
Les excédents de pomme de terre et les coproduits de la pomme de terre de transformation présentent de bonnes valeurs nutritives. Les prix sont attractifs et les volumes sont importants en lien avec une excellente récolte 2011, et cela mérite de porter attention à cette ressource, notamment dans les situations où le déficit fourrager de printemps n’a pas pu être compensé par les bonnes repousses d’herbe et la récolte du maïs. Par ailleurs, il est impératif de prévoir le transport, le stockage, la conservation et la distribution de ces coproduits afin de les utiliser de façon optimale. Les coproduits de la pomme de terre doivent donc aujourd’hui être considérés et utilisés commercialement comme une bonne solution pour le rationnement des ruminants.
Avant d'incorporer un coproduit dans l'alimentation des animaux, l'éleveur doit définir la place qu'il souhaite lui donner dans son plan de rationnement : une solution de dépannage ponctuelle (sécheresse, stocks insuffisants) ou, une réaction face à une très bonne opportunité (prix attractif), ou une utilisation régulière. Des pommes de terre entières constituent la première voie d'utilisation de cette récolte dans l'alimentation des ruminants.
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Les excédents de récolte sont une source intéressante à valoriser dans les rations. Différents types de coproduits de l'industrie de la pomme de terre sont disponibles en France et sont utilisables par les animaux d'élevage. En voici quelques exemples :
Les écarts de triage (tubercules déformés ou sous calibrés) sont obtenus après calibrage et triage des pommes de terre récoltées.
Les coproduits crus sont représentés en majorité par la pulpe de féculerie, les écarts de tri et screenings ainsi que l’amidon cru.
Les coproduits cuits concernent principalement la pelure vapeur et la purée pelure :
Les volumes disponibles de ces différents coproduits issus de cette industrie semblent être en augmentation cette année du fait d’une récolte de pomme de terre particulièrement bonne. Les coproduits de la pomme de terre ont des caractéristiques nutritives bien connues, malgré quelques variations possibles entre les usines et en cours de campagne. Le tableau 1 présente les valeurs nutritives de quelques coproduits de la pomme de terre utiles en alimentation animale
Tableau 1 : valeurs nutritives des coproduits de l’industrie de la pomme de terre (source : tables Inra 2002 et 2007)
Coproduits | Pomme de terre | Pulpe de féculerie | Purée-pelure | Ecarts de triage |
---|---|---|---|---|
Teneur en MS (%) | 20,0 | 19,0 | 17,6 | 19,4 |
UFL (/kg MS) | 1,20 | 0,74 | 1,00 | 1,08 |
UFV (/kg MS) | 1,22 | 0,67 | 0,99 | 1,08 |
PDIN (g/kg MS) | 63 | 34 | 87 | 65 |
PDIE (g/kg MS) | 103 | 60 | 111 | 83 |
(/kg MS) | 25 | 15 | 43 | 23 |
Ces coproduits atteignent très souvent 1 UFL/kg MS, ce qui les rendent intéressants d'un point de vue de la valeur énergétique. Les valeurs azotées sont plus variables d'un coproduit à l'autre. Il est donc important de bien caractériser les coproduits achetés avant de les utiliser dans le rationnement. Ce conseil reste bien entendu vrai pour tous les éléments qui entrent dans le calcul d'une ration. La maîtrise du stockage en ferme est primordiale afin d'assurer de bonnes performances zootechniques par la suite :
Les coproduits de la pomme de terre permettent de bonnes performances zootechniques en diversifiant les rations, aussi bien en production laitière que chez les bovins viande ou les jeunes animaux. De nombreux essais conduits dans les années 90 ont démontré scientifiquement un maintien de la production laitière, un taux butyreux qui peut augmenter légèrement et un maintien du taux protéique. Les matières utiles sont donc relativement stables.
Pour des vaches laitières, la proportion ne doit pas dépasser 25% de la matière sèche totale dans le cas des coproduits crus et 20% dans le cas des cuits. Pour des animaux à l'engraissement, la proportion peut se situer respectivement autour de 35-40% et 30-35%.
Ils sont très souvent utilisés en remplacement d'autres sources énergétiques provenant des concentrés. Dans la pratique, ils permettent également de diversifier les apports nutritifs de la ration.
Tableau 2 : Quantités recommandées par animal et par jour (source : Comité National des Coproduits)
Coproduits | Pulpe de féculerie | Screenings | Pelure-vapeur | Purée-pelure |
---|---|---|---|---|
Vaches laitières (kg MS) | 3,5 à 4 | 4 à 4,5 | 3,5 à 4 | 4,5 à 5 |
Génisses de 2 ans (kg MS | 1 à 1,5 | 1,5 à 2 | 1 à 1,5 | 1 à 1,5 |
Jeunes bovins (kg MS) | 3,5 à 4 | 2 à 2,5 | 1,5 à 2 | 3 à 3,5 |
Bœufs en finition (kg MS) | 3,5 à 4 | - | 4 à 4,5 | 3,5 à 4 |
Ovins viande (kg MS) | 0,5 à 1 | 0,5 à 1 | - | - |
Pour utiliser de façon optimale cette source alimentaire, il convient de respecter les précautions d’usage :
L'intérêt zootechnique étant démontré, reste à discuter l'intérêt économique de ces coproduits issus de la pomme de terre. D'une façon générale, il est reconnu que leur prix d'intérêt se situe entre 45 et 55 euros par tonne. Cela reste fortement lié aux volumes disponibles et au prix des principales céréales, notamment le blé et l'orge. Ces prix sont toutefois à nuancer légèrement en fonction des différents coproduits considérés et de leur teneur en énergie. La saisonnalité de la production de pomme de terre peut aussi avoir un impact sur le rapport entre les volumes disponibles et le prix.
Le coût du transport doit aussi être pris en compte pour établir un intérêt économique. Les élevages éloignés des sites de production doivent être particulièrement sensibles à ce facteur.
Les pommes de terre et leurs coproduits sont donc une excellente solution pour l'alimentation des ruminants, notamment pour palier un éventuel déficit fourrager. Ils sont utilisés préférentiellement dans les zones d'élevage proches des sites de production.
Pour aller plus loin :
Le Comité National des Coproduits met à disposition en téléchargement libre de nombreux documents et fiches relatifs aux coproduits sur le site de l’Institut de l’Elevage
Benoit Rouillé (Institut de l'Elevage)