
PIRINNOVI vous dévoile les secrets de l'expérimentation INRA menée dans le cadre de l'action 5 "Gestion de la prolificité dépendante de gènes majeurs".
L’idée est d’expliquer au mieux le gain de prolificité apporté par la mutation L sur le gène majeur de prolificité FecL. En effet, la prolificité est dépendante du nombre d’ovulations (sans parler de vrais jumeaux), mais elle dépend aussi de la fécondité et de bien d’autres facteurs. Par exemple, 3 ovulations ne signifient pas systématiquement 3 agneaux nés. En effet, il faut pour cela que les 3 ovules soient fécondés, que les 3 embryons s’implantent dans l’utérus et que tous se développent jusqu’au terme de la gestation. Tous ces suivis ont pour but d’observer chaque « phase » expliquant la prolificité pour comprendre d’où vient la différence de prolificité observée entre les brebis porteuses de la mutation L et les brebis non porteuses de la mutation de prolificité L.
En plus de cela l’idée est aussi de décrire au mieux la mortalité des agneaux souvent corrélée à une forte prolificité en précisant si elle situe in utéro, lors de la mise bas ou pendant la première semaine après la mises-bas.
♦ Le suivi du poids et de l’état corporel permet de déterminer si la mutation L a un effet sur la croissance des agnelles (déterminée par le gain moyen quotidien GMQ, ou le poids à âge type PAT30 et PAT70) par comparaison des deux groupes.
Suivi du poids des agnelles non porteuses et porteuses de la mutation de prolificité L. Source : INRA 2018.
♦ Les prises de sang ont permis de suivre les concentrations en hormones dans le sang :
a) La progestérone signe la cyclicité
La progestérone est l’hormone produite par les corps jaunes après l’ovulation des follicules ovariens. Le suivi de la concentration de progestérone permet donc de détecter les premières ovulations, le but étant de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse selon laquelle les agnelles porteuses de la mutation de prolificité L atteignent la puberté plus rapidement.
Exemples de profils obtenus révélateurs de différents comportements des brebis en ce qui concerne la maturité sexuelle. Source INRA 2018.
b) L’Hormone Anti-Mullérienne (AMH) signe la réserve en follicules ovariens
L’AMH est l’hormone produite par les follicules ovariens. La concentration de cette hormone augmente pour être maximale vers l’âge de 2 mois avant de diminuer et de se stabiliser à l’âge adulte. Plus la concentration en AMH circulant est importante, plus la réserve ovarienne (le nombre de follicules en croissance) est importante. Ce suivi a permis de comparer la réserve ovarienne des deux lots de brebis, ainsi que leur comportement en ce qui concerne cette hormone.
c) L‘hormone Folliculo-Stimulante (FSH) est le moteur du développement des follicules ovariens
La FSH est une hormone produite par la glande hypophyse à la base du cerveau. Elle permet la croissance et la survie des follicules ovariens pour les amener vers l’ovulation. Ce suivi permet de voir que la concentration plasmatique de cette hormone va augmenter très rapidement après la naissance, puis chuter au moment de la montée d’AMH. Elle retrouve des niveaux plus élevés lorsque l’AMH est plus basse. Une fois la puberté mise en place (à 6-7 mois), la FSH va suivre des fluctuations cycliques permettant la croissance de vagues folliculaire vers l’ovulation à chaque cycle estrien.
Exemple de suivi obtenu : suivi de l’AMH et de la FSH chez les 43 agnelles de l’expérimentation. Source : INRA 2018.
♦ La détection de l’œstrus a permis de comparer la réponse plus ou moins précoce à la présence des béliers en fonction du génotype des brebis.
Détection de l'oestrus avec le harnais marqueur
♦ Le diagnostic précoce et le suivi de la gestation (DG) sont importants pour juger de la réussite de la mise à la reproduction des brebis et repérer un éventuel arrêt de cette gestation.
Réalisation de la 4ème échographie sur une brebis L+.
Ainsi l’approche échographique a permis à l’équipe de constater que les 23 brebis porteuses de la mutation de prolificité L sont toutes gestantes tandis que 4 brebis sur les 20 de génotypes ++ sont restés vides. En rapprochant cela des résultats de détection de l’œstrus, l’équipe s’est aperçue que pour les 4 brebis vides, l’œstrus avait pourtant été détecté. A contrario certaines brebis gestantes n’ont pas montré de comportement d’œstrus révélé par le tablier marqueur des béliers. Les échographies sont réalisées toutes les deux semaines dans le but de suivre le nombre d’agneaux in utéro au cours de la gestation et donc le taux de mortalité in utéro.
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Stéphane Fabre (INRA), Marie Lecarme )
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