En cette période inédite de crise sanitaire, les producteurs de viande bovine peuvent être amenés à devoir retarder la vente de leurs vaches de réformes ou de leurs génisses finies. Ce report doit être géré en maîtrisant les coûts, sans dégrader la qualité des carcasses (poids de vente dans les objectifs et état d’engraissement optimal). Il est bien évidemment nécessaire de se rapprocher de ses interlocuteurs habituels (commerciaux de Coop ou d’OP, acheteurs,…) pour anticiper le plus possible les sorties prévisionnelles et ainsi adapter la stratégie de finition des animaux. Le pré-requis est de bien piloter la note d’état corporel (NEC) des animaux.

Situation 1 : mes vaches sont maigres
(NEC de 1,5 à 2)

• Je démarre la finition selon les recommandations habituelles

Pour un engraissement optimal,il faut viser une croissance en finition de 1200g/jour.

Ce niveau de croissance est permis par l’apport d'une ration journalière de 1,5 UFV /100kg de poids vif. L’apport de PDI doit se situer entre 90 et 100g/UF. Avec ces niveaux d’apport, la durée d’engraissement pour une vache maigre charolaise est de 90 à 100 jours, prévoir 20 jours de plus pour une génisse. (Cf repères graphiques à la fin de l’article).

Ces objectifs peuvent être atteints avec différents types de rations :

• à l’auge (à base d’ensilage de maïs, d’ensilage d’herbe ou à base de fourrage + concentrés), le plus souvent en distribution rationnée
• au pâturage, notamment avec une herbe de qualité au printemps (feuillue, pâturage tournant)

Exemples pour une vache de 700kg – NEC 1,5 :
rations apportant entre 11 et 12 UFV pour 90 à 100 PDI/UF*

Situation 2 : En cours d’engraissement, j'ai besoin de retarder de 2 à 3 semaines la sortie des vaches (750 kg PV – NEC de 2 à 2,5)

• Je réduis les apports

Si en milieu d’engraissement, on souhaite ralentir la croissance pour sortir les animaux 2 à 3 semaines plus tard que prévu, une solution est de diminuer les apports énergétiques de la ration. Ainsi, pour des vaches ayant déjà une NEC de 2 à 2,5, il faut viser un GMQ de 800g/j, soit un apport de 1,2 UFV / 100kg de poids vif. Cela peut être obtenu par des rations à l’auge en rationnant fortement les vaches, ou bien, pour des vaches déjà au pâturage depuis 1 mois et atteignant déjà la NEC de 2,5, en les mettant sur des prairies de qualité moyenne.

Exemples d’adaptations possibles pour une vache de 750kg – NEC de 2 à 2,5 :
rations apportant entre 9 et 10 UFV pour 90 à 100 PDI/UF*

Situation 3 : Mes vaches sont finies (800 kg PV – NEC de 3), mais il me faut attendre quelques semaines pour les vendre

• Je les mets à l’entretien

Si votre vache ou génisse est déjà finie, il faut apporter une ration couvrant les besoins d’entretien pour ne pas trop graisser l’animal sans risquer pour autant de mobiliser les réserves corporelles en cas d’apport trop faible. Les besoins d’entretien sont de l’ordre de 0,8 UFV / 100kg de poids vif pour une vache finie en stabulation. Cela peut être obtenu à l’auge avec des rations à faible valeur énergétique et un rationnement des quantités distribuées. Faire ressortir ces vaches au pâturage ne présente pas d’intérêt, du fait d’un temps de transition.

Exemples pour une vache de 800 kg :
rations apportant entre 6 et 7 UFV pour 90 à 100 PDI/UF*

Dans toutes les situations, n’oubliez pas de mettre en place des transitions alimentaires entre les différentes rations apportées.

Pour plus de précisions sur des rations adaptées à votre situation, vous pouvez vous rapprocher de vos conseillers.

Fiche réalisée à partir des travaux conduits dans le cadre de Farm XP.

POUR EN SAVOIR PLUS
Guide d’appréciation de la note d’état d’engraissement corporel (NEC) :	Evolution de la NEC en fonction du temps, du type d’animal et de la race, pour une conduite en finition visant 1200 g de prise de poids par jour
NB : cliquer sur les images pour les agrandir

Pauline Madrange (INRAE Theix, Institut de l'Elevage), Jean-Jacques Bertron (Institut de l'Elevage)