
L'estimation des corrélations phénotypiques et génotypiques entre les débits de traite, les caractères laitiers et les concentrations cellulaires a été réalisée chez la chèvre, dans le cadre du projet MAMOVICAP
L’estimation des paramètres génétiques en lien avec le débit de traite dans l’espèce caprine s’est appuyée sur un ensemble de données provenant de 64 élevages en contrôle laitier officiel (8 départements) utilisant le LactoCorder® et obtenu dans le cadre des projets « PhénoFinlait » et « Mamovicap ». Les fichiers bruts ainsi générés ont concerné de l'ordre de 400 000 traites issues de 33 000 femelles différentes.
Différents paramètres synthétiques, calculés par le logiciel rattaché au LactoCorder®, ont été analysés : le temps de traite total et le temps de traite principale, les débits de traite première minute, moyen et maximum. En moyenne, les chèvres de race Alpine donnent leur lait plus vite : débits supérieurs et en corollaire, temps de traite inférieurs à ceux des Saanen. Toutes les variables de débit sont très fortement corrélées entre elles. Enfin, le débit première minute, compte tenu de sa répétabilité, constitue une mesure intéressante.
La variabilité des mesures de débit est très importante. Sur l'exemple du débit première minute, les coefficients de variation sont de 39 % en Alpine et de 43 % en Saanen à comparer à 34 % pour la production laitière.
Plusieurs facteurs contribuent à cette forte variabilité. Parmi ceux-ci, figurent
L'héritabilité des variables de débit étudiées est de l'ordre de 40 % en race Saanen et de 60 % en race Alpine. La génétique a donc une influence forte sur le débit de traite et une sélection sur ce caractère serait efficace.
Les corrélations génétiques entre le débit première minute et les caractères laitiers sont nulles à faibles : entre -0,18 et 0,14.
Le lien génétique entre le débit 1ere minute et les 5 caractères principaux de morphologie (profil, plancher, attache arrière, avant pis, orientation du trayon) est modéré (de -0,23 à 0,24), et différent selon les races : corrélations positives en Alpine (sauf pour le profil), corrélations négatives en Saanen.
Alors que sur le plan phénotypique, il n'y a pas de lien entre débit de traite et concentrations cellulaires, la liaison génétique entre les débits et le comptage de cellules somatiques est forte et défavorable conformément à ce qui est trouvé en bovins : r2=0,63 en race Alpine et 0,39 en race Saanen. Ainsi, les chèvres qui ont des aptitudes génétiques pour avoir un débit élevé auraient également des prédispositions génétiques pour avoir un grand nombre de cellules dans le lait. Ce lien génétique est plus fort en race Alpine. L'absence de lien génétique entre débit et incidence des mammites estimée en bovins laitiers, reste à démontrer en caprins. L'interprétation biologique de l'opposition génétique entre débit et concentrations cellulaires demanderait à être approfondie.
La sélection actuelle n'a que peu d'impact sur le débit de lait au cours de la traite. De légères différences ont été mises en évidence entre races. Il existe une corrélation génétique forte et défavorable entre débit de traite et concentrations cellulaires qui mérite d'être étudiée avant d'envisager une sélection sur le débit de traite.
Isabelle Palhière (INRAE GenPhySE), Virginie Clément (Institut de l'Elevage)
Commentaires
Pas de commentaire