions plus habitués. Les précipitations ont été quant à elles inférieures de 10% à la référence mais cachent de grandes disparités entre régions : les précipitations ont été excédentaires de 10% à 100% sur la moitié nord de la France et quelques massifs montagneux tandis que le déficit a atteint 60% à 90% sur le pourtour méditerranéen. 

Le pic de pousse a globalement été atteint sur la majorité des régions en avril, les niveaux de croissance enregistrés étaient dans la moyenne des dernières années. Les précipitations régulières ont pénalisé la portance des sols et certaines régions comme les Hauts-de-France n’avaient toujours pas pu totalement mettre les animaux à l’herbe. Les fenêtres météo très étroites ont limité les chantiers de récolte mais les rendements et la qualité estimés étaient corrects. Les semis de maïs étaient en retard dans certaines régions à cause des conditions météo limitantes.

 
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En mai, le monde à l’envers : le Nord attend la pluie, le Sud attend l’éclaircie… 

Le mois de mai a alterné les périodes douces et plus fraîches, se plaçant au global légèrement au-dessus de la moyenne des 30 dernières années. En moyenne sur l’ensemble du pays et du mois de mai, le cumul des précipitations est déficitaire de 20 % par rapport aux valeurs de saison mais cette moyenne cache de grandes disparités entre le Nord et le Sud de la France : si le Nord a connu un déficit pluviométrique de 40 à 60 %, les cumuls ont atteint une à deux fois la normale dans le Sud à cause d’orages parfois violents. La moitié Nord de la France attendait alors le retour des pluies pour réamorcer la pousse de l’herbe sur les parcelles fauchées tandis que le Sud guettait la moindre fenêtre pour les récoltes et les semis. 

 
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De la chaleur et des orages en début d’été : une année globalement dans la normale malgré des disparités régionales 

Le mois de juin a été le 2ème mois de juin le plus chaud après celui de 2003. Côté précipitations, la situation observée en mai s’est prolongée en juin : le déficit pluviométrique était marqué dans l’Est, le Nord, la Bretagne et le Cotentin tandis que la moitié Sud de la France a connu de nombreux épisodes orageux, compliquant encore les travaux de récolte. 

Si la majorité des prairies ont vu leur croissance ralentir dès la mi-juin, certaines sont restées vertes et les éleveurs ont été globalement satisfaits du printemps 2023 : les granges se sont remplies de fourrage de qualité, excepté dans le Sud-Ouest de la France où les récoltes ont été réalisées tard et/ou dans de mauvaises conditions. Les pluies régulières et les orages localisés ont été favorables à la pousse de l’herbe et au maintien du pâturage mais également au maïs qui a alors atteint le stade floraison sur certaines régions. 

 
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Un très bel été pour les fourrages dans la moitié Nord, un bilan plus mitigé dans la moitié Sud 

L’été 2023 a été le 4ème été le plus chaud enregistré après 2003, 2022 et 2018 mais ce chiffre cache de fortes variations : si juin a été au-dessus des moyennes de saison, juillet a été proche des moyennes et août a été caractérisé par une période plus fraîche puis une vague de chaleur tardive. Côté pluviométrie, le mois de juin a été relativement atypique avec la moitié Sud de la France plus arrosée que la moitié Nord tandis que le mois de juillet a inversé cette tendance et que le mois d’août a creusé le déficit dans certaines régions du Sud. 

Les conditions météo ont été généralement favorables aux fourrages mais l’on a encore retrouvé cette scission Nord-Sud : le Nord, régulièrement arrosé et épargné par les fortes chaleurs a connu un « deuxième printemps » après un mois de juin sec. Les animaux sont ressortis au pâturage, des fauches de regain de qualité ont été faites fin août et les premiers retours des ensilages de maïs sont globalement très positifs, permettant d’aborder plus sereinement l’année à venir. Au Sud, l’été n’a pas été catastrophique mais la météo a tout de même été moins généreuse : après des récoltes d’herbe compliquées à cause de la pluie et finalement un fourrage récolté le plus souvent de piètre qualité, les animaux ont été affouragés par manque de surfaces pâturables et les rendements de maïs ensilages semblent pour l’instant être dans la moyenne. 


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Un automne sec puis humide qui complique le pâturage mais des granges bien remplies 

La série des records a continué : septembre 2023 a été le plus chaud jamais enregistré depuis 1900 et le mois d’octobre s’est retrouvé sur la deuxième marche du podium après octobre 2022. Si la pluie s’est fait attendre jusqu’à mi-octobre, retardant notamment les semis de prairie, elle a fait son grand retour sous forme d’épisodes intenses. En octobre, le cumul pluviométrique mensuel à l’échelle nationale était excédentaire de 40 % par rapport à la normale mensuelle. 

Côté pousse de l’herbe, après un été plutôt favorable en raison des conditions humides, elle a marqué un coup d’arrêt en septembre avant de repartir progressivement avec le retour de la pluie. Certains éleveurs ayant bénéficié d’orages en septembre ont pu continuer (ou reprendre) le pâturage tandis que les moins chanceux ont dû affourager. Avec le retour prolongé et intense de la pluie, les conditions de portance se sont rapidement dégradées et la saison de pâturage s’est terminée sur certaines régions à partir de mi-octobre. Les ensilages de maïs ont été globalement satisfaisants cette année, tant en termes de quantité que de qualité. Les granges et les silos étaient pleins, d’un fourrage de faible qualité le plus souvent dans la moitié Sud de la France à cause de la persistance des pluies au moment des foins, mais les éleveurs ont abordé l’hiver hiver sereinement. 


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