Lettre d’information n°9
Avril 2018
Ce numéro sera exclusivement dédié au colloque et ses conclusions ainsi que sur l’enquête réalisée suite à cet évènement.
Retour sur le colloque !
C’est l’heure du bilan pour le colloque qui s’est tenu les 10 et 11 octobre 2017 à l’initiative du RMT SPyCE, avec la collaboration d’AgroSupDijon. De nombreux projets et études y ont été exposés, portant sur les systèmes de PCE à l’échelle de l’exploitation et les expériences d’intégration à l’échelle d’un collectif.
252 personnes ont pris part activement aux échanges qui ont eu lieu suite à l’exposé des quelques 80 contributions.
Le public était composé de chercheurs, d’ingénieurs d’instituts techniques et de Chambres d’agriculture, d’enseignants, d’étudiants et aussi d’agriculteurs avec la présence de coopératives.
La diversité des présentations a été appréciée : les ateliers ont mixé des communications orales, des posters ainsi que des témoignages oraux ou sous forme de vidéos. Allez consulter ces supports qui sont disponibles ici :
https://colloque.inra.fr/polyculture-elevage2017/Presentations#
Une valorisation écrite des travaux est en cours dans 3 revues : Fourrages, INRA Productions Animales et Innovations Agronomiques. Nous vous tiendrons informés des sorties de ces n° thématiques.
De courtes vidéos de témoignages de participants ont été tournées, vous pouvez y accéder ici :
https://colloque.inra.fr/polyculture-elevage2017/Videos
Les conclusions du grand témoin
Christian Huygue a d’abord mis en avant de nombreux résultats et acquis : une conceptualisation sur les complémentarités entre ateliers animaux et cultures a permis de proposer des méthodologies nouvelles de caractérisation des complémentarités à l’échelle de l’exploitation agricole mais aussi de dynamiques collectives à l’échelle des territoires.
Les références produites ont permis d’objectiver les performances de ces systèmes sur la base de données de réseaux d’élevage (Inosys), des statistiques nationales (RICA) ou de fermes expérimentales. Lorsqu’il y a une réelle intégration culture-élevage, ces performances sont équivalentes ou supérieures aux systèmes spécialisés sur le plan économique et supérieur sur le plan environnemental, grâce aux complémentarités entre cultures et élevage permettant d’atteindre un niveau d’autonomie supérieur aussi bien pour les animaux que pour les végétaux. L’hétérogénéité des performances de ces systèmes augure de marges de progrès importantes en termes d’efficience. Sur une période pluriannuelle, ces systèmes semblent être économiquement plus résilients.
Toutefois, l’étude des facteurs d’évolution de la PCE montre des freins à son maintien ou à son développement, avec des facteurs socio-économiques défavorables du point de vue de l’agriculteur (charge de travail et sa rémunération, poids des investissements), et un verrouillage sociotechnique qui, conjugué aux incitations politico-réglementaires et de marché, favorise la spécialisation des exploitations. Cependant, ces systèmes de polyculture élevage ont des atouts à faire valoir : autonomie, économie d’intrants, résilience et flexibilité, d’autant plus marqués quand les complémentarités entre cultures et élevage sont le plus mobilisées et d’autant plus importants en contexte d’instabilité des prix et autres aléas.
De nombreuses expériences ont été présentées au travers d’une diversité d’exemples d’exploitations en PCE et d’actions collectives d’intégration culture-élevage, et de typologies qui proposent des formes de catégorisations des systèmes de PCE. Des expériences pédagogiques, basées sur le décloisonnement des compétences, des savoirs, l’ouverture, la transdisciplinarité via un travail en collectif d’enseignants, mobilisent la PCE comme prototype agroécologique pour aborder l’approche systémique des exploitations agricoles.
Un point marquant est le nécessaire décloisonnement entre productions animales et végétales dans la Recherche-Formation-Développement (et dans et entre les exploitations agricoles). Conduire un raisonnement systémique, en contradiction à la tendance à la spécialisation des compétences des acteurs, génère des coûts de transaction qui requièrent une volonté et une conviction des acteurs et des institutions. Il faut donc, au préalable, objectiver les bénéfices des SPCE, les communiquer et créer des espaces d’échange au sein des institutions pour reconstruire une vision systémique des exploitations.
Les références produites sur la PCE, les outils de conseil nombreux et variés peuvent être mobilisés pour accompagner les agriculteurs en PCE. S’ils sont souvent conçus pour répondre à une problématique technique ou économique particulière, ils peuvent être mobilisés et adaptés pour enclencher une dynamique de réflexion systémique. Des attentes ont été exprimées en termes d’outils et méthodes d’accompagnement couplant les compétences et savoir-faire.
