Les diverses espèces de chauves-souris ont la capacité de s’adapter à des contextes de milieux variés. Par conséquent, les chiroptères se révèlent être des indicateurs pertinents de biodiversité en milieu agricole, de par leur diversité taxonomique et fonctionnelle, pour leur sensibilité à une vaste gamme de facteurs de stress environnementaux, pour leur grande mobilité sur plusieurs kilomètres. Ces caractéristiques font des chiroptères de bons témoins de la qualité de l’habitat et de la stabilité de l’écosystème par leur distribution et leur diversité.
Les premières tendances dégagées nous indiquent que l’effet des infrastructures agro-écologiques (IAE) sur l’activité des chiroptères semble être prépondérant sur celui des pratiques agricoles. L’intensité d’exploitation de l’herbe est moins impactant que la perte de haies, de mares et de linéaires d’arbre. Les variables de pratiques agricoles ont un effet plus significatif sur la diversité comme la fertilisation, la fréquence de fauche, la pression de pâturage. L’intensité d’utilisation de l’herbe montre un effet plutôt défavorable sur le nombre d’espèces. En revanche, le pâturage est favorable grâce à la mise à disposition de matière organique fraiche nécessaire au développement des insectes proies des chauves-souris, ce qui pourrait expliquer cette relation positive.
La densité d’IAE est favorable aux chauves-souris car elle augmente la diversité et l’abondance des insectes dont ces dernières se nourrissent et fournit un milieu de protection contre le vent. Il est donc essentiel de préserver ces structures du paysage. Les espaces agricoles composés d’un maillage de haies, des zones humides et d’alignement d’arbres suffisant où les surfaces prairiales restent la base de l’alimentation des herbivores sont la garantie d’un agroécosystème à forte valeur écologique. Cette affirmation ne condamne pas pour autant les systèmes fourragers à base de maïs car la combinaison de l’herbe et du maïs assure à la fois la sécurité fourragère recherchée par l’éleveur. Enfin, la régulation de la pyrale pour les parcelles de maïs par les chauves-souris pourrait limiter l’usage d’insecticides si l’on sait tirer parti des synergies existantes entre la prairie permanente, la haie et la chauve-souris.
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Vincent Manneville (Institut de l'Elevage), Aline Chanseaume ), Bernard Amiaud (INRAE)