
Le suivi sur 2 campagnes de 54 élevages du Massif Central a permis l’acquisition de références robustes sur la mortalité des agneaux. 54 élevages ovins allaitants du Massif Central, appartenant à trois grands systèmes d’élevage (deux périodes d'agnelage, système accéléré, système pastoral) sont suivis pendant deux ans entre Juillet 2011 et Juillet 2013. Les éleveurs ont été invités à enregistrer toutes les naissances (dont les avortons et les morts nés). Les enregistrements concernant la mortalité des agneaux ont été effectués jusqu'à 60 jours et incluent la date de mort et les symptômes associés, renseignés selon une grille standardisée. Par ailleurs, le statut en sélénium des brebis a été évalué dans chaque exploitation et les températures des bergeries ont été enregistrées toutes les heures. Enfin, sur deux périodes d'agnelages, les éleveurs ont été interrogés sur leurs pratiques d’élevages.
La 1ère année de suivi apporte déjà un bon éclairage sur la mortalité des agneaux.
Le taux médian de mortalité des agneaux jusqu’à 60 jours était de 13,6 %. Il est très variable entre les élevages inter et intra système d’élevage (figure 1). Il variait de 4,9 % à 31,2 %. Aucune différence significative n’a pu être mise en évidence entre les trois systèmes d’élevage.
Figure 1 : taux de mortalité des agneaux à 60 jours par élevage et par système d’élevage et suivant la classe d’âge des agneaux.
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54 % de la mortalité concernait des agneaux avortons ou morts nés et des agneaux morts dans leurs 2 premiers jours de vie. La mortalité entre 10 jours et 60 jours de vie des agneaux ne représente que 30 % de la mortalité.
De la naissance à 48 h d’âge, les causes de mortalité étaient principalement « inconnues » (notamment pour les avortons et les morts nés) et non infectieuses (agneau très petit, noyé, mal placé, problème de tétée). À l’inverse, après 10 jours d’âge les causes infectieuses deviennent prépondérantes (entérotoxémie, affections respiratoires, diarrhées). Toutefois, de par l’importance de la mortalité avant 48 h d’âge, les trois principales causes de mortalité étaient, par ordre décroissant, « inconnues » (24,9 %), « agneau très petit » (11,6 %) et « problème de tétée » (7,5 %).
L’analyse des pratiques d’élevage porte sur cent lots d’agnelage (maximum deux lots par élevage). Comme suspecté, les élevages n’appliquent pas de façon semblable les bonnes pratiques d’élevage pour maîtriser les risques de mortalité. Globalement sur la campagne d’agnelage de 2011-2012 les facteurs de risques les plus fréquemment retrouvés sont (i) au niveau des brebis des notes d’état corporel trop faibles (médiane de 2,64), le statut en sélénium faible (27 % des lots) un manque de rigueur dans la réforme des brebis à problème (10 à 60 % des lots suivant le problème) et dans la surveillance des agnelages (absence de surveillance la nuit plus de 7 heures consécutives dans 33 % des lots d’agnelages), (ii) au niveau des agneaux le choix du critère d’observation de la prise colostrale inadapté (88 % des lots) et l’absence ou la mauvaise désinfection du nombril (45 % des lots), (iii) au niveau de l’environnement avec principalement des défauts d’ambiance et d’hygiène de l’aire de vie des agneaux.
Les auteurs remercient l’ensemble des éleveurs, techniciens et coordinateurs régionaux ayant participé à l’étude.
![]() | Cette étude a été pilotée par le Ciirpo. |
Cette étude a reçu le soutien financier de FranceAgriMer et de la région Massif Central.
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Jean-Marc Gautier (Institut de l'Elevage), Fabien Corbière (ENV Toulouse), Laurence Sagot (Institut de l'Elevage)