Il a été souligné que si la PCE a des atouts réels et reconnus pour accompagner la transition agro écologique, elle n’est pas vertueuse en soi mais à certaines conditions qui doivent être explicitées : l’analyse rétrospective des dynamiques de long terme témoignent d’un impact environnemental moindre des SPCE par rapport aux systèmes spécialisés (avec ouverture des cycles biogéochimiques). Si les méthodes d’évaluation sont en développement, elles doivent encore progresser : les jeux d’indicateurs actuels sont à préciser et étoffer et à mettre en discussion pour apprécier l’ensemble des dimensions de la durabilité.
Enfin, une analyse diachronique des données de la statistique agricole sur des dynamiques d’évolution régionale des systèmes PCE nuance et relativise le discours ambiant de diminution généralisée des SPCE par rapport aux systèmes spécialisés.
Des perspectives ont été identifiées pour les futurs travaux du RMT SPyCE : approfondir la dimension travail, la question des structures d’exploitations et leurs liens au marché, les régulations biologiques spécifiques mobilisées en PCE, étendre les travaux aux exploitations de monogastriques, creuser les méthodes et les indicateurs de l’évaluation à l’échelle des territoires et des filières, déterminer les conditions dans lesquelles la PCE est vertueuse.
L’enquête post-colloque
37 personnes ont répondu au questionnaire de satisfaction.
Les participants souhaitaient avant tout découvrir, échanger, partager, approfondir leurs connaissances et confronter leurs avis sur la PCE. Il était attendu un tour d’horizon des travaux de la PCE, de connaître les atouts et les leviers ainsi que des méthodes de caractérisation, d’évaluation et de modélisation des systèmes. Globalement, les répondants ont trouvé satisfaisant à très satisfaisant le déroulement de ces journées.
En grande majorité, les participants sont très satisfaits de la pertinence des thèmes abordés et de la diversité des formats proposés (avec une alternance de types de présentations et de profils d’intervenants). Satisfaction du point de vue de la qualité des interventions. Quelques insatisfactions vis-à-vis des séances d’ouverture et de conclusion en plénière.
Ce qui a particulièrement plu lors de ce colloque est la richesse et la diversité des sujets, des thèmes abordés et du contenu, ainsi que les échanges et les partages d’expériences, via notamment les témoignages d’agriculteurs.
Les répondants ont affirmé avoir pu élargir leurs points de vue sur le sujet de la PCE et échanger sur les méthodologies, les travaux récents et les références sur la PCE.
Ils auraient aimé voir davantage abordées les politiques publiques qui font partie des sujets à travailler selon certains avis.
L’évaluation, le lien entre exploitations et territoire, le conseil sont des sujets d’intérêt déclarés à approfondir. L’association entre approches participatives et modélisation serait à aborder.
Thème du colloque / souhaits des participants | Être informé | Échanger | Participer à des actions |
La diversité des SPCE et leurs performances - échelle ferme | 17 | 12 | 15 |
La diversité des SPCE et leurs performances - échelle territoire | 18 | 14 | 18 |
La PCE : entre histoire, trajectoires et avenir | 25 | 9 | 4 |
La PCE dans le quotidien des formateurs, conseillers et politiques | 20 | 11 | 9 |
L’agenda
Nous vous invitons d’ores et déjà à assister au séminaire annuel du RMT SPyCE le 20 juin à Paris où ces perspectives seront présentées et feront l’objet d’ateliers de travail, afin de bâtir le prochain programme du RMT.
31 mai | Paris, MNE | |
20 juin | Paris, FIAP | |
27 juin | Montpellier | |
29 juin | soutenance de thèse de Véronique Lucas (1) | Angers |
17-18 octobre | Toulouse | |
5-6 décembre | Paris |
4e séance du séminaire permanent « élevage et territoire » : Coexistence et confrontation de modèles d’élevage dans les territoires
RFL2 : 2e Rencontres Francophones sur les Légumineuses
3R : Rencontre autour des Recherches sur les Ruminants avec cette année deux thèmes auxquels nous contribuons : Re-conception des systèmes d'élevage et réduction des intrants chimiques
Offres de poste
AgroParisTech
MC à AgroParisTech « Conception d’agroécosystèmes innovants articulant élevage et production végétale pour la transition agroécologique »
Publications
Les personnes intéressées par l'article peuvent prendre contact avec le RMT.
(1) Intitulé de thèse : L'agriculture en commun : Gagner en autonomie grâce à la coopération de proximité - Expériences d'agriculteurs français en Cuma à l'ère de l'agroécologie
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