En pleine croissance dans l’Espace Atlantique, la filière laitière doit faire face à la volatilité des prix. Pour conserver sa place de leader mondial, elle doit accroître son efficience dans l’utilisation des ressources naturelles et améliorer sa compétitivité. C’est pour répondre à ces enjeux que le projet Interreg Dairy-4-Future démarre en ce début d’année 2018. Sélectionné par le comité Interreg de l’Espace Atlantique parmi 102 projets présentés, Dairy-4-Future se donne comme objectif d’apporter des solutions techniques aux différents acteurs amont et aval de la filière laitière afin d’améliorer la résilience et la durabilité des systèmes laitiers de l’Espace Atlantique. Ce projet s’intéressera aussi aux stratégies de démarcation au niveau de l’amont, afin de donner davantage de valeur au lait et aux produits laitiers.
Dairy-4-Future couvre les 5 pays de l'Espace Atlantique et la quasi-totalité des régions bordées par l'Atlantique, depuis l'Écosse jusqu'aux Açores. Piloté par l’Institut de l’Élevage, il va mobilier des moyens humains importants (11 partenaires techniques et 21 partenaires associés issus du secteur laitier), pendant 4 années. Dairy-4-Future rendra toutes ses conclusions fin 2021. D’ici là, son actualité et ses premiers résultats seront à retrouver sur son futur site internet www.dairy4future.eu et sur les réseaux sociaux. | ![]() |
CONTEXTE GÉNÉRAL
Espace Atlantique : un secteur laitier important et ambitieux
Dans l’Espace Atlantique, la production laitière représente une activité économique majeure :
· environ 20 % de la production laitière des 28 pays de l’Union Européenne y sont produits ;
· la zone compte 80 000 exploitations et 100 000 éleveurs et salariés agricoles ;
· l’industrie laitière génère 70 000 emplois ;
· on compte plusieurs entreprises et groupes laitiers d’envergure mondiale : Lactalis, Sodiaal, Glanbia, Savencia…
Ses sols de qualité et ses conditions climatiques font de l’arc Atlantique l’une des zones les plus favorables à la production de lait dans le monde. Une bonne pousse de l’herbe favorise le recours au pâturage. Et dans la partie la plus au Sud, les conditions sont souvent favorables à la production de maïs fourrage ou autres cultures fourragères.
L’industrie laitière de la zone est ambitieuse avec des prévisions de croissance de + 50 % en Irlande entre 2010 et 2020, et de + 20 % dans l’Ouest de la France entre 2015 et 2020.
QUATRE DÉFIS À RELEVER
Renforcer l'efficacité sur tous les fronts
Pour rester parmi les meilleurs au monde, le secteur laitier de l’Espace Atlantique doit faire face à plusieurs défis :
· réduire les coûts de production et améliorer la résilience économique des fermes laitières, fragiles face à la volatilité des prix ;
· améliorer l’efficacité de l’utilisation des ressources (eau, aliments…) et mieux contrôler les impacts de l’élevage sur l’environnement ;
· renforcer l’attractivité de l’élevage laitier afin de garantir le renouvellement des générations ;
· alors que la taille des exploitations devrait à l’avenir augmenter, améliorer les conditions de travail en élevage et le management.
UN PROJET AMBITIEUX POUR Y RÉPONDRE
Dairy-4-Future : objectif Résilience
L’Institut de l’Élevage s’est engagé, aux côtés de multiples partenaires techniques et industriels, dans l’élaboration d’un programme de recherche dont le but est de diffuser à l’ensemble des éleveurs et techniciens laitiers de l’Espace Atlantique des innovations techniques, touchant tant à la maitrise des coûts de production qu’à l’efficience dans la valorisation des ressources, en passant par la réduction de l’empreinte environnementale.
Dairy-4-Future affiche ouvertement ses ambitions : dans le cadre d’une coopération renforcée, il s’agit de diffuser largement des recommandations techniques pour permettre à l’élevage laitier de l’Espace Atlantique d’être toujours plus compétitif en étant plus résilient, plus efficient et durable.
L’objectif poursuivi est double :
· une baisse des coûts de production de 10 % ;
· une réduction de l’empreinte carbone du lait de 20 %.
