Le Comité National des Coproduits (CNC) a financé une étude prospective réalisée par le Centre d’Etude et de Recherche sur l’Economie et l’Organisation des Productions Animales (Cereopa). A partir du modèle Prospective Aliments du Cereopa, l’objectif est de réaliser un état des lieux de l’utilisation de tourteaux, de coproduits de transformation (meunerie, éthanolerie, amidonnerie, mélasse/vinasse) et de déshydratés par les fabricants d’aliments du bétail (FAB).
Partout en France, le monde de l’élevage a recours aux coproduits dans l’alimentation des animaux que ce soit en direct à la ferme ou via des concentrés achetés dans le commerce. Cette étude permet d'obtenir une vision des volumes et des régions consommatrices de coproduits via les aliments composés. Les résultats sont issus du modèle Prospective Aliments du Cereopa.
Si le taux moyen d’incorporation des coproduits dans les aliments composés est de 40% en moyenne en France en 2013, les situations varient fortement entre le Grand Est et la Normandie qui atteignent au moins 60% d’incorporation, et la Bretagne où 33% seulement des matières premières utilisées sont des coproduits.
En termes de volumes malgré tout, la Bretagne reste la première région utilisatrice de coproduits chez les FAB, totalisant 34% des volumes consommés dans le modèle à l’échelle nationale. Si on y ajoute les Pays de Loire, nous concentrons 58% de la consommation dans ces deux régions.
Les déshydratés sont utilisées à hauteur de 0,41 million de tonnes sur l’année 2013. Ils sont peu consommés en Bretagne, qui ne totalise que 8% des volumes. Par contre, un tiers du tonnage est utilisé en Pays de Loire. Les régions Nord et Rhône Alpes représentent chacune 12% des consommations. Elles sont suivies de la région grand Est. Cette répartition est surtout à mettre en relation avec les effectifs de ruminants, malgré la faiblesse relative de la Bretagne sur ce point.
Les coproduits de transformation, c’est-à-dire notamment les drèches d’éthanolerie et d’amidonnerie, et les issues de meunerie, sont consommés à 1,85 millions de tonnes. Une grande partie des tonnages est destinée au grand ouest. En ce qui concerne les sons et les remoulages, et bien que le nombre de moulins soit encore important en France (435 en 2014), l’approvisionnement de l’Ouest de la France par les grands moulins de la région parisienne reste très important. Il permet de satisfaire la demande pour ce type de coproduits de la Bretagne et des Pays de la Loire (40% des usages).
63% des tourteaux dont le volume global consommé par le modèle est de 5,4 millions de tonnes sont consommés dans deux régions majeures : Bretagne et Pays de la Loire. Le reste se répartit assez équitablement entre régions.
Le tourteau de soja est avant tout consommé en Bretagne (39% des volumes du modèle), mais si on considère la seule qualité « Ogm free », la région passe en deuxième position derrière les Pays de la Loire. Le Sud-Ouest se démarque aussi (filières de qualité). En termes de représentation dans le total des tourteaux, c’est dans le nord de la France et en Rhône Alpes qu’il est le plus important (53% contre une moyenne française de 49%).
Le tourteau de colza est logiquement consommé de façon importante dans l’ouest de la France (fort tonnages aliments ruminants et porcins). Cependant, c’est en Normandie, Auvergne et Grand Est qu’il représente le tourteau le plus consommé avec respectivement 47%, 43% et 42% du total des tourteaux dans ces régions contre une moyenne nationale de 32%, et seulement 25% dans les Pays de la Loire.
Enfin, le tourteau de tournesol est aussi très consommé dans le Grand Ouest, la troisième région étant le Sud-Ouest. En part de marché dans le total des tourteaux, le tourteau HP est leader dans le Sud-Ouest, représentant 28% des tourteaux consommés dans cette région. La moyenne nationale est de 14%. Le Nord est une région qui sollicite très peu le tourteau de tournesol « high pro ». Les explications sont multiples : faible demande en aliments non Ogm, représentation limitées des volailles label ou des AOC fromages.
Benoit Rouillé (Institut de l'Elevage)