
Une élévation des concentrations en cellules somatiques du lait est souvent rapportée par les éleveurs de chèvres lors de la mise à l’herbe. Une étude a été réalisée à la station expérimentale du Pradel pour disposer de premières références dans ce domaine
Une étude a été conduite à la station expérimentale caprine du Pradel afin de mesurer l’impact de la mise à l’herbe sur les concentrations en cellules somatiques du lait (CCS). L’essai a concerné 106 chèvres conduites en monotraite, lors d’une mise à l'herbe de printemps ou d’automne : un lot a été mis à l'herbe au printemps puis maintenu au pâturage; le second lot est resté en chèvrerie au printemps puis mis à l'herbe à l'automne.
Les mises à l’herbe aussi bien de printemps que d’automne se sont traduites par un accroissement significatif et rapide des CCS : passage en moyenne géométrique de 357 000 (J0) à 936 000 /ml (J+2) au printemps, de 795 000 (J0) à 1 988 000 /ml (J+2) à l’automne, soit une multiplication des CCS par 2,5 environ.
Cette élévation des CCS a été plus marquée sur la période suivant immédiatement la mise à l’herbe (période de transition alimentaire) comparativement à la période de plein pâturage (plus de 10 heures de pâture par jour). Les différences entre les lots « Pâturage » et « Chèvrerie » n'ont plus été significatives 27 jours après la mise à l’herbe de printemps.
Sur un essai conduit en 2013, l'importance du statut inflammatoire avant mise à l'herbe des chèvres, avait été mise en évidence : retrouver les résultats de cet essai.
Dans la présente étude, avec des conditions de mise à l'herbe différentes, le statut inflammatoire initial des chèvres a également influé sur l’ampleur de l’augmentation des CCS au pâturage mais avec un impact différent en fonction des périodes.
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La mise à l'herbe n’a pas eu d’impact significatif sur la fréquence globale des infections, majoritairement d’origine staphylococcique (84 % des isolements bactériens) : le statut infectieux des demi-mamelles est resté inchangé dans 82 à 86% des cas selon la période ou le lot étudié. A noter néanmoins que la fréquence des nouvelles infections est apparue 3 fois plus élevée au printemps pour le lot conduit au pâturage que pour le lot resté en chèvrerie (7,5 % vs. 2,3%).
Les travaux ont confirmé l’incidence significative du statut infectieux des mamelles sur les CCS. En particulier, les chèvres infectées de manière persistante à la fois avant et après la date de la mise à l'herbe ont présenté globalement des CCS significativement plus élevées que celles restées saines sur la même période.
L’étude confirme ainsi l’impact de la MAH comme facteur de variation non infectieux des CCS. Elle témoigne en outre de l’intérêt d’une maîtrise de la santé de la mamelle pour en limiter l’incidence. Les leviers d’action susceptibles de réduire les effets liés aux stress (tels que des apports d’antioxydants dans la ration) demanderaient à être étudiés.
Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage), Yves Lefrileux ), Marie-Noëlle Fouilloux (Institut de l'Elevage), Laure Brun-Lafleur (Institut de l'Elevage)
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