Pour faire en sorte que l'élevage laitier réponde aux attentes sociétales et s’adapte aux stratégies des marchés !
UN PROGRAMME DE TRAVAIL EN 4 TEMPS
Axe 1 : l'analyse du secteur laitier de l'Espace Atlantique
Cette action a pour but d’avoir une vision claire du secteur laitier à l’échelle de l’Espace Atlantique : production laitière, transformation laitière, marchés.
Pour cela, une étude approfondie de nombreux systèmes de production laitière (conventionnels et biologiques) et d’entreprises laitières sera conduite, au niveau de toutes les régions concernées par le projet. Une analyse SWOT (forces/faiblesses, opportunités/menaces) réalisée pour chaque région de production identifiera les atouts et possibles éléments de cohésion de la production laitière de l’Espace Atlantique. Seront notamment étudiés, pour chaque région, la capacité de production laitière des exploitation, la vitalité du tissu rural, l’empreinte environnementale de l’élevage laitier, le bien-être animal…
Côté transformation, une analyse des stratégies de différenciation de la production sera réalisée au travers de 10 études de cas. Les perspectives de croissance du secteur laitier de l’Espace Atlantique d’ici 2025 seront appréciées, en tenant compte des perspectives des marchés et des opportunités (aux niveaux européen et mondial), des stratégies des industries laitières et des conditions de production laitière (niveau de compétences des éleveurs, disponibilité des ressources alimentaires, structure des exploitations, contraintes environnementales…). | ![]() |
· Responsable de l’axe 1 : Institut de l’Élevage · Partenaires associés : SRUC, CAFRE, Teagasc, AHDB, CRA Bretagne, Neiker, INGACAL, UTAD, ISA · Calendrier de travail : de janvier 2018 à juin 2020 |
Axe 2 : favoriser la résilience économique du secteur laitier dans l'Espace Atlantique
L’objectif de cette action est d’améliorer les performances économiques et environnementales des exploitations laitières implantées dans l’Espace Atlantique, en mettant en évidence des pratiques innovantes qui permettent à la fois de maximiser la rentabilité et d’améliorer l’efficacité technico-économique des fermes.
Pour cela, un réseau de 100 fermes connues pour leurs pratiques innovantes (en production conventionnelle ou biologique) et réparties dans toutes les régions impliquées dans l’étude (dont 20 fermes implantées en Normandie, Bretagne et Nouvelle-Aquitaine) va être créé. Les variables économiques de ces fermes-pilotes seront analysées afin de déterminer leurs points forts et les meilleures pratiques en termes d’efficacité technico-économique.
Les facteurs externes ayant un impact sur la réussite financière de ces exploitations (contrats commerciaux, vente directe, offres bancaires, consommateurs…) seront évalués, et leurs effets sur la rentabilité des fermes déterminés.
Les 100 fermes-pilotes ouvriront leurs portes au public pour présenter leurs innovations et les résultats de cet axe de travail.
· Responsable de l’axe 2 : SRUC (contact : maggie.march@sruc.ac.uk) · Partenaires associés : tous · Calendrier de travail : de janvier 2018 à juin 2021 |
Axe 3 : améliorer l'efficacité de l'utilisation des ressources par des pratiques innovantes
L’objectif de cette action est d’améliorer la durabilité des exploitations laitières de l’Espace Atlantique en identifiant des pratiques innovantes permettant d’augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources. Cette étude reposera sur un réseau de 10 fermes expérimentales réparties sur 9 des 11 régions impliquées dans le projet Dairy-4-Future. En France, seront concernées la ferme de La Blanche Maison (Normandie), la ferme de Trévarez (Bretagne) et la ferme Inra de Lusignan (Nouvelle-Aquitaine). Les 100 fermes-pilotes de l’Axe 2 seront également mobilisées pour fournir des idées d’innovations mais aussi pour en expérimenter d’autres.
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Les options innovantes mises en place par ces fermes seront analysées sous leurs aspects techniques (efficacité alimentaire, valorisation des nutriments, empreinte carbone, bien-être animal, biodiversité…) et économiques. Les bénéfices qu’elles entrainent seront précisés.
À noter ! La mise en œuvre des pratiques les plus innovantes pourrait permettre de réduire d’environ 20 % l’empreinte carbone du lait et les émissions d’ammoniac des exploitations laitières.
