Quand le souci de la pure sauvegarde d’une race à petits effectifs est écarté, apparaît celui de la commercialisation des produits, qui sont souvent loin des standards et toujours en faibles volumes.
Abandonnées dans les années 50, elles ont évité de peu la disparition
Les changements survenus dans l’agriculture française au milieu du XXème siècle ont conduit les races à se spécialiser de plus en plus, et ont donné lieu à une sélection génétique poussée chez la plupart des races françaises. Les races dites aujourd’hui « à faibles effectifs » n’ont pas suivi la même évolution : abandonnées et parfois interdites d’élevage dans les années 50, elles ont évité de peu la disparition et leurs effectifs ont dû se reconstituer à partir de très peu d’animaux. La priorité des programmes de conservation mis en place à partir des années 70 a donc été donnée à la préservation de la diversité génétique (augmentation des effectifs sur une base génétique la plus large possible).
L'augmentation et la professionnalisation des éleveurs entraînent de nouvelles attentes
La recherche de débouchés économiques n’est pas un besoin récent : dès le début des programmes de conservation, les éleveurs ont cherché à vendre les produits issus des races qu’ils sauvegardaient. Mais l’augmentation du nombre d’éleveurs dans chaque race s’accompagne généralement d’une augmentation de la proportion d’éleveurs professionnels et d’une formalisation du réseau d’éleveurs et de partenaires.
Un besoin de structuration collective se fait souvent sentir
On passe alors généralement d’une valorisation individuelle en vente directe (à la ferme, marchés) à un besoin de structuration collective pour atteindre de nouveaux marchés (restaurateurs ou bouchers par exemple, qui présentent des débouchés intéressants mais demandent un approvisionnement régulier).
Les collectifs de races qui démarrent la valorisation de leurs produits ont de nombreuses questions. Voici quelques réponses apportées par le projet Varape...
Quels marchés sont accessibles aux races à petits effectifs (RPE) ?
Les circuits courts sont développés dans quasiment toutes les RPE, en particulier via la vente directe ou des partenariats plus organisés, avec des restaurateurs, des détaillants locaux… Néanmoins, la valorisation en circuit long existe également (MIN de Rungis pour volailles festives…)
Et si on faisait une AOP ?
L’AOP est un signe de qualité auquel est associé une forte notoriété… néanmoins il est complexe à obtenir voire inaccessible à bon nombre de races à petits effectifs, notamment pour des questions de volumes de production. D’autre part, il ne substitue pas à la nécessité de créer ou développer le/les marché(s). Il peut être judicieux de commencer par créer une marque collective (voir outils « démarcation ») et de bien analyser les besoins de la filière derrière cet objectif « idéal ».
Quels éléments mettre dans notre cahier des charges ?
Un cahier des charges très restrictif risque d’exclure beaucoup d’éleveurs, et de limiter l’adhésion de candidats potentiels. Il faut trouver le bon équilibre pour s'assurer qu'il rassemble plutôt qu'il n'exclut tout en garantissant la valorisation du produit.
Les consommateurs sont-ils sensibles à l’aspect « race » ?
Les consommateurs en circuits courts cherchent des produits qui ont bon goût et qui les rassurent. L’aspect racial n’est pas spontanément recherché mais il participe à la « belle histoire » du produit (voir clés réussite).
Avec qui réfléchir à la valorisation des produits ?
Un collectif qui intègre tous les maillons de la micro-filière en création (éleveurs, transformateurs, commerçants/artisans…) permet de construire un projet solide, durable… car il associe les différentes compétences et métiers nécessaires.
Un projet multi partenarial
Le projet CASDAR Varape (2012-2014), a été animé par l’Institut de l’Elevage en partenariat avec l’IFIP, l’ITAVI pour leurs filières respectives ainsi que l’INRA, Trame, 2 lycées agricoles et 13 associations de races. Il avait pour objectif de caractériser les conditions de réussite d'un projet de valorisation collectif pour les races à petits effectifs, et faciliter l'accompagnement des initiatives en cours et à venir.
Un outil d'aide à la décision
Ce projet s’est appuyé sur l’analyse d’une diversité d’expériences en cours pour fournir des repères, guider la réflexion et faciliter l’évolution commerciale des éleveurs des races parties prenantes. Le guide d’accompagnement des démarches collectives de valorisation des produits des races à petits effectifs (guide Varape) élaboré au terme du projet se nourrit des enseignements tirés de ces démarches.
Un groupe dynamique et pérenne
La fin du projet CASDAR fin 2014 ne signe pas la fin de VARAPE: le groupe qui s'est constitué s'ouvre à de nouveaux membres et continuera de se réunir a minima une fois par an pour un voyage d'études et d'échanges autour de la valorisation des races à petits effectifs.
Voici 8 points d'attention pour réussir un projet de valorisation avec un collectif de race... Ils font la part belle aux aspects humains, indissociables de tout projet réussi
1- Construire un collectif vivant et ouvert
La première étape du collectif est celle d’un état des lieux partagé qui permet d’identifier les forces, les faiblesses au regard de la valorisation et de préciser des objectifs réalistes.
2- Disposer d’une animation, dans la durée
L’animation et l’accompagnement du collectif est un point essentiel pour la réussite des projets. L’animation est, en outre, nécessaire au long cours.
3- Partager un état des lieux et des objectifs
La question de la valorisation collective des produits nécessite que tous les acteurs concernés travaillent ensemble : éleveurs (professionnels et amateurs), transformateurs, commerçants, artisans… Quitte à en inclure au fur et à mesure.
4- Mettre en avant la « belle histoire »
Le collectif gagne à repérer et communiquer les caractéristiques du produit (modes d’élevage, race, transformation, histoire, terroir…) qui sont réelles et répondent aux attentes sociales, écologiques des consommateurs. Le produit devient alors unique, à nul autre pareil.
5- Développer la production et les marchés
La recherche de nouveaux marchés est une question qui vient rapidement. Néanmoins elle doit constamment s’équilibrer avec l’augmentation des volumes produits, qui nécessite et sécurise l’installation de nouveaux éleveurs.
6- Rechercher le signe de différentiation ad’hoc
La recherche d’une différenciation adaptée (marque collective, AOP...) qui serve d’identité commune voire de protection s’avère incontournable quand les produits, les marchés sont en place.
7- Bâtir des indicateurs pertinents
Il est important de suivre les résultats économiques de chaque maillon de la filière, pour s’assurer que chacun s’y retrouve. Des indicateurs techniques adaptés à chaque situation sont également nécessaires pour améliorer le produit, rester vigilant sur le maintien de la diversité génétique...
8- Entretenir les liens
Enfin, le collectif peut utilement veiller à conserver des liens actifs avec ses partenaires institutionnels, à faire parler de lui, pour susciter l’intérêt voire créer des vocations !
Le guide d’accompagnement de VARAPE a été élaboré par l’Institut de l’Elevage, l’INRA, TRAME, l’association de la Chèvre des Pyrénées dans le cadre du projet VARAPE (2012-2014). Il donne des pistes, a ...
Le groupe VARAPE, c'est:
Pour en faire partie: mode d'emploi