
Le projet CAPHerb, retenu à l’appel à projet CASDAR « Innovation et Partenariats » en juillet 2015, vise à inciter les éleveurs caprins à valoriser davantage l’herbe, pâturée et/ou conservée. Par un travail participatif et en mobilisant éleveurs, techniciens et chercheurs, l’objectif sera d’accompagner les éleveurs dans la transition agroécologique de leurs systèmes alimentaires. Ce projet répondra à des interrogations techniques et économiques récurrentes autour de l’ingestion et de la fibrosité de l’herbe, et engagera une réflexion sur une démarche d’accompagnement du changement de système alimentaire.
Aujourd’hui, la plupart des élevages caprins sont moins autonomes que les autres productions herbivores. Quand l’autonomie alimentaire globale est en moyenne de 85% en élevage bovins lait, elle n’est que de 70% chez les caprins livreurs de lait et de 55% chez les fromagers. La quantité d’herbe utilisée dans les rations affecte directement l’autonomie alimentaire et économique des élevages, l’occupation des surfaces et la qualité des produits. Par ailleurs, l’herbe sous forme de foin, ne constitue qu’un appoint fibreux dans la ration des chèvres et donc est souvent sous-utilisée. L’augmentation durable du coût des matières premières utilisées dans l’alimentation des caprins, des aléas climatiques de plus en plus fréquents, une demande de la part des consommateurs et citoyens de produits respectueux de l’environnement, mettent la question de l’autonomie alimentaire et protéique des exploitations caprines au cœur des préoccupations des éleveurs, des filières, et donc, des acteurs de la recherche et du développement. La valorisation de l’herbe introduite de façon plus importante dans la ration des chèvres pourra permettre de limiter certains risques métaboliques et de mieux répondre aux attentes du consommateur.
Maximiser la part d’herbe dans la ration, sans trop diminuer l’ingestion totale des chèvres par rapport à des régimes riches en concentrés, devient un point central de l’alimentation du troupeau caprin. Par ce moyen, il s’agit de maintenir voire d’améliorer les performances individuelles tout en maintenant une bonne santé métabolique des chèvres et une bonne valorisation nutritionnelle des fourrages. Acquérir en routine de l'information sur le comportement alimentaire des chèvres, mieux connaître l’ingestion de la chèvre au pâturage (et de ses facteurs de variation : gestion temps d’accès, contraintes du pâturage d’automne, nature de la prairie) et déterminer une stratégie de distribution de foins de qualité variable permettront d’apporter des réponses à cet enjeu, via des essais en stations expérimentales.
La fibrosité est au cœur du rationnement des chèvres laitières. Elle influe sur la capacité d’une ration ou d’un fourrage à faire suffisamment saliver les animaux et ainsi à neutraliser les acides du rumen produits par les fermentations et les digestions bactériennes. Des préconisations seront fournies aux éleveurs et techniciens, afin de maîtriser au mieux des rations à base de foin ventilé, d’enrubannage ou les rations mélangées semi-complètes. Un travail d’enquête, d’expérimentation en ferme de lycée agricole et de suivi d’un réseau de fermes pilotes permettront d’apporter ces références.
L’objet de cette action est d’identifier les motivations et les freins à l’utilisation de l’herbe et pas seulement ceux d’ordre technique et de co-construire un argumentaire socio-économique, pour une communication efficace.
Une stratégie de communication efficace et dynamique sera co-construite, à partir des résultats du travail d’enquête. Les différentes cibles –éleveurs, techniciens, enseignants et étudiants- seront touchées, via des supports de communication papier, web, vidéo et des portes-ouvertes.
La participation des groupes de techniciens du GAC (Groupe technique National sur l’Alimentation Caprine), du PEP caprin et du REDCap au projet faciliteront également la diffusion des acquis du projet.
Ce projet augmentera les collaborations entre les organismes de recherche (Inra UE Ferlus, Inra UMR Pegase, Institut de l’Elevage), de développement (Chambres d’Agriculture de la Vienne, de l’Indre et du Cher, Atlantic Conseil Elevage 17-85, Saperfel) et de la formation (EPLEFPA Olivier de Serres d’Aubenas et EPLEFPA de Châteauroux). Il permettra également de conforter les échanges techniques au sein des réseaux d’éleveurs et de techniciens régionaux (REDCap, PEP caprin).
Le projet CAPHerb s’inscrit également en complémentarité du PSDR FLECHE (L’herbe : un atout pour améliorer l’autonomie des systèmes d’élevages caprins du Grand Ouest et produire des fromages sous signes de qualité) porté par l’Inra.
Le projet a démarré à l'automne 2015 et finira à l'été 2019
Jérémie Jost (Institut de l'Elevage)
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