· Responsable de l’axe 3 : Teagasc (contact : james.humphreys@teagasc.ie) · Partenaires associés : tous · Calendrier de travail : de janvier 2018 à juin 2021 |
Axe 4 : déterminer des systèmes laitiers durables pour le futur
Cette action visera à rechercher l’équilibre optimum entre rentabilité, efficacité de l’utilisation des ressources et performances environnementales pour aboutir à des systèmes laitiers durables et résilients. L’étude sera menée pour les différents systèmes de production laitière rencontrés dans l’Espace Atlantique (depuis les systèmes « maxi pâturage » d’Irlande et des Açores jusqu’au système « 100 % de la ration distribuée en stabulation » du Nord du Portugal et de l’Ouest de l’Écosse) à partir des résultats obtenus par les Axes 1, 2 et 3.
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L’étude des différences de stratégies de ces systèmes permettra d’identifier les pratiques qui engendrent les meilleurs revenus, en fonction des conditions socio-économiques et pédoclimatiques de chaque région. Au final, de nouveaux systèmes laitiers, plus efficients et plus résilients, seront caractérisés, en intégrant les meilleures combinaisons de pratiques innovantes.
Un système de classement multicritère sera également développé (sur le modèle des classements énergétiques) pour déterminer le niveau de durabilité des exploitations laitières.
· Responsable de l’axe 4 : INGACAL (contact : cesar.resch.zafra@xunta.gal) · Partenaires associés : tous · Calendrier de travail : de juin 2020 à novembre 2021 |
PRODUCTION ET DIFFUSION DES RÉSULTATS
Capitalisation des résultats
Chacun des 4 axes de travail donnera lieu à de nombreux échanges inter-régionaux, et entre les différents acteurs de la filière, d’une part et à l’élaboration de documents techniques, d’outils et de méthodologies, d’autre part.
Pour promouvoir efficacement les innovations mises en évidence dans le cadre de Dairy-4-Future, et faciliter les échanges entre les différents acteurs du projet, une étude spécifique sera menée pour identifier de nouvelles approches ou méthodes de diffusion inter-régionales.
· Responsable de l’axe « Capitalisation » : AHDB (contact : ray.keatinge(at)ahdb.org.uk) |
Des outils pour diffuser les connaissances très largement
Dairy-4-Future a pour ambition de mettre en place un forum d’échange de connaissances et de méthodologies pour et entre tous les acteurs de l’élevage laitier de l’Espace Atlantique, pour assurer le transfert des savoirs acquis durant le projet. Pour cela, des rencontres entre acteurs seront organisées (ateliers techniques, séminaires transnationaux, fermes de démonstration) et des supports d’informations seront diffusés (dans les 4 langues du projet) : fiches, livrets techniques et pédagogiques, vidéos…
L’actualité et les premières productions du projet Dairy-4-Future seront bientôt disponibles sur le site internet dédié à ce projet : www.dairy4future.eu et sur les réseaux sociaux : twitter, facebook, instagram...
· Responsable de l’axe « Communication » : UTAD (contact : htrindad(at)utad.pt) |
PARTENARIAT
Un large consortium de 11 partenaires
Le projet Dairy-4-Future est piloté par l’Institut de l’Élevage, avec un consortium de 10 autres partenaires : SRUC (Écosse), CAFRE (Irlande du Nord), AHDB (Pays de Galles et Sud-Ouest de l’Angleterre), Teagasc (Irlande), Inra de Lusignan et Chambre d’agriculture de Bretagne (France), Neiker (Pays Basque), INGACAL/CIAM (Galice), UTAD (Nord du Portugal), ISA/Université de Lisbonne (Portugal Centre et Açores).
Il associe également une vingtaine d’opérateurs économiques (essentiellement des groupes laitiers) dont Sodiaal, Savencia et BCELO (Conseil Elevage Bretagne) pour la France, Glanbia et Carberry pour l’Irlande, Lac Patrick pour l’Irlande du Nord, Lactalis Scotland, Iparlat et Lursail pour l’Espagne…
Dairy-4-Future rassemble donc des partenaires de la recherche, du développement et de l’industrie laitière.
Marie-Catherine Leclerc (Institut de l'Elevage)
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